Evocation : Pombo et la circonscription de l’Alima (fin)

Jeudi 12 Novembre 2020 - 19:15

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Toutefois, en 1917, au moment où le cartographe Arceaux décrivait l’étendue territoriale de sa circonscription, le poste de Pombo était déjà, depuis cinq années, sur une pente glissante. En effet, dès 1912, la toponymie joua un mauvais tour à cette ville naissante quand des experts examinèrent son sol. Tour à tour les sites des villages Bèley, Boka, Ossèlè, Abessi qui deviendra Mabirou c’est-à-dire Monbureau puis en dernier lieu et définitivement Abala furent inspectés.

Avant de retomber définitivement dans l’anonymat, Pombo avait joué un rôle essentiel dans la pénétration française dans le bassin de l’Alima-Nkeni. D’abord, il fut un comptoir commercial des premiers français qui s’aventurèrent su l’Alima, entre les années 1880 jusqu’en 1908. A partir de cette dernière année, Pombo sur l’Alima et Gamboma sur la Nkeni se muèrent en têtes de pont de l’occupation territoriale française du bassin de l’Alima-Nkeni.

Après avoir tâté le terrain et pris la mesure des populations, les Français abattirent leurs cartes un jour de l’année 1908. Au cours d’une rencontre où ils avaient pris soin d’inviter toutes les grandes figures des villages situés autour de Pombo et au-delà, ils jetèrent bas le masque et découvrirent leur jeu.  Le lieutenant François Guyonnet, chef de la circonscription des Batékés, qui siégeait à Gamboma, officiait cette réunion. Le premier point de l’ordre du jour consacra la désignation des représentants territoriaux au nombre de trois aussitôt revêtus d’écharpes tricolores qui firent jaser. Localement, on surnomma par « singa », ces écharpes, attribut du pouvoir des Blancs. Le second point qui précisait les missions des nouveaux promus provoqua un séisme dans la salle de réunion et montra aux indigènes l’étendue du piège dans lequel leur naïveté les avait entrainés.

En effet, les interlocuteurs de Guyonnet ne crurent pas leurs oreilles à l’énoncé de l’impôt de capitation auquel les populations devaient être assujetties. A l’incompréhension s’ajoutait la colère d’une frange participante qui ne comprenait pas de quel droit un étranger venait leur imposer un impôt. Dans leur compréhension de ce terme, seul un propriétaire foncier avait le droit de prélever une taxe sur tout produit exploité sur ses terres ou sur ses étangs. Il n’y avait pas de rapport direct entre eux et les étrangers qui les obligea à se soumettre aux désidératas de ces derniers.

Un chef local venu de la terre ferme que le lieutenant Guyonnet avait choisie comme son représentant auprès des populations désavoua cet impôt et promit d’en parler aux populations. On l’appelait Mboundjet o’Bèley qui veut dire Mboundjet qui vient de Bèley. A son retour dans sa contrée, la nouvelle de l’impôt des Fwalacais provoqua un tollé. Une sublime indignation parcourut les villages. Dans cette contrée, le prince régnant s’appelait Nga’Atsèssè. Il vivait au village Olèmè et s’apprêtait à monter sur le trône de ses ancêtres du clan des Tsahana de Bwa en qualité de quatrième prince en titre.  Déjà opposé à la présence des étrangers, les prétentions de ces derniers furent regardées avec dédain et balayés d’un revers de main. Nga’Atsèssè s’associa avec Mboundjet et décrétèrent un embargo total des produits vivriers à destination de Pombo. Cet embargo qui fut suivi avec succès rendit difficile la situation dans cette ville. Le bras de fer entre le duo Nga’Atsèssè et Mboundjet d’une part et, les Français, d’autre part se prolongea pendant trois ans.

En octobre 1911, acculés par les effets de l’embargo, le lieutenant Guyonnet, le capitaine André Lados et Courtois déclenchèrent une opération de terreur pour venir à bout de la résistance pacifique de ceux qui refusaient le joug de l’impôt des étrangers. Mboundjet fut assassiné le 13 octobre 1911, Nga’Atsèssè fut capturé en 1913. Après quoi, le capitaine Lados invita à Pombo les derniers chefs maquisards à signer des lettres de capitulation. A Gamboma sur la Nkeni, le lieutenant Guyonnet somma le prince Ngambon de Mbey de faire la même chose. Le prince se résigna. La sanglante démonstration dont se vantait l’officier français ne lui avait laissé aucune chance. L’année 1911 marqua la prise territoriale du bassin de l’Alima-Nkeni par les Français.

 

Ikkia Ondaï Akiera

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