Interview. Julie Agathe Missamou Mampouya: " On ne permet pas la magouille dans le notariat"

Jeudi 30 Mai 2019 - 19:01

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La première femme notaire au Congo a été honorée par la Chambre nationale des notaires du Congo qui l'a élevée au rang de notaire honoraire, lors de la deuxième université des notaires qui s'est tenue du 27 au 29 mai. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.): Madame, vous avez été honorée par votre corporation.  A qui dédiez- vous cette distinction ?

Julie Agathe Missamou Mampouya (J.A.M.M.):  Je dédie cette distinction à ma mère qui m'a soutenue dans mes études, bien que ne comprenant pas quel était mon métier. Elle croyait que tous ceux qui choisissaient la profession de maître devraient travailler dans les tribunaux et elle était sidérée de me voir en dehors du tribunal. Je la dédie aussi à Me Boumpoutou qui a eu la même distinction que moi à titre posthume, parce que j'ai eu le privilège d'être formée par lui.

L.D.B.C. : A quand remontent vos débuts dans cette  carrière  ?

J.A.M.M. : Elle a commencé en 1991.

L.D.B.C. : Qu'est ce qui vous a motivée pour exercer ce métier ?

J.A.M.M. : Je l'ai aimé simplement parce que c'est une profession juridique comme toutes les autres professions de droit mais elle n'était pas dans mon choix. Une fois en France, j'ai découvert qu'en dehors du barreau et de la magistrature, il y avait d'autres professions de droit mais qui n'étaient pas encore pratiquées au Congo. Voilà pourquoi je me suis engagée là-dedans. Ce n'était pas une profession spécifique réservée aux hommes contrairement à une opinion très répandue. Je suis donc la première femme universitaire dans le notariat au Congo. Aujourd'hui, je prends la distinction qui m'est consacrée pour une vocation que j'ai vécue.

L.D.B.C.: A quel moment intervient le notaire ?

J.A.M.M. : Quand je suis arrivée dans la profession en tant qu’universitaire, j'ai fait un travail de sensibilisation pour dissocier le notaire du magistrat, de l'huissier de justice et de l'avocat. Le notaire est là pour prévenir le magistrat qui intervient si le problème est déjà né. De toutes les façons, ce sont des professions indissociables.

L.D.B.C. : Vos souvenirs dans la profession ?

J.A.M.M. : Le jour où le Congo a été porté sur les fonts baptismaux du notariat international en Colombie. J’étais seule à représenter et à porter le drapeau congolais. Enfin, quand le Congo a été admis à la cour des Grands.

L.D.B.C. : Un conseil aux jeunes notaires ?

J.A.M.M. : Les jeunes ont l'avenir à condition, comme dans bien d'autres choses, de bien respecter les principes. Le notariat n'est pas une profession pour se faire de l'argent mais pour construire. C'est une science, donc on ne permet pas la magouille dans le notariat. La formation est la base. Le notaire est celui qui dit le droit.

L.D.B.C. : Pourquoi n'y a-t-il pas une école de notaires au Congo ?

J.A.M.M. : J'ai enseigné à l'Ecole nationale d'administration et de magistrature pendant plus de cinq ans. C'est une question de politique, dans la formation, il devrait y avoir une branche avec une spécificité notariale.

Propos recueillis par Maurel Mabélé

Légendes et crédits photo : 

Julie Agathe Missamou Mampouya

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