Festival Boya Kobina : éveiller au beau pour tirer vers le haut

Parfaite invite à la danse, mais aussi au verbe scandé, chanté, déclamé, le Festival Boya Kobina tient depuis neuf éditions la promesse de rendre à l’art tout l’honneur et tout le mérite qui lui sont dus.

Dans une société congolaise où le rôle de l’art est toujours questionné et remis en question; dans une société où l’artiste est encore et toujours considéré comme le fou du village, le Festival  Boya Kobina était donc un pari de légitimité, mieux encore de valorisation d’une ressource de développement bien trop ignorée et négligée par les décideurs.

Porté par Delavallet Bidiefono, directeur de l’Espace culturel Baning’Art de Kombé, véritable pouponnière de talents en danse contemporaine ; le Festival Boya Kobina ou Rencontre internationale de danse et de musique de Brazzaville a fini de convaincre sur la force des talents locaux et sur la capacité d’un public, pas spécialement sensibilisé aux arts contemporains, d’accueillir ce mouvement artistique avec les yeux et le regard propres aux enfants…

Danseur contemporain qui a utilisé son parcours, ses douleurs subies et transcendées en créations artistiques présentées sur plusieurs scènes d’Europe et d’Afrique ; Delavallet Bidiefono a pris le soin de transmettre sa flamme à de jeunes danseurs qu’il a formés et qui, depuis neuf éditions, ne cessent de croître humainement et artistiquement enrichis par les expériences culturelles qui rythment la vie de l’espace Baning’Art mais pas seulement…

Le Bolero de Ravel présenté au public de l’Institut français du Congo de Brazzaville, le 30 septembre dernier, a mis en lumière de jeunes danseurs formés à l’Espace Baning’Art qui ont forcé l’admiration d’un public curieux de voir la réinterprétation de ce chef d’œuvre sur les rails d’un metissage culturel entre l’Europe, continent qui a vu la naissance de l’œuvre et le Congo, pays qui a apporté de sa touche personnelle dans la représentation de cette dernière et ont suscité une standing ovation qui a duré de longues minutes.

Plus que de donner leur chance à des artistes qui, sans la foi en l’art du visionnaire de cette aventure artistique et humaine, n’auraient sans doute pas été repérés, formés et placés sous les projecteurs, reconnus pour leur talent et en toute beauté présentés au monde ; le Festival Boya Kobina interroge sur la véritable utilité de l’art pour une société qui malgré toutes ces avancées demeure toujours perplexe et dubitative sur le rôle de l’art et son intérêt dans son quotidien.

C’est ainsi qu'Etienne Russias, poète français, invité dans le cadre du partenariat du Festival Boya Kobina et le Festival « Les Rencontres à l’échelle » de Marseille  à animer sur le déclin du mois de septembre des ateliers de poésie avec la population de la ruralité de Kombé a émis l’assertion selon laquelle « Si l’on ne considère l’art que comme un moyen de transcendance spirituelle ; il reste vain. Il doit être utilisé comme moyen de sensibiliser les populations à la beauté partout présente et générer sur le long terme des comportements sains et bénéfiques pour la communauté. »

Ainsi, pour les artistes mis en lumière comme pour les populations qui vont assister au déploiement du Festival, l’objectif est d’avancer, de progresser, de s’épanouir, de s’élever par le biais de la beauté, par le biais de l’art. Le rendez-vous est alors pris du 18 au 22 octobre 2023 à l’Espace Baning’Art de Kombé, le site du Lycée Agricole, le site de Ntoula, le Centre sportif de Makélélé et enfin l’Institut français du Congo du 20 au 21 octobre 2023.