Interview. Michel Sambwa Gengba : « Il nous faut combattre les inégalités sociales »

Jeudi 15 Octobre 2015 - 18:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Cadre du Mouvement de libération du Congo, l’interlocuteur des Dépêches de Brazzaville décrypte l’actualité politique du pays à la lumière des derniers développements.  

Les Dépêches de Brazzaville : Comment évolue le procès Jean Pierre Bemba à la CPI ? Peut-on espérer le revoir avant les élections présidentielle et législatives de 2016 ?  

Michel Sambwa : Le Chairman du MLC ,Jean Pierre Bemba, est serein comme tous les militants de son parti. Nous sommes convaincus qu’il sera blanchi de toutes les calomnies et accusations mensongères mises à sa charge. Laissons la justice faire son travail et le leader du MLC sera très bientôt parmi nous.

LDB : Que dites-vous des départs qu’a connus le parti dont certains de ses anciens cadres ont fini par créer une dissidence ?

MS : Le parti se porte bien. La vague des départs que nous avons connus ont permis d’enlever l’épine sous le pied du MLC. Notons que ces départs étaient purement motivés par le positionnement politique et pour des raisons financières. En termes clairs, nos compagnons avaient rejoint la majorité présidentielle (MP) juste pour des raisons pécuniaires, sans plus.

LDB : La déclaration de Joseph Kabila disant n’avoir jamais organisé une quelconque réunion pour réviser la Constitution ne vous rassure-t-il pas quant à sa volonté de ne pas être candidat à la présidentielle de 2016 ?     

MS : Le président de la République  est le président de tous les Congolais. Lors de son investiture le 2 décembre 2011, il s’est engagé à observer et à défendre la Constitution et les lois de la République. Et la Constitution est claire à ce sujet : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ». Je suis donc confiant qu’en tant que garant de la Constitution, il respectera sa parole et son serment et ne se représentera pas en 2016 comme le veut la loi fondamentale. De mon point de vue, sa déclaration était plus destinée à rassurer et à rappeler à l’ordre sa propre famille politique qui commençait déjà à afficher une allégeance démesurée à grand renfort de flatterie avec des slogans tels que « Kabila désir » ou encore « Kabila totondi yo nanu te ».

LDB : Malgré la défection du G7 et de Moïse Katumbi, le président de la République reste convaincu que sa famille politique pourra remporter les prochaines élections. Comment expliquez-vous un tel optimisme ?  

MS : On ne peut pas empêcher aux membres de la MP de rêver ou d’être optimistes. Je pense qu’avec une majorité présidentielle en pleine phase de dislocation et décapitée de ses poids lourds, ça me paraît irréaliste d’envisager sereinement une victoire électorale. Mais à voir comment les choses évoluent sur le terrain, l’on peut dire sans peur d’être contredit que ce sont plutôt les forces du changement et de l’alternance qui ont toutes les chances de sortir victorieuses des prochaines joutes électorales.

LDB : Que dites-vous aux dissidents de la MP membres du G7 qui ont déclaré publiquement leur encrage dans l’opposition ?

MS : Qu’ils soient les bienvenus. Nombreux sont à la porte d’entrée de l’opposition car ils ont compris le sens de la lutte contre les antivaleurs et les violations intempestives des droits de l’Homme pour la sauvegarde de notre jeune démocratie.    

LDB : Une alliance opposition-G7-Moïse Katumbi est-elle envisageable dans le contexte politique actuel?   

MS : Sans pour autant le dire, il y a déjà une alliance circonstancielle de fait. Et sachant que l’opposition en soi est un état d’esprit, nous militons tous pour une même cause, celle de la défense à tout prix de la jeune démocratie congolaise.

LDB : Pensez-vous que la réunification de toutes les tendances de l’opposition est impérative avant la tenue des élections en vue de forger un consensus autour d’un candidat commun dans la perspective d’un scrutin présidentiel à tour unique ?

MS : C’est vrai qu’il y a toujours des politiciens véreux en mal de positionnement. Mais l’opposition politique congolaise devient de plus en plus mature. Je pense que l’intérêt suprême de la nation prendra le dessus sur nos intérêts personnels. Afin d’éviter à notre pays les tribulations du genre de celles qu’on avait connues en janvier dernier où la population était obligée de se prendre en charge face à l‘irresponsabilité de la classe politique, l’opposition fera tout pour se choisir un seul candidat. La victoire du peuple en 2016 face aux forces du statu quo est à ce prix.

LDB : Pour débloquer le processus électoral, certains pensent qu’il faut organiser un dialogue afin d’élaborer un calendrier électoral consensuel pour la tenue des élections crédibles et apaisées. Qu’en pensez-vous ?

MS : Le dialogue a toujours été une bonne chose. Mais dialoguer quand on sait que nos collègues de la majorité sont de mauvaise foi et  affichent clairement leur volonté de retarder le processus électoral afin d’obtenir le glissement ! Concernant le financement du processus électoral, les parlementaires nous ont informés qu’il y avait 250.000.00 dollars qui étaient mis de côté chaque année pour l’organisation des élections. Cette enveloppe n’a jamais été mise à la disposition de la Céni. C’est dire que la MP est de mauvaise foi et prône la politique de « J’y suis et j’y reste ».

LDB : Votre réaction à l’interdiction faite aux Assemblées provinciales issues du découpage de tenir leur session ordinaire.  

MS : La circulaire du vice-Premier ministre chargé de l’intérieur n’a aucun fondement juridique quand on sait que les provinces ne sont pas sous tutelle du gouvernement central. Aussi les assemblées provinciales ne peuvent-elles subir aucune injonction ni ordre émanant du gouvernement centra,l étant donné qu’elles sont soumises au seul contrôle du juge constitutionnel. En principe, ces Assemblées provinciales devraient ignorer cette circulaire et tenir normalement leur session ordinaire.

LDB : Pourquoi vous vous êtes engagé dans la politique ?  

MS : Personnellement, je suis plutôt poussé par la volonté d’apporter ma pierre dans la reconstruction de mon pays et, surtout, de combattre la misère indescriptible dans laquelle vit la majorité de la population congolaise pendant que les immenses richesses du pays sont concentrées entre les mains d’une poignée d’individus. Il nous faut donc combattre les inégalités sociales afin que tous les Congolais puissent jouir équitablement des richesses de leur pays.   

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Michel Sambwa

Notification: 

Non