Le Parlement italien « blinde » la loi sur la répression du trafic d’êtres humainsLundi 17 Novembre 2014 - 18:45 Les passeurs de clandestins seront plus sévèrement punis s’ìls sont, en plus, reconnus coupables de trafic frauduleux d’organes humains C’est l’une des réalités les plus méconnues du trafic des êtres humains, et que les organisations humanitaires ont été les seules à dénoncer jusqu’ici : le trafic des organes humains. Un rapport émouvant de l’ONG d’origine érythréenne Gandhi soulignait déjà au début de cette année comment, sur les traces des migrants, ses enquêteurs avaient été horrifiés par la découverte de dizaine de cadavres éviscérés et abandonnés dans les morgues égyptiennes, dans les déserts du Sinaï ou du Sahara. Dans la plupart des cas, il s’agissait de corps de migrants « africains » sans spécification sur lesquels des « préleveurs » venus d’Afrique du Sud ou d’Europe de l’Est, affirme l’organisation, avaient récupéré « les parties commercialisables » avant de jeter les cadavres n’importe où. La chirurgie de boucher opérée était-elle réalisée avant ou après la mort de ces malheureux ? Le prélèvement de leurs organes avait-il été la cause principale de la mort ? Autant de questions sans réponses. Le Parlement italien n’entend visiblement plus s’en tenir aux termes généraux de délit de favoritisme ou d’incitation à l’immigration clandestine. Suivant un amendement apporté cette semaine à la loi 601 qui réprimait jusqu’ici l’immigration clandestine, les passeurs de clandestins seront désormais passibles de 16 ans de prison ferme si en plus de leur activité ils étaient reconnus coupables de trafic d’organes humains. La peine d’emprisonnement sera de sept ans pour toute personne, italienne ou étrangère, reconnue coupable de mener une telle activité criminelle par internet. Pour les uns et pour les autres une forte amende accompagnera les peines de prison : de 50.000 à 300.000 euros (30 millions à près de 200 millions de francs CFA). Co-promoteur à l’assemblée de l’amendement 601 bis qui punit désormais plus sévèrement ces faits le Pr. Maurizio Romani, médecin de profession, est d’avis que cette nouvelle approche globale du phénomène de l’immigration (punir ceux qui la favorisent et en vivent, et non les clandestins, victimes apparentes) « fournira des instruments valides pour contrer l’activité liée au commerce du corps humain. Le don volontaire d’organes (dans le cadre d’une disposition testamentaire ou familiale) est une extraordinaire manifestation de liberté qui a pour base le présupposé de altruisme suprême. C’est pourquoi il nous faut combattre toutes les pratiques qui visent la commercialisation et la promotion d’activités monnayables autour de la cession de tout ou partie du corps humain », estime-il en espérant que le Sénat se saisisse de cette question au plus tôt pour en faire une loi en bonne et due forme. A rappeler les chiffres effroyables de l’Organisation mondiale de la Santé : sur les 21.000 transplantations de foie, 66.000 transplantations de rein et 6.000 transplantations de cœur exécutées chaque année dans le monde, 5% d’entre elles recourent à des organes vendus par les réseaux criminels. Au bas mot, il s’agit d’un marché qui gravite autour d’un chiffre d’affaires qui s’élève entre 600 millions et 1,2 milliards de dollars. Les reins constitueraient les organes les plus vendus par la criminalité organisée : ils constituent 10% du trafic. Ces chiffres remontent à 2007, c’est-à-dire qu’il y a 7 années sur lesquelles on n’a pas d’idée chiffrée sur cette florissante et mortifère activité ! Lucien Mpama |