Est de la RDC : déploiement de la Monusco dans la douleurSamedi 5 Avril 2014 - 17:19 La mission onusienne continue à informer régulièrement son personnel de Kinshasa à travers des correspondances administratives de l’évolution des différentes étapes jusqu’au point ultime tant redouté de la fermeture définitive des postes dans la capitale. « Votre poste est envoyé dans l’est du pays, c’est-à-dire tout est fini. Vous devez vous rendre sur place pour vous porter candidat au même poste aux côtés d’autres candidats locaux. Vous avez eu dix ans d’expérience ou plus au sein de la Monusco mais vous recommencez le processus à zéro. Certainement, ceux qui parviendront à obtenir le poste ne seront pas engagés avec leurs grades», a révélé un agent. Ce dernier s'est dit désillusionné du fait des réactions jusque-là mitigées des instances officielles compétentes pour gérer cette crise qui semble être bien tombée dans l'oubli collectif. Pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins d’un licenciement massif. En effet, se porter candidat à l’extrême est du pays est un processus qui peut s’étaler sur un ou deux ans, et place le candidat de Kinshasa dans une situation très inconfortable car nulle part il est évoqué une politique de reconstitution familiale. Il y a d’autres aspects importants à souligner dans ce déploiement vers l’est souhaité aussi par le gouvernement de la République soucieux de voir la Monusco plus active dans cette partie du territoire national, le vrai théâtre des opérations, au lieu pour elle de ne se concentrer que dans les zones sécurisées. Ce conflit perdure et rien ne permet de présager l’issue de la crise au sein de la Monusco mais le malaise est profond. En effet, les préoccupations sont encore nombreuses. Tenez, certains ont mis en exergue le flou artistique autour des concepts « transfert » ou « fermeture » des postes. Cette dimension du problème est souvent éludée volontairement ou pas par une certaine opinion avisée. « On vous dit que le poste est envoyé à l’est, mais vous vous êtes affecté à Kinshasa. Suivez donc ce poste à l’est. Un phénomène assez bizarre. On pouvait juste vous dire que l’on met fin à ce travail à Kinshasa, on vous donne vos droits. Mais ici, on vous demande de suivre votre poste à l’est ». Au-delà, un autre point dérange. « Le mandat de la Monusco est renouvelable une fois chaque année. Lorsque le mandat arrive à son terme, la Monusco n’est pas obligée de renouveler le contrat. D’une part, il y a une procédure exceptionnelle engagée pour réduire les effectifs. D’autre part, il y a ceux qui ont une ancienneté et veulent partir en exigeant leurs indemnités de sortie, il sera possible de jouer sur le non-renouvellement des contrats ». De plus en plus de voix s'élèvent pour exiger des explications sur l'argent prélevé lors de certaines ponctions effectuées sur les salaires mais qui sont gérés en dehors du pays. « Vous avez fait dix ans, théoriquement vous devriez disposer pas moins d’une dizaine de milliers de dollars américains. Si vous quittez aujourd’hui, même en dehors du processus exceptionnel en cours, que devient cet argent ? Nous ne savons pas le moment où nous pourrions récupérer cet argent». Il y a aussi le problème des journaliers non engagés après des années de service mais confiés à la sous-traitance, a-t-il ajouté. Pour notre source, certains faits n’ont pas été suffisamment relayés et expliqués par la presse. Les esprits restent surchauffés d’autant que l’on se rapproche de plus en plus de l’échéance capitale où l’annonce devra être faite officiellement aux agents censés être au courant du processus, étape par étape, par correspondance faute d'organsiation syndicale intérieure efficace. À ce jour, certains parmi eux ont des questions à poser, et continuent à critiquer l’absence d’une intervention des instances officielles compétentes. Le débat est ainsi loin de se clôturer. Laurent Essolomwa Légendes et crédits photo : Le centre-ville de Goma |