Interview. Alexis Lenga : « J’exhorte mes collègues de l’opposition à persévérer dans le combat pour l’alternance »Jeudi 4 Septembre 2014 - 18:47 Dans un entretien à bâtons rompus, le secrétaire général adjoint du MLC et président du groupe parlementaire MLC et alliés à l’Assemblée nationale, le député Alexis Lenga wa Lenga, livre aux Dépêches de Brazzaville le fond de sa pensée en rapport avec quelques sujets d'actualité. Les Dépêches de Brazzaville : Après Mbandaka et Bikoro, vous entamez à partir du 6 septembre une nouvelle tournée dans la province de l’Équateur qui vous conduira dans les territoires de Gemena et Budjala, district du sud-Ubangi. Quel message particulier transmettez-vous aux militantes et militants du Mouvement de libération du Congo de cette partie du pays ? Alexis Lenga : Lors de notre dernière tournée dans la fédération de l’Équateur, précisément à Mbandaka et Bikoro, nous nous sommes fixé comme termes de référence la redynamisation du parti et la campagne contre la modification de la Constitution. Le MLC ayant beaucoup communiqué dans la capitale, le moment est venu pour nous de descendre dans le Congo profond pour transmettre le message du changement incarné par l’opposition qui, à un moment donné, va conjuguer les efforts pour former un front commun afin de barrer la route à la majorité présidentielle. LDB : L’opposition ne devrait-elle pas s’atteler à surveiller le processus électoral pour s’assurer que les prochaines joutes électorales seront libres et transparentes et ne seront pas émaillées de la fraude et la tricherie ? AL : Cela fait partie du combat que nous menons pour l’émergence de la démocratie en RDC. D’autant plus qu’un processus démocratique suppose la transparence dans les opérations électorales. C’est dans ce cadre que l’opposition dans son ensemble avait rejeté la feuille de route anticonstitutionnelle présentée par la Céni au Parlement. Nous au MLC, nous nous battons pour un processus électoral transparent et crédible. Etant donné que la Ceni et la majorité présidentielle ont mis en place des plans machiavéliques pour orchestrer la fraude et la tricherie électorales à travers notamment la révision constitutionnelle et la modification de la loi électorale en vue de continuer à diriger le pays par défi et contre la volonté du peuple, tout parti politique de l’opposition a le devoir sacré de faire échec à une telle entreprise de confiscation du pouvoir. LDB : Le fait que certains partis politiques membres de la majorité comme le MSR et la Scode semblent s’opposer à cette révision constitutionnelle, cela ne vous rassure-t-il pas ? AL : Je crois que nous ne devons pas nous déterminer sur cette question par rapport à la position de certains partis de la majorité qui s’opposeraient ou pas à la révision de la Constitution ou au changement de la loi fondamentale avant les élections. Souvenez-vous que la Constitution avait été révisée avant les élections de 2011 bien qu’une tendance de la majorité semblait y être défavorable. Et cette modification de la Constitution avait abouti notamment à la suppression du second tour de l’élection présidentielle en réduisant ipso facto la légitimité du président élu. Je ne peux donc pas me fier aux déclarations du MSR ou de la Scode quand on sait que le président Joseph Kabila, autorité morale de la majorité présidentielle avait, lors de son message au Parlement réuni en congrès, rejeté toute modification de la Constitution. Dernièrement à Kingakati, il a été décidé par l’ensemble de la majorité présidentielle que les dispositions constitutionnelles soient modifiées pour passer de l’élection des députés provinciaux du suffrage direct au suffrage indirect avec, à la clé, la tenue d’un référendum. Depuis, on a plus entendu le MSR soutenir une position contraire. D’où, ces soi-disant divergences qui sont des stratégies de communication mises en place pour faire croire à l’opinion que la démocratie existe dans cette famille politique. LDB : Que vous inspire l’arrestation du député national Jean Bertrand Ewanga dont le procès est en cours à la cour suprême de justice ? A.L : J’ai une double réaction sur cette affaire. Primo, je désapprouve l’attitude des organisateurs du meeting de l’opposition qui, au lieu de mobiliser immédiatement la population contre cette arrestation irrégulière et cavalière, sont allés mener des démarches auprès des institutions à la base de cette situation. La logique face à l’entêtement de la majorité consiste, de mon point de vue, à impliquer la population pour la libération de Jean Bertrand Ewanga. Au-delà, je compatis à ce qui arrive à ce député national. Secundo, je m’insurge contre les méthodes du pouvoir qui a arrêté le secrétaire général de l’UNC comme un vulgaire malfrat dans le but de faire taire l’opposition. J’exhorte tous mes collègues de l’opposition à persévérer dans le combat pour l’alternance. On ne pourra pas gagner ce combat dans la division, dans l’apathie et dans l’immobilisme. Il faut, au contraire, une mobilisation tous azimuts de toutes les forces du changement pour faire échec au plan machiavélique de confiscation du pouvoir concocté par la majorité. Propos recueillis par Alain Diasso Alain Diasso Légendes et crédits photo :Alexis Lenga lors de sa tournée à Bikoro en province de l’Équateur |