Église catholique : que sera la famille de demain ?

Lundi 6 Octobre 2014 - 19:15

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À une époque où les unions de toutes sortes prétendent toutes au titre de famille, du moins aux yeux des États sécularisés, qu’est-ce que l’Église catholique entend-elle aujourd’hui par cette notion ? Le pape François a ouvert lundi au Vatican un synode des évêques du monde entier sur le thème la famille.

Jusqu’au 19 octobre, quelque 250 personnes, des prêtres mais aussi des couples dont ceux venus d’Afrique centrale, vont plancher sur « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». Présenté comme historique, ce grand rassemblement se tient aussi sous la conduite d’un pape que précède une solide réputation de modernité ou, à tout le moins, d’ouverture d’esprit. Question de style mais aussi de dispositions particulières chez ce jésuite de presque 78 ans qui détonne. « Qui suis-je, moi, pour juger ? », avait-il répondu à des journalistes qui lui demandaient son avis sur les homosexuels.

Même en ouvrant les travaux de ce lundi au Vatican, le pape François a su imprimer sa marque particulière, donnant à penser que la forme dans les travaux touchera aussi, sans doute, le fond d’un débat jugé crucial par tous les catholiques. Non seulement il est arrivé avec 30 minutes…d’avance dans la salle du synode, mais il a aussi mis tous les participants à l’aise tout de suite. « Il faut tout dire avec liberté de parole. Il faut tout écouter avec humilité », a-t-il dit, suggérant qu’aucun tabou ne retienne la parole d’un intervenant. Surtout, la présence du pape à ces assises ne doit pas être vue comme une entrave, mais comme « une garantie pour tous et une protection pour la foi ». Un arbitre, en quelque sorte ; pas un père-fouettard prenant les noms des plus dissipés !

Le ton est donné. Et les participants ne s’y sont pas trompés. L’un d’eux, le cardinal Christoph Schonborn d’Autriche, a porté les débats directement au cœur des interrogations du moment. « En tant que fils de parents divorcés, je demande que l’on nous accorde l’attention. Car dans un divorce, les premiers à faire les frais de cette blessure sont les enfants. Il est scandaleux que personne n’en parle ! », a-t-il martelé du haut de la tribune. Cela donne aussi une idée de ce que seront ces travaux pour la suite, chaque délégué étant porteur d’une expérience vécue dans sa réalité de provenance.

Des questions qui préoccupent...

Comme tous les synodes au sein de l’Église catholique, celui-ci a été précédé d’un questionnaire adressé à toutes les églises particulières dans le monde pour faire remonter au Vatican les aspects les plus pertinents liés à la réalité de la famille d’aujourd’hui. Faut-il admettre au baptême les enfants nés de couples non-mariés, s’ouvrir aux unions entre personnes de mêmes sexes ? D’Afrique sont venus des questionnements assez typés aussi : quel traitement doctrinal doit-on réserver aux enfants nés de familles polygames, et même comment humainement traiter la question de la polygamie ?

Prenant la parole au nom de ses pairs, la cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris en France, a rappelé que « la mission pastorale de l’Église n’est pas de rendre plus difficile la situation des enfants de Dieu, mais de leur apporter une aide dans la recherche de la vérité de leur vie ». Paroles claires mais qui n’en sont pas moins sans heurter les sensibilités dans une société qui vit de plus en plus loin de l’Église, et pour laquelle même le mot « vérité » ne se décline pas forcément dans les contours que lui suggèrent les enseignements du magistère catholique.

Lucien Mpama