La Banque mondiale publie son rapport 2015 sur les perspectives économiques mondiales

Jeudi 22 Janvier 2015 - 10:28

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La Banque mondiale a publié son rapport 2015 sur les perspectives économiques mondiales qui laisse apercevoir une situation contrastée de l’économie de l’Afrique sub-saharienne. Si la zone demeure l’une des plus dynamiques du monde, la contraction du commerce mondial et la baisse du prix des matières premières devraient peser sur les taux de croissance du continent en 2015.

La croissance économique en Afrique Sub-saharienne a été de 4,5 % en moyenne en 2014 contre 4.2% en 2013. Le chiffre monte à 6% de croissance pour les pays dits à faibles revenus, pour les trois-quarts situés en Afrique sub-saharienne. La croissance africaine est essentiellement tirée par la forte hausse des investissements publics dans les infrastructures (Bénin, Gambie, Mozambique, Togo) ou dans l’extraction de charbon, de gaz et de pétrole (Mozambique, Niger). Avec une moyenne hors Afrique du Sud située à 5,6%, l’Afrique sub-saharienne est la région en développement hors Chine qui connaît la croissance la plus rapide, même si la pauvreté demeure importante.

La pauvreté en recul sur le continent

Le nombre de pays à faibles revenus a été divisé par deux depuis 2001. On comptait 34 pays appartenant à cette catégorie en 2013 contre 65 en 2001. Les 31 pays qui ont évolué vers la catégorie des pays à revenus moyens, l’ont été pour la moitié d’entre eux grâce à de nouvelles découvertes de réserves de métaux ou de pétrole (Angola, Cameroun, Congo, Guinée Equatoriale, Ghana, Lesotho, Mauritanie, Nigéria, Soudan, Zambie). Parmi les pays qui sont passés de la catégorie pays à faibles revenus à celle de pays à revenus moyens, la plupart dont le Congo, ont bénéficié de remises de dettes. L’allègement du service de la dette a permis en moyenne à ces pays d’augmenter de 3,9 point la part du Produit intérieur brut (PIB) consacré à la réduction de la pauvreté.

Une année 2014, mi-figue, mi-raisin

Le secteur agricole a permis de tirer la croissance du continent. L’Ethiopie, le Rwanda et la Côte d’ivoire ont connu de bonnes récoltes et ont profité de la hausse des prix de produits agricoles tropicaux. Le Mozambique a bénéficié d’une récolte de maïs exceptionnelle.
En revanche, l’Afrique du Sud a connu un ralentissement de sa croissance en 2014 du fait des grèves qui ont paralysé le secteur minier, des coupures d’électricité et de la défiance des investisseurs étrangers.
L’Afrique de l’est a bénéficié des importantes découvertes de gaz au Mozambique et en Tanzanie, de pétrole en Ouganda et au Kenya. Les réserves ougandaises, les quatrième plus importantes d’Afrique, sont estimées à 2,5 milliards de barils.
À l’inverse, l’Angola a été impacté négativement par la baisse de sa production pétrolière. Parmi les pays producteurs de pétrole, le Nigéria a pu se démarquer et profiter d’une croissance soutenue grâce à l’importance de son secteur non pétrolier (50% du PIB est généré par le secteur des services).

La dette des États africains se situe en moyenne à 30% du PIB à l’exception du Niger (42%), du Mozambique et du Sénégal (50%), ainsi que du Ghana (65%).
Les déficits budgétaires se sont réduits en moyenne pour atteindre à 2,5% du PIB mais la situation s’est détériorée dans certains pays du fait de la diminution des revenus d’exportation de matières premières (Angola), de la hausse des dépenses d’infrastructures (Mali, Niger, Ouganda), de l’augmentation des salaires des fonctionnaires (Kenya, Mozambique), de l’élévation des dépenses de santé (Guinée, Libéria, Sierra Leone). Dans ces pays plus durement marqués par l’épidémie d’Ebola, l’interruption des activités économiques a entrainé des pertes allant de 3 à 7  points de croissance.

L’inflation s’est accélérée en 2014 sur le continent avec la hausse des prix des aliments mais est demeurée sous contrôle, à l’exception notable du Ghana qui a connu une inflation à deux chiffres.

Une fragilité à la demande mondiale mitigée par les envois de fonds des migrants

L’économie africaine qui dépend beaucoup de la demande extérieure est fragilisée par la faible croissance dans les autres zones géographiques. Les pays à revenus élevés représentent 65% des importations mondiales. La crise dans les pays de la zone euro, partenaires commerciaux importants de l’Afrique de l’ouest, ainsi que le ralentissement économique chinois, gros consommateur de matières premières, vont maintenir une pression à la baisse sur les prix des matières premières alors que l’offre demeure abondante. Ainsi les prix du pétrole, des métaux et des matières premières agricoles perdurent à des niveaux bas en 2015, ralentissant la croissance dans de nombreux pays.

Les importants transferts d’argent vers leurs pays d’origine des migrants vont permettre de mitiger les effets de la chute des prix de matières premières en soutenant la croissance de la demande domestique. En moyenne les envois d’argent par les migrants ont représenté 6% du PIB en 2013 dans les pays à faibles revenus, beaucoup plus que les investissements directs étrangers. Ils devraient continuer d’augmenter de 5% par an entre 2015 et 2017 dans ces pays.

 

Rose-Marie Bouboutou