Livres : Armand Elenga présente "Ecole d’enfants de troupe de l’Afrique équatoriale, 1945-1956"

Lundi 24 Mars 2025 - 16:06

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Préfacé par le Pr Abraham Constant Ndinga-Mbo avec la postface de Remy Ayayos Ikounga, le livre de l’écrivain Armand Elenga retrace le parcours des premiers enfants de troupe, depuis leur admission jusqu’à leur sortie de l’école. Il a été présenté et dédicacé récemment à l’auditorium Denis Sassou N’Guesso, du mémorial Pierre Savorgnan-de-Brazza, en présence d’un parterre des universitaires, hommes de lettre, personnel de la force publique, et anciens enfants de troupe.

Après "Camp Colonna d’Ornano-Le Saint-Cyr de la France libre à Brazzaville", Armand Elenga publie un livre historique et culturel intitulé "Ecole d’enfants de troupe de l’Afrique équatoriale, 1945-1956 aux origines d’une école africaine". Ce livre met au premier plan l’histoire des douze premières années d’existence de l’école militaire préparatoire général Leclerc (Empgl). Institution coloniale française implantée à Brazzaville, cette école aura pour dénomination, de 1946 à 1956, Ecole indigène des enfants de troupe en Afrique équatoriale française (AEF)- Cameroun (EIET). Après quatre ans de formation au sein de cette école, créée pour l’ancienne AEF, et bien plus Afrique occidentale française (AOF), les jeunes brevetés ont consacré leur vie au service de l’empire français.

Livre d’exception, "Ecole d’enfants de troupe de l’Afrique équatoriale, 1945-1956 aux origines d’une école africaine" s’intéresse aussi à l’environnement humain et matériel de l’école, qui va fonctionner sans discontinuer depuis sa création, avant de conforter sa vocation africaine au service de l’excellence. Pourquoi cette école fut-elle la seule créée pour plusieurs colonies ? Quel fut le rôle des descendants des soldats dans son admission ? Une analyse rigoureuse qui éclaire l’histoire militaire et met en lumière un patrimoine trop souvent méconnu. En effet, en AEF, des épouses ont vécu tout le reste de leur vie avec l’espoir de revoir leurs conjoints, mais elles ne les ont jamais revus. Elles ne se sont pas remariées  pour la plupart. Quand l’école d’enfants de troupe de Brazzaville voit le jour, de nombreux jeunes qui y sont admis ne parlent presque jamais de leurs pères. En réalité, ces enfants étaient des orphelins. Leurs pères étaient d’anciens "tirailleurs " tombés au champ d’honneur, en métropole ou dans les différents fronts de la France libre, en Afrique du Nord. Leurs enfants étaient trop jeunes, en 1939, pour se souvenir des enrôlements pour la Seconde Guerre mondiale.

N’ayant jamais connu leurs pères "tirailleurs", certains enfants de troupe n’éprouveront aucun chagrin en foulant le sol de la jeune école militaire. Mais quand vient enfin l’âge où s’éveille la conscience, ils ont compris que ces hommes sont "morts pour la France ", ou mieux, […] ces enfants sont fiers et se sont dit que "c’était vraiment quelque chose, la France, pour qu’on puisse ainsi donner sa vie pour elle. " Aucune recherche n’a à ce jour dit avec assez de précision si la création de l’école militaire à Brazzaville a suffi à réparer l’injustice de l’oubli de cette guerre dans l’imaginaire des descendants. […] Mais plus tard, avec le recul du père de famille qu’ils sont devenus, ils ont reconnu qu’il leur a manqué quelqu’un. A travers le décès du père des autres, ils ont découvert l’importance et le manque de leur père. Ils ont reconnu d'être toujours à la recherche de leur père, sous une forme ou sous une autre. Qui auraient-ils été si les "tirailleurs" engagés dans la guerre avaient été là ? Ils auraient sans doute eu d’autres frères et sœurs. Surtout, ils auraient mieux été canalisés dans cette éducation militaire, vocation que le père "tirailleur" idéalisait à l’infini. Désormais, l’école d’enfants de troupe qui les accueillis a joué ce rôle de donneur de repères.

Le livre met une lumière sur la qualité d’un enfant de troupe

Après la présentation de l'ouvrage par Obambé Gakosso, auteur et éditeur,  le colonel major Rémy Ayayos Ikounga, ancien enfant de troupe, président de l’association des AET du Congo, président de la fédération panafricaine des anciens enfants de troupe d’Afrique, a fait savoir que la rédaction de cet ouvrage témoigne la passion de l’auteur à aborder cette thématique. « Par la restitution rigoureuse des faits historiques, ce livre met une lumière sur la qualité d’un enfant de troupe », a-t-il déclaré.

Le général de brigade Simplice Euloge Lebi, premier critique littéraire, a salué la qualité du travail fourni par l’auteur. Il a apprécié par la même occasion la pertinence de la thématique de ce livre de 256 pages, subdivisé en quatorze chapitres, qui a permis à l’écrivain, le lieutenant-colonel Armand Elenga, de rendre compte du fonctionnement de l’administration de l’école, des conditions d’admission et de vie ainsi que de son évolution. Toutefois, il a fait ressortir quelques failles formelles de la maison d’édition. Cette observation a été également faite par le Pr Grégoire Léfouoba, invité à faire la deuxième critique.

La cérémonie de présentation de cet ouvrage a connu plusieurs moments marqués entre autres par la projection en boucle d’anciennes photographies de l’Empgl, période 1940-1960, la présentation du projet mémoire, archives et culture de l’association des AET par le colonel major Bellarmin Ndongui ainsi que le mot du représentant de la maison d’édition du livre, Appolange Josué Mavoungou, directeur général adjoint de L’Harmattan Congo ; puis le témoignage de Théodore Mwanza, ancien professeur de français à l’Empgl. Cette cérémonie a pris fin par l’échange entre l’auteur et l’auditoire.

Notons qu’Armand Elenga est ancien enfant de troupe de l’Empgl, promotion Fidèle Mfoumouangani (1987), matricule 2361. Lieutenant-colonel et directeur de l’information et de la communication des armées, depuis 2021, il est détenteur d’un master en réalisation cinéma vidéo et d’une licence en journalisme. Il a publié trois livres, dont deux pièces de théâtre et un essai sur la formation des officiers de la France libre à Brazzaville.

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1)- Lors de la présentation du livre/Adiac 2)- Armand Elenga dédicaçant le livre pour une lectrice/Adiac 3)- L’auteur posant avec les panélistes, le doyen des AET et autres invités de marque/Adiac

Notification: 

Non