Italie : lancement de l’initiative Italia-Africa de coopération réaliste

C’est lundi après-midi, à Rome, qu’a été officiellement lancée l’initiative Italia-Africa qui entend stimuler la coopération de l’Italie avec l’Afrique. Pour la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, une battante qui a foulé les pavés du monde partout où il s’agissait de défendre la cause des droits de l’homme et de la femme, l’initiative n’entend pas représenter les œillères officielles pour des rapports idéaux entre la Péninsule et le continent au sud du Sahara : « Il faut rallumer les projecteurs sur l’Afrique sans se cacher les ombres qui existent mais sans occulter non plus les formidables lumières qui en proviennent. »

À l’intention de ses compatriotes, Emma Bonino se fait l’avocate d’une Afrique de la croissance et de l’amélioration soutenue, au cours de ces décennies, de la plupart de ses fondamentaux. « Il faut investir le système pays en Afrique par un processus de partenariat dans les secteurs retenus ensemble. En particulier dans l’agriculture, les infrastructures, la culture, les énergies, l’environnement mais aussi la gouvernance et les droits de l’homme. Sans oublier les crises en cours en Somalie, au Sud-Soudan ou au Mali jusqu’aux plus récentes, comme celle qui vient d’éclater à Kinshasa », a dit le ministre à l’ouverture de la réunion de lancement à Rome.

En quoi la coopération italienne de 2014 sera-t-elle différente de la pratique habituelle, les mots et la volonté restant à peu près les mêmes ? Le ministère italien des Affaires étrangères rappelle que l’initiative s’appuie sur les données encourageantes émanant des institutions internationales sur l’Afrique : sept des dix pays qui enregistreront une forte croissance économique entre 2011 et 2015 seront africains (Éthiopie, Mozambique, Tanzanie, RD-Congo, Ghana, Zambie et Nigeria). Le taux démographique, dans un marché qui « pèse » 1,68 milliard de consommateurs, est de 2,3% alors que 40% des Africains ont moins de 14 ans, les femmes représentants 50% de l’ensemble.

Ce sont là, souligne la Farnesina (ministère italien des Affaires étrangères), autant d’atouts nouveaux qui incitent à une démarche elle aussi nouvelle. Ainsi que cela a été pour l’Amérique, il s’agit d’accompagner un dynamisme en confirmation et de l’aider à se consolider. Ce sera l’objet d’une grande conférence Italie-Afrique qui se tiendra en 2015 et pour laquelle de hauts fonctionnaires italiens sont déjà en route pour prendre langue avec les pays africains présentés, plus que jamais, comme partenaires et non simples absorbeurs d’aide. La démarche italienne sera en outre pluridisciplinaire et aussi inclusive.

Emma Bonino a en effet annoncé que deux de ses collègues du gouvernement – la ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge Kashetu, et le ministre des Biens culturels,  Massimo Bray – s’associent à la démarche. Ce dernier s’est d’ailleurs déclaré lundi satisfait que la culture soit au cœur d’une telle action de coopération : « Cela montre à suffisance le désir d’un nouvel élan dans les relations globales entre l’Afrique et l’Italie ». En fin de compte, a souligné Emma Bonino, « cette initiative contribuera à donner du relief à la présence et au rôle des communautés africaines en Italie ».

La volonté italienne, exprimée au niveau gouvernemental mais aussi par des initiatives locales en province, trouvera un point de confluence à l’Expo-2015, l’exposition universelle que la capitale économique italienne, Milan, accueillera dans un peu moins de deux ans. L’Afrique a d’ores et déjà annoncé une participation aussi massive qu’éclatante. Le ministère entend également mettre à profit, a-t-on fait savoir à la Farnesina, le conseil exécutif du Fonds international pour le développement agricole qui se tiendra à Rome en février prochain. En s’en tenant aux seules intentions, on peut déduire que l’Italie se montre positivement agressive pour porter à un niveau de haute exemplarité ses relations avec l’Afrique.