Les immortelles chansons d’Afrique : « Sukantima » de Philippe Koutsaba

Jeudi 16 Novembre 2023 - 21:50

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« Sukantima » a dominé l’écosystème musical africain dans les années 1970. D’abord classée meilleure chanson congolaise, ensuite premier prix au hit-parade de l’Afrique centrale en 1976, elle atteint enfin un succès africain en 1977. Son auteur, Philippe Koutsaba, alias Kouchava, demeure inconnu.

Autoproduit par l’orchestre Super Comirail en 1976 sous la référence Super CM SCA2, le titre « Sukantima » a connu plusieurs parutions avec différents labels, en raison de son énorme succès. Afro-Disc, référence  AD 038, « Soul Posters » référence SP 10545, etc.

Dans cette chanson, l’auteur nous plonge dans l’univers de Ngongo, une demoiselle follement amoureuse de Philippe Kouchava, un homme qu’elle a rencontré dans la rue. Quand elle tombe enceinte, il prend la fuite, laissant la pauvre fille sous la pression de ses parents. Philippe devient alors un Sukantima. Notons qu’en langue Kongo « sukantima » revêt plusieurs sens. Dans le contexte de cette chanson, cette expression peut être comprise par celui qui suscite la peine, qui trouble et qui dérange. En outre, l’enfant qu’elle mettra au monde, elle l’appellera « Maloba », ce qui signifie les paroles. Sûrement toutes les paroles qu’elle a entendues pendant sa grossesse.

« Yo oboya ngai na zemi e papa, mwana na boti na pesi kombo maloba. To zuana na bolingo ya bala bala e, banboti ba ti ngai panzi likolo, ba koluka ba yeba yo nde nani Sukantima », en français « Tu m’as quitté pendant que j’étais enceinte, j’ai enfanté un enfant à qui j’ai donné le nom de Maloba (paroles). Nous nous sommes aimés dans la rue, mes parents me mettent mal à l’aise, ils veulent te connaÏtre, toi qui suscites le trouble ». Connaissant son père, la fille émet des inquiétudes à propos de son homme : « Na motema na kobanga baboma yo te, kongala ya papa Jacques eko bangisa ngai, asilikaka maba Chava mpe atabola na mbeli e na loketo». Autrement dit: « J’éprouve de la crainte dans mon cœur, j’ai peur qu’on ne te tue, car la manière dont mon père, nommé Jacques se fâche, m’effraie, il marche avec un couteau autour de sa taille ».  

Dans cette œuvre, Vicky exécute la guitare solo, Paul Koussouloumouka alias Dechott la rythmique et  Josephat Mbayani la basse. Cette mélopée est chantée en polyphonie par Philippe Koutsaba dit Kouchava et Jean Ngoma Kanda. L’orchestre corporatif Super Comirail de Makabana fut créé en 1971 au sein de la Comilog (Compangnie minière de l’Ogooué).Originaire de la République du Congo, Philippe Koutsaba a marqué la musique africaine et hissé le Super Comirail sur l’échiquier international. Son nom est intimement lié au nom de l’orchestre Super Comirail. Décédé et inhumé dans l’anonymat, il a néanmoins laissé des œuvres de bonne facture telles que Makaya, Macedoine, Yamali Male, etc. Koffi Olomidé s’est inspiré de Sukantima pour composer « Number one ».

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette de l'album

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