Ils réussissent ailleurs : pour Christian Nziengue-A-Tombet, « le meilleur moyen pour avancer c’est de se former »Samedi 1 Février 2014 - 9:30 De Brazzaville à Montréal, en passant par la France et la Roumanie ; de l’étude de la zootechnie aux technologies de l’informations, en passant par la linguistique et les civilisations ; d’élève à enseignant-chercheur, en passant par moniteur de soutien scolaire, Christian Nziengue-A-Tombet dévoile un parcours universitaire et personnel des plus riches. Ce goût pour les études lui vient d’une « nature curieuse et de la facilité à comprendre et à étudier tant en sciences qu'en lettres. C'est donc principalement l'envie d'apprendre de nouvelles choses, mais aussi la capacité de le faire sans trop d'efforts qui m'ont permis d'étudier autant en sciences humaines qu'en sciences dites dures » Le savoir, un exutoire et une richesse qui doivent se transmettre « Le savoir joue un rôle important dans la vision qu'on a du monde, car il construit notre paradigme. Rien que par le biais des langues que je connais (pour ne citer que le cas du roumain, entre autres) et celles dont j'ai des notions (russes, italien), je vois le monde différemment. En roumain, par exemple, il y a un troisième genre (le neutre) en plus du masculin et du féminin. Plus on sait de choses, plus notre vision du monde s'affine », constate Christian Nziengue-A-Tombet. De cette richesse, il retient une leçon qu’il applique à sa vie de tous les jours et transmet aux autres : « il faut être résilient. La situation peut être difficile mais il faut garder à l’esprit de rebondir chaque fois, ne pas se laisser faire et aller de l’avant. Il faut être animé par ses rêves et le meilleur moyen pour avancer, c’est de se former, s’ouvrir aux autres. » Ce précepte, Christian Nziengue-A-Tombet l’a acquis par l’expérience et l’a appliqué dans sa vie. Lorsqu’en 1993, il quitte Brazzaville pour réaliser son rêve en s’envolant pour la Roumanie où il étudie la zootechnie, il reçoit l’aide volontaire d’inconnus. Ce soutien s’est renforcé lorsque la guerre a éclaté en 1997. Comme beaucoup d’étudiants, la bourse qu’il a obtenue lui est coupée. Christian retrouve alors sa famille en France où il suit tour à tour des études de management de la qualité totale en agroalimentaire (licence professionnelle), langues, littératures et civilisations étrangères (licence et maîtrise), études euro-asiatiques (DEA), langues, cultures et sociétés du monde (master). Parallèlement, Christian travaille dans une grande surface et trouve du temps pour enseigner le français à des étrangers. « C'est une façon pour moi de rendre ce que j'ai reçu autrefois. Cela me tient à cœur », explique-t-il. Dans cet engagement, la culture congolaise tient son rôle : « Étant l'aîné d'une famille de six enfants, c'est une habitude que j'ai acquise dès le plus jeune âge avec mes plus jeunes frères et sœurs. Les élèves les plus grands dans un quartier s'organisent pour aider les plus jeunes. » Il poursuivra sa promesse à Montréal en offrant une aide aux devoirs à des enfants immigrés en difficulté scolaire dans un centre communautaire. D’élève à professeur Christian a rejoint son frère dans la métropole canadienne en 2009. Avant son arrivée, il est entré en contact avec la directrice du programme en technologie de l’information de l’Uqam (Université du Québec à Montréal), dont il a obtenu un master option recherche. Cette femme lui a proposé de rejoindre la chaire de recherche qu’elle dirigeait. Il y travaille en tant que chercheur sur les questions touchant l’impact des technologies de communication mobiles dans le milieu organisationnel. Aujourd’hui, parallèlement à ses activités de recherche, il finit son doctorat en sciences technologie et société, et enseigne le management des systèmes d’information à une soixantaine d’étudiants de niveau licence à l’école supérieure de gestion de l’université du Québec à Montréal. Ce savoir qu’il transmet répond à sa philosophie : « Le fait d’étudier libère, fait rêver. » Morgane de Capèle |