![]() Suspension de l’USAID : la RDC deuxième pays le plus touché dans le mondeMercredi 12 Février 2025 - 22:18 La disparition de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) affecte la planète entière. Des experts se disent préoccupés au regard du nombre d'une centaine des pays touchés et de l’importance du financement en jeu (42 milliards de dollars américains). Pour l'expert congolais D. Yenge Mbuta, la République démocratique du Congo (RDC) figure au deuxième rang des plus grands bénéficiaires, juste après l’Ukraine. D. Yenge Mbuta a indiqué qu'iI est impératif d’évaluer l’impact réel de l'USAID sur la vie économique et sociale car sa disparition affecte la planète entière. Jusqu’à sa suspension par l’administration américaine, le 3 février dernier, l’USAID fonctionnait au sein du département d’État. Active dans une centaine de pays, dont la RDC, cet important outil de politique étrangère de Washington disposait d’un budget estimé à environ 42 milliards de dollars américains. Cette agence allouait des fonds dans le cadre d’accords contraignants, gérait des milliers de programmes à travers le monde. Avec sa suspension qui intervient subitement, tous les projets en cours sont à l’arrêt. Certes, le secrétaire d’État américain par intérim, Marco Rubio, a vite fait d’apporter un éclairage. « Les États-Unis d’Amérique fourniront une aide étrangère mais ce sera une aide qui a du sens et qui est dans notre intérêt national », a-t-il indiqué. Une sortie médiatique qui n’augure rien de bon pour les mois à venir, a assuré D. Yenge Mbuta. Selon l’expert, les autorités congolaises doivent réfléchir sur l’après-USAID. « Il faut se poser des questions sérieuses sur le sort des projets financés par cette agence américaine. Il serait dommage qu’ils s’arrêtent faute de financement », prévient-il.
Dans l’ensemble, les secteurs les plus visés sont, entre autres, l’éducation, l’agriculture, la santé et la gouvernance. « Il faut craindre une période de turbulences économiques et sociales dans les prochains jours, voire les prochains mois. En outre, on doit s’interroger sur la suite de certains grands projets, notamment la ligne ferroviaire du corridor de Lobito », ajoute-t-il. Il s’agit d’un protocole d’accord historique signé en octobre 2023 pour développer le corridor de Lobito qui verra la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire de 800 km traversant l’Angola, la RDC et la Zambie. Par ailleurs, il y a aussi l’annonce d’un financement supplémentaire de plus de 560 millions de dollars pour des projets d’infrastructures le long du corridor, portant le total des investissements américains à plus de 4 milliards. Dans le registre des projets pour l’année 2024, le pays de l’oncle Sam a lancé une stratégie à l’échelle nationale visant à réduire l’extrême pauvreté et la malnutrition de 20 % pour plus de 2,5 millions de Congolais d’ici à 2030. « Cette initiative va ouvrir la voie à un investissement de 110 millions de dollars dans le développement du système agroalimentaire au cours des cinq prochaines années », indique-t-il. D’autres accords stratégiques ont été conclus dans les domaines de la chaîne d’approvisionnement pour les batteries de véhicules électriques (RDC-Zambie-Etats-Unis), de la formation en entrepreneuriat des femmes pour les aider à développer leurs entreprises et du soutien financier aux microd, petites et moyennes entreprises. « Les Etats-Unis d’Amérique soutiennent quatorze institutions financières en RDC afin de développer des prêts à taux bas», soutient l'expert D. Yenge Mbuta, précisant que la liste pourrait s’allonger. Premier pays bénéficiaire de l’aide américaine, l’Ukraine a reçu environ 6 milliards de dollars entre octobre 2023 et septembre 2024. Quant à la RDC, un peu plus de 1 milliard de dollar. Dans le top dix, on retrouve d’autres pays comme la Jordanie (3e), l’Éthiopie (4e), les Territoires palestiniens (5e), le Soudan (6e), le Nigeria (7e), le Yémen (8e), l’Afghanistan (9e) et le Soudan du Sud (10e ). « La décision américaine marque véritablement une véritable rupture avec la tradition d’assistance humanitaire du pays. Il se posera également, on en parle pas très souvent, un problème pour les entreprises américaines, surtout si les pays lésés prennent des mesures de rétorsion », prévient D. Yenge Mbuta. Laurent Essolomwa Légendes et crédits photo :Les pays bénéficiaires de l'aide américaine entre octobre 2023 et septembre 2024 Notification:Non |