Lutte contre le terrorisme : des magistrats spécialisés se rencontrent à ParisSamedi 2 Mai 2015 - 13:00 En partenariat avec l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj), et présidée par la ministre française de la Justice, garde des sceaux Christiane Taubira, quelque 173 magistrats et acteurs de la lutte contre le terrorisme en provenance de 34 pays et de plusieurs organismes internationaux spécialisés ont pris part à cette rencontre internationale qui s’est tenue du 27 au 29 avril à Paris. Regroupée en « front africain contre le terrorisme », l’Afrique était présente à travers, entre autres, les magistrats maliens, sénégalais, algériens, marocains et mauritaniens. Cette rencontre a démontré l’universalité de la lutte contre le terrorisme et le souci, pour la communauté internationale de mutualiser leurs efforts pour rendre plus efficaces les actions ménées. Parmi les thèmes qui ont dominé les trois jours d’échange, il y a :
- Les stratégies judicaires dans le démantèlement des filières djihadistes ;
- Les nouveaux modes de financements du terrorisme ;
- La criminalité organisée et le terrorisme : divergence des buts et convergences des moyens. « L’objectif de la rencontre est de consolider les relations entre les acteurs opérationnels de la lutte contre le terrorisme, de faire partager leurs connaissances et de remonter les bonnes pratiques », a déclaré Christiane Taubira. Pour mener une lutte plus efficace contre le terrorisme dans un contexte de mondialisation du terrorisme, elle a plaidé pour le renforcement de la chaîne de solidarité entre les pays, la construction des outils opérationnels au niveau mondial. Elle a souligné la nécessité de la détection des personnes basculant dans le terrorisme, malgré la complexité. Internet, un outil essentiel à la radicalisation Il a été indiqué qu’Internet était l’outil essentiel à la radicalisation. On a aussi noté le rôle majeur du renseignement intérieur au niveau national, et extérieur au niveau mondial, pour détecter les phénomènes de radicalisation, prévenir et déjouer les attentats. Le rôle central de l’institution judiciaire L’autre chaînon souligné par les intervenants est le rôle central de l’institution judiciaire. Christiane Taubira l’a rappelé : « il n’y a pas de lutte contre le terrorisme sans une institution judiciaire fort. Le magistrat doit rester au cœur de la lutte contre le terrorisme ». Elle a relevé « les avancées de la loi sur le renseignement, et à l’adaptation des outils dans le respect de l’Etat de droit ». Elle s’est rendue compte que « le terrorisme ne s’impose rien, s’affranchit de toutes les règles », et qu’il fallait « du courage, une conscience de ce que représente la démocratie pour ne pas céder à la terreur avec des moyens de la terreur, car c’est un choix éthique ». Les autres pistes contre le terrorisme Pour une lutte plus efficace contre le terrorisme, d’autres pistes ont été explorées, comme l’harmonisation de la définition des infractions et des dispositifs pénaux de coopération internationale ; le renforcement des sanctions pénales ; la création d’un cadre juridique pour le partage des preuves. Autre piste évoquée par les intervenants en vue de prévenir le terrorisme, il y a le renforcement de la surveillance de la « propagande sur Internet » à travers un contre-discours, avec un accent sur des programmes de « désengagement et de réhabilitation » des personnes radicalisées. Les participants pensent que la prison n’est pas la bonne réponse pour garantir la sécurité à la population. Noël Ndong |