Élections 2016 : vers un consensus national

Lundi 4 Janvier 2016 - 17:59

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Plus que jamais, les Congolais sont astreints à dialoguer pour tirer un trait définitif sur l’impasse politique qui gangrène le pays via des solutions palliatives.

Nombreux sont les Congolais qui se disent inquiets face aux perspectives politiques qui se dessinent en 2016.  Alors que le chef de l’État, garant des institutions, ne cesse d’appeler à la paix des cœurs pour que, dans un élan de cohésion nationale, les Congolais tentent un nouveau décollage sur des bases saines, les sceptiques, eux, continuent d’entrevoir l’avenir sous des prismes brumeux. À la base, le flou ou mieux les incertitudes qui entourent le processus électoral avec, à la clé, un manque de lisibilité par rapport aux échéances électorales de 2016. L’année 2015 qui vient de tirer sa révérence n’a hélas pas fait avancer le processus électoral. La Céni visiblement dépassée ne sait organiser les élections sans intégrer les nouveaux-majeurs, sans penser à ceux qui ont changé d’adresses, sans penser aux Congolais de l’Étranger à qui la loi a accordé la possibilité de voter. En panne d’imagination, la centrale électorale peine, en effet, à confectionner un nouveau calendrier électoral réaliste et consensuel.

Après le rendez-vous manqué des locales attendues désespérément en octobre 2015, les élections provinciales, législatives et présidentielle arpentent elles aussi la voie de l’incertitude quant à leur tenue. Aucune date, aucun programme clair, aucune volonté manifeste pour les organiser dans le délai constitutionnel n’apparaît dans les discours des politiques. À la place, ce sont des insinuations qui prêtent à confusion. S’il n’y a pas un rapprochement entre les parties prenantes au processus électoral pour lui donner une nouvelle direction, le pays court droit vers le mur. D’où sans doute la nécessité du dialogue pour tenter de recadrer les choses en forgeant un consensus national autour des options politiques à lever dans le sens d’apaisement social. Il s’avère malheureusement que, dans la pratique, les choses ne sont pas aussi simples que cela.

Le spectre de l’affrontement

Le fait qu’une frange importante de l'opposition avec des leaders ayant pignon sur rue continue de faire fi de ce forum national, y voyant une manœuvre destinée à prolonger le bail de Joseph Kabila à la tête du pays, relativise la portée de la démarche. Bien plus, la versatilité de l’UDPS et alliés face à ce forum n’est pas de nature à crédibiliser cette rencontre qui risque de ressembler à une grand-messe de la coalition au pouvoir si jamais l’opposition, la vraie, n’était pas impliquée. Si pour l’UDPS, le dialogue ne doit ni sortir du cadre constitutionnel qui doit être formellement respecté ni donner lieu à une quelconque manœuvre visant à favoriser un glissement du calendrier électoral au-delà des délais constitutionnels, pour le « Front citoyen 2016 », il n’en est pas question. Cette nouvelle plate-forme de l‘opposition invite d’ailleurs la population à vaincre la peur pour défendre la légalité constitutionnelle. L’article 64 de la Constitution appelant à la désobéissance civile est même brandi comme ultime recours pour empêcher tout glissement du mandat présidentiel.

Entre-temps, Joseph Kabila n’émet aucun signe de quitter le pouvoir d’ici décembre 2016. À la majorité, l’on se dit prête à parer à toute éventualité. Des marches et contremarches sont annoncées tant à l‘opposition qu’à la majorité. Le mois de février, avec la série des manifestations prévues dans les deux camps en soutien ou non au dialogue, tend à annoncer les couleurs de ce qui attend les Congolais cette année. Déjà, le renforcement de la sécurité est symptomatique du danger qui guette le pays à défaut d’un consensus sur les questions majeures touchant le processus électoral. Plus que jamais, les Congolais sont astreints à dialoguer pour tirer un trait définitif sur l’impasse politique qui gangrène leur pays en lui trouvant des solutions palliatives.

Alain Diasso

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