Interview. Messie Biatoumoussoka : " J’ai toujours eu ce sentiment d’appartenance et cet attachement au Congo, mon pays d’origine "

Lundi 19 Septembre 2022 - 14:45

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Nouvel appelé en sélection par Paul Put, pour le stage de préparation au Maroc cette semaine, le défenseur central de 24 ans, Messie Biatoumoussoka, exprime son amour du Congo et revient sur son parcours.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B) : Messie, félicitations pour cette première sélection, puisque tu as été appelé par Paul Put pour le stage au Maroc. Où en es-tu de ton voyage ?

Messie Biatoumoussoka (M.B) : Merci. Je suis déjà au Maroc : on a joué à Hebar vendredi après-midi, ce qui m’a permis de me mettre en route rapidement. J’ai rejoint le lieu de rassemblement samedi, où sont déjà le staff technique et quelques joueurs (Ndlr : dimanche matin, au moment de notre interview).

L.D.B : Cette sélection congolaise a-t-elle toujours été un objectif de carrière pour toi ?

M.B : Oui, ça a toujours été quelque chose qui m’a animé, attiré. De part ma culture binationale, j’ai toujours eu ce sentiment d’appartenance et cet attachement au Congo, mon pays d’origine.

L.D.B : Durant les années difficiles qui ont suivi ton départ des Girondins de Bordeaux, as-tu douté, voire pensé à arrêter ?

M.B : Non, ça ne m’a pas effleuré l’esprit d’arrêter. J’ai toujours gardé la sélection dans un coin de ma tête, mais j’ai redoublé d’effort pour me concentrer sur ma carrière en club, puisque l’un conditionnait l’autre.

L.D.B : Peux-tu nous raconter ton parcours jusqu’à ce début de saison au Botev Vratsa ?

M.B : A Bordeaux, tout a plutôt bien marché, avec le titre de champion de France U19 en juin 2017 (Ndlr : avec Jules Koundé et Aurélien Tchouaméni), en battant en finale Le Havre, où j’avais joué entre 2014 et 2016. Puis j’intègre la réserve, en N3. Capitaine attitré, je m’entraîne de temps en temps avec les pros, mais en fin de saison, on ne me propose rien. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu et c’est un choix du club que je respecte.

L’opportunité d’aller à Charleroi s’est présentée, je ne pouvais pas la refuser. J’arrive alors dans un groupe très étoffé, avec de bons joueurs à mon poste et des ambitions européennes. J’étais un jeune défenseur à un poste où l’on attendait de l’expérience. Peut-être était-ce trop tôt pour moi mais je n’ai pas de regret, car j’ai beaucoup appris comme joueur et comme homme. J’ai beaucoup grandi à Charleroi.

Sur mon prêt à Avranches, en juin 2019 (Nldr : aucune apparition en National 1, onze matches et un but avec la réserve en N3), il n’y a pas grand-chose à dire : je n’étais pas souhaité par le coach, ça n’a pas fonctionné. C’est le foot. 

L.D.B : S’ouvre alors à toi la petite porte de l’exil à l’étranger.

M.B : Oui, à la fin de mon contrat à Charleroi en janvier 2021, j’ai l’opportunité de rejoindre Xylotymbou, en deuxième division chypriote. J’y vais pour me relancer, avec une seule envie : jouer au foot. C’est probablement l’élément déclencheur de ma carrière, car j’ai retrouvé le plaisir et la confiance.

En juillet 2021, je vais en Roumanie, à Selimbar, où je découvre une autre culture, un autre foot. J’ai du temps de jeu, mais je ne me sentais pas vraiment à l’aise. Donc je reviens à Chypre pour finir la saison et arriver au Botev dans une bonne dynamique.

L.D.B : Pour ta première entrée en jeu, à Beroe, tu es victime d’une simulation de Toungara puis sanctionné d’un penalty imaginaire qui vous coûte le point du nul. As-tu pensé à une malédiction ?

M.B : Ça me tenait à cœur de réussir mes débuts, donc ce n’était pas facile de vivre une telle injustice. Mais je relativise en me disant que ça fait partie du foot et que l’arbitre peut se tromper. En tout cas, ça ne m’a pas mis au fond du trou, mais ça m’a encore plus motivé à gagner ma place.

L.D.B : Après ce penalty imaginaire, tu as passé trois matches sur le banc puis connu deux petites entrées en jeu (onze minutes). C’était une sanction ?

M.B : Non, pas du tout. C’était le choix initial du coach, qui avait une hiérarchie en tête en début de saison et je n’étais pas dans les deux premiers. Pour autant, il a toujours été derrière moi, m’a soutenu. Il m’avait dit que j’aurais l’occasion de me montrer, ça a été le cas.

L.D.B : Effectivement, lors des cinq derniers matches, tu as enchaîné cinq titularisations, avec un but en prime, au poste d’axial gauche. Estimes-tu avoir mis la main sur le poste ?

M.B : Rien n’est jamais acquis, je ne me vois pas arrivé. Je ne me projette pas plus loin que le prochain match. Mais je vais tout donner pour garder ma place.

L.D.B : Vendredi, enfin une victoire, la troisième de la saison contre un concurrent dans la lutte pour le maintien. Avec de ta part une belle ouverture en profondeur qui lance le 2-0….

M.B : Les relances, c’est une de mes qualités premières ; j’ai eu la chance de pouvoir contribuer au second but, mais le plus important, c’est la victoire de l’équipe.

L.D.B : Tu fais 1m 89 et tu es gaucher. Peux-tu compléter ton profil technique pour les supporteurs du Congo qui ne te connaissent pas encore ?

M.B : J’ai plutôt une bonne relance, je ne lâche rien, j’aime le duel en un contre un, avec de la présence et de l’agressivité. Je pense aussi avoir une bonne lecture du jeu.

L.D.B : Et dans quels secteurs peux-tu progresser ?

M.B : Je pense que j’ai une marge de progression sur la concentration, pour gérer les détails de match, parfois anodins. Mais je travaille aussi mes points forts tous les jours.

L.D.B : Tu es arrivé en Bulgarie grâce à Sendo Nkololo, ton agent qui est un ancien Diable rouge du Congo.

M.B : Sendo a eu des contacts avec un club bulgare et ça s’est conclu rapidement. C’est quelqu’un avec qui j’ai une très bonne relation et qui gère bien mes intérêts.

L.D.B : Es-tu également en contact avec Francis N’Ganga, que tu as brièvement croisé à Charleroi ?

M.B : Bien entendu : on se connaît bien depuis Charleroi. C’est lui qui m’a annoncé ma sélection pour ce stage, une grande fierté et une belle surprise, car je ne m’y attendais pas forcément.

L.D.B : Quels sont tes rapports avec le Congo ? y vas-tu régulièrement ?

M.B : Je n’y suis jamais allé. Et c’est un moment que j’attends avec impatience. Je me sens Congolais et j’ai envie de connaître le Congo.

L.D.B : Connais-tu d’autres joueurs de l’équipe nationale ?

M.B : Oui, je connais Gaïus Makouta et Fred Dembi depuis le centre de formation du Havre. Gaius est clairement une source d’inspiration pour moi. Il n’a pas eu un parcours facile, mais il a toujours su ce qu’il voulait et s’est donné le moyen d’y arriver. Je ne suis pas surpris, et ça motive, ça donne de la force.

L.D.B : Quel regard portes-tu sur ton club formateur, Bordeaux, qui est descendu en L2 après des années d’errements dans sa politique sportive ? Souhaites-tu un jour y rejouer ?

M.B : Honnêtement, j’ai zéro rancune. J’ai eu la chance de porter les couleurs de ce club prestigieux. J’aurais aimé une autre issue, mais c’est le foot. Y retourner ? Pourquoi pas, ça serait une belle chose.

L.D.B : As-tu fréquenté Kévin Zinga aux Girondins ?

M.B : Kévin avait un an de plus, mais oui, on se connaît bien, même si on n’a pas parlé depuis quelque temps.

L.D.B : Un petit mot pour les supporteurs des Diables rouges ?

M.B : Merci à vous pour tous les messages de félicitations que j’ai pu recevoir, j’ai hâte de pouvoir donner mon maximum sur le terrain pour la nation et de découvrir cette folle ambiance à domicile.

 

Propos recueillis par Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Messie Biatoumoussoka et Bryan Passi, deux nouveaux appelés chez les Diables rouges du Congo (ADIAC) Messie Biatoumoussoka félicité par un partenaire après son ouverture du gauche sur le second but de son équipe, le 16 septembre / DR

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