Lire ou relire : « Turbulentes, les Africaines en avance sur leur temps » de Géraldine FaladéVendredi 16 Juillet 2021 - 13:20 La journaliste franco-béninoise retrace, à travers cet ouvrage, le parcours des femmes africaines pionnières, injustement méconnues de l’histoire.
« Turbulentes » met aussi en lumière les militantes comme la Guinéenne jeanne Martin Cisse engagée aux côtés du président Ahmed Sekou Touré. Cette dernière fut vice-présidente de l’assemblée révolutionnaire de son pays et son ambassadrice à l’ONU. Elle fut la première femme présidente du conseil des Nations unies quand la Guinée assurait la présidence en 1972. Avec la Sénégalaise Caroline Diop, elles ont participé à la création de l’organisation panafricaine des femmes à Bamako en 1962, un an avant la fondation de l’Organisation de l’unité africaine. « Elles méritent qu’on parle d’elles. Si aujourd’hui on voit toutes ces filles à l’université, qui luttent pied à pied sans s’en laisser compter, c’est grâce à ces femmes qui ont osé », a expliqué l’auteure. Méconnu également le combat de l’enseignante et militante nigériane Funmiliyo Ransome Kuti (1900 à 1987), surnommée « La lionne d’Abe Kutu », sa ville d’origine, qui distribuait des ardoises aux vendeuses du marché et à leurs filles afin qu’elles apprennent à lire et à écrire pour défendre leurs droits, tout en sollicitant l’aide des jeunes de sa famille pour donner les cours d’alphabétisation. « Elles sont allées dans les endroits où il n’y avait que des hommes. Aujourd’hui, leurs petites-filles veulent devenir cosmonautes, scientifiques ou économistes. Parce qu’elles pensent que cela leur appartient aussi. Elles veulent, elles peuvent », a indiqué l’auteure. Autre portrait dressé, celui d’Aoua Keita, née en 1912, à Bamako, qui deviendra, dans les années 1930, la première sage-femme du Soudan français (actuel Mali), l’une des premières d’Afrique francophone et, en 1976, première lauréate du grand prix littéraire d’Afrique francophone pour son autobiographie « Femme d’Afrique ». Cette militante acharnée, considérée comme l’un des fers de lance du rassemblement démocratique africain (RDA), puis crée une branche féminine du RDA et découvre que l’autorité coloniale dissimulait aux Soudanais leurs droits, dont celui de voter. Aoua Keita va jusqu’à renoncer à sa citoyenneté française pour pouvoir accomplir son devoir civique, et sera expulsé du Soudan en 1951. Ces femmes ont été chacune dans son domaine, première magistrate, première médecin, première institutrice du continent. Elles ont essuyé des critiques et ont fait sauter les préjugés, en faisant avancer le continent vers les indépendances et le rêve d’une Afrique unie, au péril de leur vie. Cissé DIMI Légendes et crédits photo :Photo: Couverture de l'ouvrage Notification:Non |