L’Immigration dans la stratégie des islamistes en Libye

Samedi 21 Février 2015 - 11:45

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L’Italie est sur le qui-vive. Le mouvement intégriste de l'État islamique en Libye a promis d’utiliser les flux de migrants arrivant par la mer contre Rome.

« Nous sommes prêts à mettre 2000 barques pleins d’immigrés à l’eau pour venir vous attaquer ». C’est en substance la menace brandie par le mouvement de l’État islamique depuis la Libye où il s’est récemment signalé par l’enlèvement et la décapitation de 21 chrétiens égyptiens. Mettant en garde « l’Italie à la croisée», contre toute velléité de guerre en Libye, le mouvement fondamentaliste promet de marcher sur Rome et de planter son drapeau noir sur la coupole de Saint-Pierre.

« Nous sommes au sud de Rome ! », a-t-il annoncé cette semaine en référence à sa récente conquête de la ville libyenne de Syrte, la ville natale du défunt dirigeant Mouammar Kadhafi, en bordure de la Mer Méditerranée. Donc en face de l’Italie, à vol d’oiseau. Que les immigrés fuyant les guerres en Afrique sub-saharienne ou en Syrie soient utilisables par le terrorisme international, l’Italie y est préparée depuis longtemps.

Mais cette semaine encore, Rome a fait savoir que malgré un afflux record de migrants venant par la mer et débarquant sur ses côtes, aucun élément tangible ne permet de soutenir que parmi eux il y a des infiltrés djihadistes. Les mesures prises à ce jour ne permettent pas d’étayer cette hypothèse, même si elle est dans le domaine du plausible, a redit le ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano. Pour ne rien négliger, il a toutefois prévu de rencontrer ce lundi les représentants de la communauté musulmane, car l’heure n’est pas à ignorer les canaux par lesquels peut s’établir un dialogue. Il y va de la cohésion nationale en Italie ; il y va aussi de la sécurité de tous.

L’immigration au cœur de la stratégie de l’intégrisme ou de la bataille contre lui, cela se voit aussi dans le récit des nombreux Syriens ou, surtout, Africains qui parviennent à gagner l’Italie. L’île sicilienne de Lampedusa est au bord de l’explosion. Mais ceux qui y arrivent chaque jour par bateau racontent, pour certains, qu’ils ont dû se résoudre à quitter la Libye parce que le pays est devenu plus dangereux que les centaines de noyades que réserve la Mer Méditerranée en traversée hasardeuse. La guerre entre milices, une désorganisation généralisée du pays ont favorisé l’émergence d’une xénophobie violente, racontent-ils tous.

Lucien Mpama