Ecoles conventionnées salutistes : des chefs d’établissements écartés de la gestion de l’argent

Lundi 10 Février 2014 - 17:51

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 La situation crée des mécontents et menace déjà la paix sociale au sein de ce réseau d’écoles.

Certains chefs d’établissements des écoles conventionnés salutistes ont été écartés de la gestion de l’argent au sein de leurs écoles respectifs. Cette décision de suspension signée début janvier, par le coordinateur sous-provincial Kin centre et ouest, Pierre Nzuzi Nsukami, leur laisse la gestion des affaires, à l’exception de la caisse.

Le coordinateur sous-provincial de ce réseau d’écoles de l’Armée du salut reproche à ces préfets et directeurs d’écoles, des dettes ou des retards dans le versement des contributions dues aux coordinations nationale, urbaine et sous provinciale. D’une manière générale, dans des lettres remises à chacun des suspendus, dans la salle de réunions du Lycée technique de Matonge, à Kalamu, le signataire a mentionné la « mauvaise gestion des frais scolaires ».

Cette décision crée déjà des problèmes dans la gestion de certains établissements car celui à qui la gestion de l’argent est confiée n’a pas toujours  forcément la même philosophie que le chef d’établissement. « Il a refusé de sortir l’argent alors que l’école avait besoin des craies », a déploré un préfet.

De l’argent indument perçu

Selon des sources proches de ce réseau d’écoles, en plus des cotisations à verser dans les bureaux de l’Etat, chaque établissement scolaire du cycle secondaire et des humanités de l’Armée du salut est obligé de verser trimestriellement près de mille cinq cent cinquante francs congolais (FC) par élève, à la coordination nationale, alors que les coordinations urbaines et sous-provinciales attendent de chaque école un montant avoisinant les mille cinq cents FC, par élève, par trimestre. Le montant global à verser à ces trois coordinations, par élève, par trimestre, frôle les trois mille FC.

Pour le cycle primaire, la coordination nationale des écoles salutistes perçoit trimestriellement par élève, près de mille trois cent soixante quinze FC, la coordination urbaine, quatre cents FC alors que la coordination sous-provinciale perçoit aux alentours de cinq cent cinquante FC. Chaque école primaire est donc obligée de verser trimestriellement à ces trois coordinations et par élève un montant proche des deux mille deux cent vingt cinq FC.

Dans leurs exigences, ces gestionnaires du réseau ne tiennent compte que des effectifs arrêtés à la rentrée scolaire. « Nous sommes obligés de comptabiliser même les enfants qui se désistent et quittent l’établissement au cours de l’année scolaire car la hiérarchie ne tient compte que des effectifs déclarés à la rentrée scolaire. L’école est aussi obligée de suppléer pour des élèves qui sont en retard de paiement des frais », a déploré un responsable qui a été choisi pour assurer l’intérim de son directeur dans la gestion de l’argent au sein de leur établissement.

Des frais à charge des parents d’élèves

Pour ces sources, ces frais sont obligatoirement imposables aux parents qui ont confié leurs enfants à ce réseau d’écoles parce que chaque établissement est obligé de les inclure dans les calculs de son fonctionnement et des frais à percevoir des parents.

Au cours du premier trimestre de l’année scolaire en cours, ces écoles étaient, en plus, soumises à une contribution spéciale qui devrait servir à l’achat d’un véhicule pour le coordinateur national. Aux établissements du primaire, ce montant était de cinq cents FC par élève alors que ceux du secondaire devraient payer mille FC. « Nous savons que c’est l’Eglise qui pourvoit toujours des véhicules à ses différentes structures. Cette cotisation spéciale, qui s’est ajoutée à toutes ces ponctions que l’on fait à chaque trimestre n’est considérée que comme un autre moyen d’asphyxier les responsables d’écoles », ont souligné les observateurs.

Une mise en place mal venue

Pour ces observateurs, par ses méthodes, la dernière mise en place intervenue en septembre 2013 au sein de ce réseau d’écoles risque de constituer une épine sur le pied de cette grande structure. Ces derniers pensent que les agissements de l’ancien préfet de l’institut Yanda Mayemba de Kimbanseke, qui devrait bien connaître les réalités des écoles pour avoir gérer une d’entre elles, ne visent qu’à faire souffrir ses anciens collègues, qui sont aujourd’hui ses collaborateurs. « Alors que le coordinateur sous-provincial de l’Est s’est montré compréhensif, en appelant tout simplement les chefs d’établissements à régulariser leurs situations dans un meilleur délai. Celui du centre et ouest a préféré sévir sur des bases incorrectes. Le risque ici est que tout est mis sur l’actif du coordinateur national », a appuyé un enseignant, qui s’est demandé si ce coordinateur sous-provincial a reçu des ordres de sa hiérarchie pour prendre ces décisions. En attendant, les mécontentements prennent corps au sein de ce réseau d’écoles.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: des élèves d'une école de Kinshasa