Interview. Vincent Ngimbock : « Il y a un frémissement pour l’entrepreneuriat au Congo »

Jeudi 28 Février 2019 - 15:35

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Des jeunes congolais sont attendus au grand rassemblement annuel d’entrepreneurs africains de la Fondation Tony Elumelu (TEF). Dans un entretien exclusif avec Les Dépêches de Brazzaville, le 27 février, le directeur général de l’UBA (membre de la fondation) décrypte le contexte socio-économique actuel, l’engouement des Congolais à entreprendre et le soutien qu’offre la TEF, à travers le mentorat et le financement de dix mille dollars, soit cinq millions de francs CFA.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Quelle est la particularité de la cinquième édition du forum de l’entrepreneuriat africain 2019 ?

Vincent Ngimbock (V.Ng.) : Permettez-moi de vous préciser l’objectif du programme comme l’a su bien le définir son premier responsable, Tony Elumelu. Il vise à démocratiser la chance de réussir en Afrique. Il est clair, aucun de nous n’a eu le succès sans qu’il soit appuyé par une autre personne.

Cette année, la particularité réside beaucoup plus sur le plan communicationnel. La fondation s’est engagée à diversifier ses moyens de communication, en utilisant les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, WhatsApp, Instagram. Cela nous permettrait d’atteindre un nombre important de jeunes à travers le continent. En résumé, nous allons mettre le paquet sur la communication, afin de toucher plus de jeunes possibles et de leur donner la chance de créer de la richesse et de l’emploi. L'inscription des entrepreneurs a commencé depuis janvier dernier et s'achève ce 1er mars.

L.D.B. : On parle de plus en plus d’entrepreneuriat en ce moment. Qu’est-ce que cela peut apporter aux jeunes ?

V.Ng. : L’entrepreneuriat s’impose aujourd’hui comme la solution aux problèmes du chômage, de la faiblesse du secteur privé et de l’absence de diversification de l’économie que font face les Etats africains. Il permet une insertion professionnelle des diplômés qui arrivent sur le marché de l’emploi.

Il faut donc changer de paradigme et permettre aux jeunes gens de créer leurs propres emplois, d’être autonomes. L’entrepreneuriat permet aussi de renforcer le tissu économie d’un pays, grâce à diverses initiatives comme dans l’agro-industrie, les télécoms, l’immobilier…        

L.D.B. : Qui peut donc se lancer dans l’entrepreneuriat ?

V.Ng. : C’est une personne physique qui est capable de mobiliser les facteurs de production, c’est-à-dire un capital humain, un fonds propre et/ou emprunté. L’entrepreneur prend donc l’initiative et le risque de réunir les capitaux pour s’investir dans un secteur d’activité dans le but de créer des richesses. Il y a la notion de risque qui est fondamentale dans l’entrepreneuriat. L’expérience montre que la majorité des start-up qui se lance dans une année disparait au bout de deux ou trois ans, parce que le facteur risque n’a pas été bien évalué.

Et c’est là où le programme de la Fondation Tony-Elemulu est important en termes de partage d’expérience. Au-delà du financement qu’offre la fondation, les jeunes sélectionnés bénéficient d’un encadrement afin de mieux élaborer les projets, d’évaluer les risques, de connaître le marché et les produits qu’il leur faut.

L.D.B. : Beaucoup de jeunes congolais se sont inscrits en vue de bénéficier de l’accompagnement de la Fondation Tony- Elumelu. Quelle peut être leur chance dans ce challenge ?

V.Ng. : La fondation donne la chance à tout le monde. Il est juste question de faire preuve de proactivité, d’intelligence et de maturation dans la conception des projets. Le programme de la fondation est doté d’une expertise en la matière pour étudier la fiabilité des projets et ce qu’ils apportent comme de la valeur ajoutée, que ce soit dans les métiers de la banque ou de l’agriculture.

Vous savez que l’UBA fait partie du système et offre l’opportunité d’avoir la culture bancaire. En facilitant l’ouverture des comptes bancaires, nous donnons la chance aux jeunes entrepreneurs de sortir du monde informel pour entrer dans le circuit formel. Pour cela, nous sommes prêts à financer tout projet s’inscrivant dans la droite ligne du programme TEF. Un entrepreneur qui fait les affaires sans la banque aura du mal à tracer ses activités financières et les produits bancaires.

L.D.B. : Quels sont les projets ou secteurs d’activités que vous estimez plus porteurs ?

V.Ng. : C’est la fiabilité du projet qui compte pour nous. Le rôle du banquier que nous sommes, c’est de voir si le risque pris est de nature à créer les richesses et de rembourser les financements que sollicite l’entrepreneur. Je ne peux vous dire si la fondation est partante pour tel ou tel projet. N’oubliez pas que le but de l’entrepreneur est de créer les richesses, qu’il soit capable de payer le capital emprunté, de payer les employés et la fiscalité, ainsi que de disposer des réserves pour la survie de l’entreprise.

L.D.B. : Pour conclure, un mot sur l’entrepreneuriat au Congo ?

V.Ng. : La lecture que je fais de l’entrepreneuriat au Congo, c’est qu’il est naissant. Compte tenu des difficultés que connaît le pays, les jeunes ont compris que la voie du salut ce n’est pas seulement le modèle traditionnel, c’est-à-dire l’école, le concours et la fonction publique. Il y a un frémissement pour l’entrepreneuriat au Congo, en témoignent les demandes de financement que l’UBA reçoit au quotidien.     

  

Propos recueillis par Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Vincent Ngimbock

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