Interview. Thembo Kashauri : « Notre blog sera un média populaire sans pesanteur politique »

Mardi 16 Août 2022 - 16:36

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En plein préparatifs de l’exposition censée sanctionner la formation dispensée à une douzaine de jeunes dessinateurs par l’Association des dessinateurs de presse (Adep), le caricaturiste nous fait une confidence sur la suite du projet. Lors de cet entretien avec Le Courrier de Kinshasa, il annonce le prochain lancement, avec l’appui de la Fondation Friedrich-Ebert, d’un blog dédié à la caricature à l’image du « Canard déchaîné », journal paru pendant huit mois en 2013.

Thembo Kash (Adiac)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : L’exposition du 25 août est-il le but ultime de la formation ? Si non, pourriez-vous nous dire ce que vous envisagez ensuite  ?

Thembo Kashauri (T.K.)  : La finalité du travail accompli, c’est de pouvoir tirer le meilleur parti, s’assurer d’avoir le personnel qualifié pour alimenter le blog que nous souhaitons créer. Nous pensons que la Fondation est prête à nous suivre sur cette voie. Notre vœu c’est d’y diffuser les informations en toute liberté car les journaux qui ont pignon sur rue à Kinshasa appartiennent, pour la plupart, aux leaders politiques. Même lorsqu’on parle de médias privés, en creusant, on finit toujours par découvrir qu’il y a un politique derrière. Et donc, l’information est souvent teintée selon l’obédience politique du patron. Notre blog sera un média populaire qui n’a pas de bord politique, ne connaît aucune pesanteur politique. C’est parti de l’idée de mon travail. Je dessine à partir de ce que pensent les gens. Dans les années 1990, comme la plupart des journalistes, je pensais que Mobutu était le diable et les opposants  les anges. Mais nous avons été tout de suite déçus après car l’opposant au pouvoir faisait la même chose que les autres, si pas pire ! Depuis, j’ai acquis une sagesse : lorsque je réalise mes dessins, je tiens à écouter les deux parties et je prête oreille à ceux que disent les Congolais, le peuple. J’essaie de reproduire dans mes croquis ce que je les entends dire. Je donne la parole à tous les Congolais. C’est ce que nous allons tenter de faire dans le blog.

L.C.K. : Pensez-vous que tous les stagiaires ont la carrure pour se lancer dans cette aventure qui vous tient tant à cœur  ?

T.K. : Nous pensons intégrer au fur et à mesure ceux des stagiaires qui se seront appliqués, les meilleurs. Ils pourront alors vraiment mieux connaître les ficelles du métier et avoir du travail. Ce serait tant mieux pour eux qu’ils soient payés. Et donc, ce serait intéressant qu’ils s’y mettent avec entrain et publient. Le blog sera une sorte de journal école. Nous allons l’entretenir pour informer, en faire un média qui compte même sans le soutien de la Fondation. Nous aimerions pouvoir continuer seuls si elle ne peut plus nous soutenir. Pour cela, il faudra que nous arrivions à crédibiliser le blog. Il faudra trouver des sponsors, des partenaires pour la publicité par exemple.  

L.C.K. : Comment avez-vous pensé vous y prendre pour lancer le blog  ?

T.K. : Nous avons prévu de le faire sur un modèle que nous avons déjà. En 2013, nous avions créé un journal de caricatures dénommé « Canard déchaîné ». Il était essentiellement fait de dessins avec à peine quelques petites dépêches. Il était réalisé intégralement par des caricaturistes. L’expérience n’avait malheureusement été entretenue que pendant les huit mois de financement dont nous disposions alors. Nous n’avons pas pu la poursuivre faute de moyens. Mais nous voudrions vraiment reprendre cette initiative à travers le blog car l’édition papier migre de plus en plus vers l’électronique avec la place qu’occupe Internet aujourd’hui dans l’univers des médias. Du reste, nous pensons que ce sera moins lourd à porter, les frais et coûts seront allégés. Chacun pourra, comme on le fait déjà aujourd’hui, à partir de chez lui, envoyer ses dessins au coordonnateur qui aura la charge de gérer et alimenter le blog.     

 

L.C.K. : De qui est partie l’idée, quel délai vous accordez-vous pour lancer le blog et quels en seraient les piliers  ?

T.K. : Je ne sais plus de qui est partie l’idée, mais nous la portons tous et nous l’avons enrichie, nous la peaufinons et nous sommes en pourparlers avec notre partenaire actuel qui est déjà enthousiaste. L’équipe de base du blog, c’est celle des formateurs. Il s’agit de Philma, un ancien du journal Le Phare comme moi, Luba, qui a travaillé au Palmarès, Pili-Pili, etc., Rodrigue, caricaturiste à La Prospérité, Patou Bomenga qui l’est au Forum des as et cette année, nous avons fait appel à notre ami Dick Esale. C’est un magnifique illustrateur qui fait des caricatures mais  n’est pas attaché à un journal donné, il fait juste des one shot pour plusieurs. Michaël Maloji est aussi des nôtres, il est souffrant et en soins en Afrique du Sud, mais je pense qu’il pourra travailler avec nous même à distance quand il se sera remis. Voilà le noyau sur lequel va reposer le blog au début.

Propos recueillis par Nioni Masela

 

 

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Thembo Kash (Adiac)

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