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La sculpture africaine au Sénégal

Lundi 28 Octobre 2013 - 0:01

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Le ministre sénégalais de la Culture, Abdoul Aziz Mbaye, a présidé jeudi dernier à l’ouverture d’un symposium sur la sculpture africaine au Village des arts de Dakar, sur la route de l’aéroport. Cette manifestation particulièrement intéressante se tiendra jusqu’au 6 novembre. Ce symposium, qui se veut un kaléidoscope continental, regroupe neuf sculpteurs sénégalais et neuf autres du Ghana, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Mali et du Burkina Faso, dans un cadre approprié, voulu propice à la convivialité afin que soient suscités la réflexion et le partage d’expériences.

Nous avons tout intérêt à consacrer à cette rencontre une attention soutenue, car non seulement il ambitionne, comme le martèle le secrétariat général de Dak’Art, la biennale de l’art africain contemporain de Dakar, d’impulser la créativité des artistes, mais surtout de favoriser la relance et le développement de la sculpture en Afrique. En effet, il faut reconnaître que cet art a connu un certain déclin depuis le siècle dernier où il était qualifié de majeur. On se souvient bien de cette grande mode de l’art nègre avec les peintres du vingtième siècle et de l’influence qu’il exerça très vite sur le cubisme. Pour l’anecdote, il a même été sous-entendu que l’une des plus importantes révolutions picturales du vingtième siècle et de l’histoire de la peinture est due au fait que par un beau jour du début de ce siècle, le peintre Matisse se soit arrêté rue de Rennes devant une boutique d’antiquités pour admirer quelques statues d’art nègre et ainsi, par effet de ricochet, Picasso remarqua à son tour la sculpture africaine. C’est dire combien l’art moderne en général et le cubisme en particulier doivent à l’art africain.

On est en droit de se poser la question de savoir aujourd’hui si la sculpture africaine a gardé ses titres de noblesse à la lumière du choc culturel qui ne permet à aucune culture de vivre en autarcie. Nos sociétés, il est vrai, ont connu de grandes mutations culturelles avec des maux tels l’érosion des valeurs morales, la perte d’identité culturelle et partant, le déclin de la sculpture africaine de référence. On a même pensé qu’à la longue, la culture des peuples africains risquait de disparaître du fait de sa marginalisation ou de son abandon.

La conférence inaugurale de Dakar se révèle pour ainsi dire salutaire, car elle a pour but de revaloriser cet art qui à son tour contribuera à revaloriser le continent. Les deux tables rondes qui se tiendront mardi et le 2 novembre sur des thèmes relatifs à la sculpture, ainsi que sur la réalisation d’objets et l’organisation de visites pour élèves et étudiants, y procéderont largement. Au final, les œuvres créées par ces nombreux artistes de talent venus des quatre coins d’Afrique préfigureront de la grande surprise future, car elles seront exposées au salon de la sculpture africaine de la onzième édition du Dak’Art, du 9 mai au 8 juin 2014.

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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