En vendeur de pizza, il finançait le djihad…

C’est le premier juillet 2015 que la police antiterroriste d’Italie a bouclé une enquête sur les filières djihadistes dans la Péninsule. Filatures, interceptions téléphoniques et recoupements, avaient permis aux forces de l’ordre de répérer et arrêter Abderrahim El Khalfi, un Marocain de 38 ans, un des principaux animateurs présumé d’un réseau de recruteurs pour le compte du mouvement terroriste de l’Etat islamique (EI).

Son procès s’est conclu jeudi à Rome. Poursuivi pour « prosélytisme par Internet» et incitation au terrorisme, le Marocain a été condamné à 6 ans, deux mois et 20 jours de réclusion criminelle. En plus de ces actions de recrutement, le réseau dont il faisait partie est également soupçonné d’avoir voulu perpétrer des attentats en Italie et en Afrique du nord. La ROS, la police antiterroriste italienne, a réuni suffisamment d’éléments pour conduire El Khafi à la barre.

C’est en remontant la filière de deux autres terroristes présumés, le Tunisien Ahmed Masseoudi, et un autre Marocain, Mohammed Majene, sur lesquels pend un mandat d’arrêt européen que les enquêteurs italiens sont arrivés à El Khalfi. « Pizzaiolo » (fabriquant de pizzas), l’homme s’était singularisé par d’importants mouvements de fonds en direction et en faveur de milieux islamistes en dehors de l’Italie. Avec les deux autres hommes en fuite, ils étaient le financier, le logisticien et l’idéologue de la  filière italienne.

Cette affaire intervient alors que Rome attend incessamment l’arrivée d’un autre terroriste : le mollah Krekar, prédicateur fondamentaliste kurde irakien réfugié en Norvège depuis 1991. La justice italienne le soupçonne d’avoir été, sous le nom de Najumuddin Ahmad Faraj, le principal animateur en Italie du réseau djihadiste kurde, Rawti Shax, lié à l'organisation État islamique (EI). Il aurait projeté des attentats en Occident. La Cour suprême norvégienne a rejeté son recours. Il a aussitôt été arrêté pour extradition imminente vers Rome.