France/Sénégal : Macky Sall : « l’amitié seule ne suffit plus » entre l’Afrique et la FranceLundi 6 Juin 2016 - 13:00 Face au Medef qu’il a rencontré en fin de semaine dernière, le président sénégalais, Macky Sall, a invité les investisseurs français à plus de courage et à venir en Afrique disputer les marchés avec les partenaires des pays émergents. Sans complexe, Macky Sall s’est opposé à la politique de l’aide. Il a présenté les atouts de son pays et a fait état d’un recul à long terme, des parts de marché français au Sénégal. « J’aborde peut-être les questions qui fâchent, a-t-il déclaré. Mais nous sommes entre amis. C’est entre amis qu’on aborde les questions qui fâchent pour leur trouver des solutions qui réconfortent ». Expliquant : « je suis un chef d’Etat né après les indépendances. Je ne suis pas animé par un quelconque complexe du colonisé. Je dois vous dire franchement que ces histoires de Françafrique, c’est terminé. Je ne crois pas à la politique de l’aide. L’aide n’a jamais développé nos pays. La France et les pays africains entretiennent des relations d’amitié anciennes, mais il faut désormais traiter d’égal à égal ». Poursuivant : « nous avons beaucoup de choses que nous pouvons faire ensemble mais il faudrait que les entreprises françaises s’adaptent au nouveau contexte », coupant court à la polémique qui tend à s’étendre sur la préférence des dirigeants africains à privilégier les entreprises chinoises, indiennes et/ou turques, renvoyant les chefs d’entreprises françaises à leurs propres responsabilités. Le chef d’Etat a donné quelques détails sur la stratégie des investisseurs de ces pays qui pourront inspirer la France : « nous avons des problèmes de financement et ces entreprises viennent avec dans leurs offres des possibilités de financements ». Il a appelé les investisseurs français à être plus « agressifs, [car] l’amitié seule ne suffit plus ». Macky Sall a indiqué au patronat français que son pays était ouvert à recevoir des propositions sur la base d’un partenariat public-privé. Il a aussi souligné quelques travers des entreprises françaises. Par exemple lorsqu’il répond au représentant d’Orange : « nous sommes partenaires avec Orange. Quand Orange doit faire un chèque, cela prend trop de temps ». Macky Sall critique les garanties souveraines demandées à l’Afrique Macky Sall s’est montré très critique sur les garanties souveraines réclamées aux pays africains par des investisseurs, en matière de risque-pays. Il a rappelé qu’ « il n’y a pas en Afrique de risques plus élevés que dans d’autres pays du monde, comme des pays d’Europe du Sud par exemple, mais vous continuez à réclamer aux gouvernements des garanties que plus rien ne justifie ». Cependant, il a plaidé pour une assistance en matière de négociations et d’élaboration de contrats avec les investisseurs étrangers. Mais il pense que l’Afrique doit développer ses capacités juridiques dans le domaine car « pour un Oui ou pour un Non, on nous emmène en arbitrage parce que simplement les gens savent que les contrats signés sont défavorables à nos pays ». Noël Ndong Notification:Non |