Groupe Salongo : Quarante ans d’existence, ça se fête !

Le Groupe Salongo, la troupe théâtrale productrice de l'émission « Théâtre de Chez Nous » ayant fait la pluie et le beau temps sur la Radio télévision nationale congolaise (RTNC) célèbre cette année ses quarante ans d’existence. L’occasion, sans doute, de battre le rappel des troupes en cherchant à repartir sur de nouvelles bases après plusieurs années d’hibernation. L’agenda des festivités prévoit une soirée de gala le 11 décembre au Fleuve Congo hôtel et une prestation le 12 décembre au studio Mama Angebi de la RTNC, le tout précédé par une série d’activités dont la tenue d’un colloque sur l’impact du théâtre populaire dans la société congolaise. L’événement se veut à la hauteur du prestige qu’incarne cette troupe théâtrale, précurseur des séries télévisées en RDC et source intarissable d’inspiration pour la jeune génération. Une grande société de télécommunication est dans le coup. Quelques anciens acteurs ayant gagné le vieux continent pourront éventuellement être au rendez-vous. Lipaty, Esengo, Mabele, Bomengo et d’autres seraient attendus à Kinshasa dans les prochaines heures, apprend-on.     

Le comité d’organisation que coordonne Ndungi Mambimbi, de son nom de scène « Masumu Debrindet », procèderait aux derniers réglages pour répondre aux attentes des férus du théâtre. Pour cette circonstance exceptionnelle, le groupe Salongo, créé en février 1975 par feu Tshitenge Nsana (décédé en 2000) qui en fut le principal metteur en scène et réalisateur, tente de régénérer dans les esprits. Le processus, quoique timide, est déjà en branle comme en témoignent quelques productions réalisées sur la RTNC en synergie entre deux générations mues par la seule envie de bien faire. A l’ombre des vieux briscards tels que Kwedi, Elombe et Masasi, des nouvelles recrues tentent de tirer leur épingle de jeu. Mais l’environnement social et médiatique a beaucoup évolué au point de s’interroger sur la réelle capacité du groupe à rebondir face à la rude concurrence actuelle.

Ayant longtemps évolué dans le contexte du monopole de la télévision publique dans les années 70-80, le groupe Salongo devrait dorénavant s’adapter à la nouvelle donne caractérisée par la profusion des chaines de TV où prestent des troupes théâtrales sous contrat et sponsorisées, mais aussi, par la percée du film nigérian. Le défi est donc grand pour Kwedi et ses compères dont le talent a toujours été écorné par un déficit criant des matériels professionnels et des moyens financiers. Bien plus, l’indisponibilité des acteurs eux-mêmes devenus patrons de leurs propres troupes de théâtre, risque de plomber l’ambition affichée de relancer le groupe Salongo.

Pour mémoire, le groupe Salongo est né de l’ingéniosité de feu Tshitenge Nsana qui aura, sans nul doute, été à la base de l'émergence et de l'explosion du théâtre populaire en RDC. Il a permis l'éclosion de nombreux groupes de sketch et en a inspiré plusieurs, tant à Kinshasa, à Brazzaville que dans la diaspora africaine. Des feuilletons tels que « Muana Nsusu » ou encore « Diallo contre Sans souci » resteront à jamais gravés dans les annales comme la marque du grand penseur et censeur de la société qu’il aura été. Visionnaire et meneur d’hommes, le groupe n’a hélas pu lui survivre, écartelé entre des conflits récurrents de leadership. En outre, la disparition des piliers tels que Kingo Mwambe (1983), Monoko (1989), Mopepe (1990), Ebale Mondial (1990), Inga (1995), Monzele (2001), Luzubu Doudou (2007) et tant d’autres a aussi beaucoup affecté le groupe.

L’occasion faisant le larron, les recettes que vont générer ces deux productions devront, entre autres, contribuer à soutenir ceux des acteurs qui, terrassés par la maladie, mènent une lutte âpre pour la survie à l‘instar de Mama Nzita ou encore de Sonzo.