La montée du djihadisme inquiète en Italie

Vendredi 6 Janvier 2017 - 18:28

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Les expulsions d’extrémistes musulmans, menace contre la sécurité, vont s’accélérer cette année.

Les reconduites vers leurs pays d’origine des candidats au djihad vont connaître une accélération en Italie cette année. Déjà deux personnes, un Marocain et un Tunisien, ont été expulsés vers le Maghreb depuis le début du mois. L’Italie, préservée jusqu’ici des attentats à matrice islamiste, ne veut plus prendre des risques. D’autant que de plus en plus d’indices indiquent maintenant que parmi les étrangers établis dans le pays, même de manière régulière, la tentation au passage à l’acte chez les musulmans radicalisés se fait plus précise.

Greffée au phénomène des flux migratoires, cette tendance suscite malaise et inquiétudes. L’attentat contre un marché de Noël à Berlin en Allemagne, le 19 décembre dernier, a montré que l’Italie n’était plus préservée pour longtemps. L’auteur de cet acte, inouï en Allemagne mais déjà connu à Nice en France où un radicalisé avait foncé sur une foule le 14 juillet, s’est révélé être un « habitué » de l’Italie. Avant de gagner l’Allemagne, l’homme de 34 ans avait fait de la prison en Italie où il était arrivé dans la vague de migrants en 2011.

Et c’est en Italie qu’à forfait accompli, l’homme a été abattu alors qu’il errait sur une gare près de Milan. Donc les services italiens sont littéralement, au même titre que ceux de ses voisins, sur les dents. « Il y a dans notre pays un nombre croissant de jeunes et de femmes qui se radicalisent », a noté Lorenzo Vidoni, le président de la commission gouvernementale italienne contre le terrorisme islamiste. Mais « la menace reste de basse intensité », a-t-il indiqué.

Mais cette situation est trompeuse. Car la « spécificité » italienne relevée par le Premier ministre Paolo Gentiloni n’est que faussement rassurante. Le rapport de la commission antiterroriste signale que l'Italie compterait près d’une centaine de « combattants étrangers », les fameux foreign fighters. Il s’agit d’Italiens partis faire le djihad en Syrie ou en Irak et dont le retour représente un véritable cauchemar dans des pays qui ont la même configuration : France, Belgique ou Hollande, par exemple. M. Gentiloni a souligné que le phénomène du radicalisme religieux était en croissance dans les prisons, et qu’il s’opérait par Internet.

En prison où sont enfermés plus de 6.000 criminels musulmans, aucun gardien ne parle arabe et les imams n’y sont pas admis, déplore l’association Antigone de défense des droits des prisonniers. « Cela conduit les détenus à choisir parmi eux qui dirige la prière, sans aucune garantie sur ce qui est alors prêché », ajoute cette association. Avec cela, le phénomène des mosquées de fortune qui poussent dans les quartiers vient ajouter à une nervosité ambiante, attisée par les vagues successives de migrants et faisant le lit du succès électoral des démagogues.

Le Premier ministre s’est dit opposé au simplisme de l’équation, allègrement agitée par le populistes, de « immigration = terrorisme ». La polémique a repris de plus belle après une révolte dans un camp de transit pour réfugiés près de Venise,  la semaine dernière, à la suite de la mort d’une Ivoirienne requérante d’asile. Il faut accélérer les expulsions, recommande un parti xénophobe comme la Ligue du Nord. Il faut aussi supprimer ces centres de transit où ceux qui présentent ou pas les références requises pour le droit d’asile sont entassés le temps de l’examen de leur dossier. Qui peut être long.

Fin 2016, l’Italie comptait 176.554 requérants d’asile dans des centres disséminés à travers toute la Péninsule. Marco Minniti, le ministre de l'Intérieur a annoncé que les expulsions préventives avaient concerné 133 personnes l'an dernier, entre  ressortissants étrangers accusés ou soupçonnés de radicalisme ou de prosélytisme. Le ministre s'est rendu en Tunisie cette semaine avant un voyage en Libye.

Le mois dernier son prédécesseur devenu ministre des Affaires étrangères, Angelino Alfano, s’était quant à lui rendu au Niger. Partout, l’idée c’est de signer des accords de rapatriement ou une meilleure gestion des flux de migrants au départ ou en transit. La justice italienne explique que l’expulsion du Tunisien, qui a fait 12 morts au marché de Noël en Allemagne le mois dernier, avait raté par manque d’accord de coopération de ce type avec la Tunisie.

Lucien Mpama

Notification: 

Non