Evocation : Pombo et la circonscription de l’AlimaVendredi 6 Novembre 2020 - 13:51 Assis au bord de la rivière Alima entre les agglomérations d’Emboli-Ndenda et Yaba, Pombo est un réduit de quelques cases somnolentes et quasi oisives que le visiteur balaie d’un seul coup d’œil. Dégradé au rang d’un hameau en comparaison à ses populeux voisins, Pombo vit à l’ombre de sa gloire passée. Excentré du village, le vieux cimetière de Pombo abrite des tombes qui datent du début du 20e siècle. L’une de ces tombes, celle d’un Français, désignée localement par la tombe du Blanc bénéficie du gardiennage attentif du vieil Issombo, le chef du village. Ce cimetière et le site du vieux Pombo envahi de palmiers sont les seuls vestiges qui restent aujourd’hui de ce lieu qui fut entre 1883 et 1917 la capitale de la circonscription de l’Alima. Tout commence au début des années 80 du 19e siècle lorsque Pierre de Brazza accosta à Pombo luxuriant village de la basse Alima en pays mbochi. L’industrie des tôles de raphia des autochtones attira vivement son attention à telle enseigne qu’il laissa à ses compagnons gabonais, des Galois, le soin de suivre la confection de ces tôles qui lui serviraient pour couvrir les cases du village qu’il implantera à M’Fâ à l’entrée des Rapides du Congo. Cette industrie des tôles de raphia sortit Pombo de l’anonymat. Le bruit courut les deux rives de l’Alima et jusqu’aux confins de la terre ferme. Des Ebamis (c’est ainsi qu’on désignait les hommes à peau blanche) achetaient des tôles de raphia qu’ils convoyaient par pirogues entières vers le pays téké en aval du Congo où ils avaient implanté leur village. Après les raphias, les Ebamis de plus en plus entreprenants, mirent sur le marché des caisses de marchandises manufacturées entreposées le long de l’Alima, à Boka, Pombo, Tongo etc. On échangeait les pointes d’ivoire, les peaux de léopard etc. contre des armes, des couvertures, des bibelots. Des 20 dernières années du 19e siècle jusqu’à l’entrée en vigueur de l’impôt de capitation en 1910, le marché forain de Pombo était le plus prestigieux de toutes les rencontres commerciales le long de la rivière Alima depuis Okoyo jusqu’à Konda, à son embouchure sur le Congo. On y venait de tous côtés : du pays téké-Alima en amont comme du pays Likouba en aval. Si les indigènes mbochis naïvement prenaient les Ebamis qu’ils dénommaient maintenant par les « Fwalaçais » ou encore les « Fwala » pour des partenaires commerciaux, il en allait autrement des concernés qui avançaient, masqués, convaincus de la dynamique de leur vision. Le plan colonial était, en effet, en marche. En 1885, Paunel à qui l’on doit une intéressante « Note sur les Mbochis » brandissait Pombo et sa circonscription de l’Alima comme un apanage que la République française lui avait réservé. Froment et les autres administrateurs français lui emboîteront le pas. Cette circonscription de l’Alima avec Pombo comme chef-lieu recouvrait les sous-préfectures actuelles de Tchikapika, Oyo, Ongogni, Ollombo et Abala. La carte tracée par Arceaux à Pombo, en 1917 est explicite sur ce sujet. (suite)
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