Justice : l’Asadho préoccupée par la détention d’un lanceur d’alertes

Lundi 14 Septembre 2020 - 18:13

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L’ONG de défense des droits de l’homme indique que ce Congolais croupit en prison pour avoir dénoncé les pratiques illégales d’Acces Bank-Rdc Sarl.

Dans son communiqué signé le 11 septembre, l’Association africaine de défense des droits de l’Homme, (Asadho) s’est dit très préoccupée par la détention à la prison de Makala (PCM),  à Kinshasa, d’Israël Kaseya, un « lanceur d’alertes qui a sauvé plusieurs entreprises et personnes physiques des pratiques illégales d’Acces Bank-Rdc ».

L’ONG note, en effet, qu’Israël Kaseya a travaillé pour le compte de ladite banque de 2012 à 2020, en qualité de chargé de comptes où il a gravi certains échelons. « En 2017, il  a obtenu une promotion d’Assistant Banking Officer à Banking Officer pour sa contribution à la croissance de cette banque. En 2019, ses performances ont été reconnues par la lettre de la banque du 29 avril 2019. Il était un des meilleurs agents de cette banque », a fait savoir l’Asadho. Mais, l’ONG trouve par contre surprenant, au regard du tableau de meilleur agent ainsi peint, qu’Israël Kaseya devienne un mauvais agent de la banque en 2020.

Citant les documents en sa possession et les informations recoupées par ses équipes, l’Asadho révèle que les relations entre certains responsables de la banque et Israël Kaseya ont commencé à se détériorer « quand ce dernier s’est décidé de rompre le silence, en dénonçant, d’abord à l’interne, les pratiques illégales de son employeur ».

Des poux sur la tête d’un chauve

Plusieurs actes de harcèlement moral et d’humiliation, fait savoir l’ONG, ont été commis contre Israël Kaseya pendant les réunions internes pour le contraindre à se taire comme les autres employés. Et à l’Asadho de souligner qu’en 2019, cet agent a reçu plus de soixante e-mails et vingt-cinq lettres des Ressources humaines l’incriminant des faits qu’il n’avait pas commis. Alors qu’au  mois de février 2020, il a été arrêté arbitrairement par des individus qui n’étaient porteurs d’aucun mandat. « Et, c’est dans les installations de la banque, du fait qu’Acces Bank-Rdc l’avait présenté comme gestionnaire d’un compte qui avait des problèmes, alors qu’il n’était pas concerné », souligne l’Asadho.

L’ONG renseigne que malgré tous les actes d’intimidation et cette situation dans laquelle il a été mis, c’est courageusement qu’Israël Kaseya a dénoncé les mauvaises pratiques de cette banque. « Il s’agit notamment de prise illégale et frauduleuse des divers frais (defauft fees, penalty fees, anniversary fees…) sur les comptes des clients, d’une part, le blanchiment des capitaux par l’ouverture des comptes fictifs ou des comptes- écrans, au profit des entreprises sanctionnées par le gouvernement américain,  d’autre part », a souligné l’Asadho.

Des faits avérés

A en croire l’Asadho, s’agissant de la prise illégale et fraudeuse des frais sur les comptes des clients, plusieurs clients de la banque dont l’Etablissement Gradeco et le Complexe scolaire Galilée auraient écrit à Acces Bank, pour dénoncer la retenue des frais bancaires fictifs. Alors que dans le cadre du blanchiment des capitaux, Acces Bank aurait ouvert plusieurs comptes fictifs au profit des entreprises sous sanctions internationales comme Mino-Congo et Congo Futur. « Usant de trafic d’influence et pour faire taire M. Israël Kaseya, plusieurs infractions fictives (faux, abus de confiance, escroquerie) ont été mises à sa charge par la banque pour le faire arrêter. Après  l’avoir intimidé en lui brandissant son licenciement s’il ne mettait pas fin à ses dénonciations  des pratiques illégales, les responsables d’Acces Bank  l’ont fait arrêter depuis le 21 mai 2020 et il est en détention à la prison de Makala », dénonce l’Asadho. Et de faire savoir que ce lanceur d’alertes est actuellement poursuivi devant le Tribunal de Paix de la Gombe sous RP 28436/28363/2. Acces Bank, indique l’ONG de défense des droits de l’homme, utilise tous les moyens pour  nuire à ce lanceur d’alertes qui est considéré comme un obstacle à l’enrichissement sans cause de cette banque.

Dans son indignation du fait qu’aucune autorité politique ou judiciaire ne s’est intéressée à  ce dossier afin de protéger ce lanceur d’alertes qui a dénoncé les pratiques illégales de cette banque qui appauvrit les Congolais et sabote les décisions prises par le gouvernement contre les entreprises sous sanctions internationales, l’Asadho dit attendre du président de la République de prendre des mesures pour que tous les lanceurs d’alertes dont Israël Kaseya soient protégés contre les puissants qui s’enrichissent indûment sur le dos des Congolais. L’ONG recommande au procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe de s’assurer par toutes les voies de droit que la procédure enclenchée contre Israël Kaseya soit légitime et ne soit pas utilisée seulement pour nuire à un homme dont la présence était devenue nuisible au sein d’Acces Bank. L’Asadho appelle, par ailleurs, ses pairs, organisations de la société civile nationales et internationales à se mobiliser en faveur  d’Israël Kaseya, pour que sa cause soit entendue et qu’il soit libéré contre les accusations fantaisistes mises à sa charge par son employeur.

Lucien Dianzenza

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