Éducation : la requalification du secteur de l’ESU en marche

Lundi 9 Février 2015 - 16:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La rencontre que le ministre Théophile Mbembe a eu le week-end dernier avec le monde universitaire a permis de faire l’autopsie du secteur de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) et de s’armer pour faire face aux défis majeurs qui le rongent.

Le secteur de l’ESU est malade. C’est le moins qu’on puisse dire au regard des dysfonctionnements qui le caractérisent sur fond des antivaleurs. Aujourd’hui plus qu’hier, ce domaine de l’éducation nationale a perdu de son entrain à l’image des diplômés mis sur le marché, lesquels diplômés sont incapables de défendre leurs titres académiques pompeux. Les défis à relever sont donc énormes et divers. Ils touchent autant au fonctionnement quotidien des établissements de l’ESU qu’aux mauvaises habitudes qui s’y sont implantées cautionnées par des responsables véreux et portés vers le gain facile.

D’où il faut commencer quelque part dans ce vaste chantier de requalification du fonctionnement du système universitaire en RDC. Donnant le go de ce processus pour lequel il entend s’impliquer afin de donner au pays des cadres compétents participant à son émergence, le ministre de l’ESU a conféré le 6 janvier avec les responsables et les gestionnaires des établissements d’ESU. L’occasion était donnée de faire une réelle introspection du segment éducationnel dans sa branche universitaire de sorte à dégager des pistes de solution sur la base d’un état des lieux sans complaisance. En fait, il a été démontré que rien ne va plus dans ce secteur gangrené par un désordre général cautionné par ceux là même qui sont censés former les futurs cadres du pays. Les maux sont innombrables. La prolifération des extensions des universités et instituts supérieurs ne disposant ni d’un corps professoral suffisant encore moins des ressources nécessaires pour assurer leur prise en charge est symptomatique du désordre qui mine ce secteur où n’importe qui fait n’importe quoi, sans encourir la moindre sanction.

Frappant du poing sur la table, le ministre Théophile Mbemba, professeur de son état, a instruit l’administration universitaire de veiller à ce que seuls les établissements en règle puissent fonctionner et que des sanctions exemplaires soient appliquées aux récalcitrants. Du non-respect du calendrier académique à la mauvaise gestion des inscriptions ne tenant pas compte des capacités d’accueil des établissements en passant par la réussite illicite des étudiants, etc., tout a été passé au peigne fin. Il a été relevé que beaucoup d’étudiants obtiennent des diplômes par favoritisme avec, à la clé, une corruption généralisée qui annihile tout effort intellectuel. En fait, c’est dans un environnement universitaire vicié et corrompu qu’œuvrent des étudiants livrés à eux-mêmes, sans un réel encadrement du corps professoral plutôt préoccupé à marchander des travaux pratiques et autres syllabus. La recherche qualitative a donc été sacrifiée sur l’autel d’un business éhonté qui met sur un même piédestal professeurs et assistants, tous deux appâtés par les frais engrangés par la vente des syllabus. « L’ESU doit cesser d’être un business où le gain devient facile, en escroquant les parents et leurs enfants, au risque de subir la rigueur de la loi », a tempêté le ministre Théophile Mbemba.  D’où son exhortation au respect par ses interlocuteurs des textes légaux et règlements qui organisent les structures et le fonctionnement de I’ESU, notamment la Loi-cadre n°014/004 du 11 février 2014.

Tout en invitant les gestionnaires à assumer pleinement leurs responsabilités pour accompagner le ministère dans la réalisation de ses missions, il a déclaré que le gouvernement ne manquera pas de soutenir les efforts visant le redressement du secteur de l’éducation supérieure à travers les actions en rapport avec les quatre objectifs stratégiques qu’il s’est fixés. Il s’agit de reconceptualiser le système d’ESU ; d’améliorer la gouvernance; d’améliorer la qualité de la formation, de revitaliser la recherche et de renouveler les ressources professorales.

 

  

   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

L'Université de Kinshasa