Médias : FFJ appelle l’État congolais à cesser d’emprisonner les journalistes pour la véritéSamedi 3 Mai 2014 - 15:15 L'appel a été lancé à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai. L’association de défense et de promotion de la liberté de la presse en RDC, Freedom for journalist (FFJ), rappelle à l’État congolais l’irréversible mouvance de la dépénalisation des délits de presse qui reste une réelle exigence de la démocratie dans le monde. C’était dans un communiqué publié à l’occasion de la célébration de la 21e Journée internationale de la liberté de la presse. Pour cette ONG, cette journée célébrée cette année sur le thème « La liberté des medias pour un avenir meilleur : contribuer à l’agenda de développement post-2015 », devrait interpeller particulièrement le gouvernement de la RDC à favoriser l’exercice de la liberté de la presse pour ainsi espérer voir les médias apporter une contribution à l’essor de la communauté. FFJ a rappelé que le pays se préparait à affronter des enjeux sociopolitiques déterminants d’ici 2016. Pour l’ONG, les dirigeants devraient créer un environnement propice en vue de permettre aux médias et aux journalistes de couvrir, en toute sécurité et indépendance, des élections générales, nécessaires dans un pays démocratique. « Seuls des médias libres et indépendants pourront accompagner ces scrutins et donner une information au-delà des clivages », a souligné FFJ. Par médias libres, cette organisation entend, en effet, ceux qui exercent dans un environnement favorable et sécurisé, régis par des textes non liberticides où les journalistes ont accès à la critique à travers leurs écrits qui interpellent les dirigeants sur la gestion de la cité, et où les gouvernants devront savoir qu’ils sont soumis à l’obligation de reddition des comptes à leurs populations. Pour l’organisation, le développement, concept contenu dans le thème, n’est envisagé que dans un contexte d’un état organisé et structuré avec des dirigeants réellement élus par le peuple et mus par l’intérêt général. FFJ fait également remarquer que si certains médias privés exercent dans la plus grande peur d’être suspendus, le principal média audiovisuel public de la RDC, la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), censé cependant recevoir tous les courants sociopolitiques du pays, est devenu un média d’État. Cette maison serait, selon FFJ, un instrument de propagande politique, très enclin à faire l’apologie de la pensée unique et dont les journalistes sont soumis à la toute puissance politique. « Le pluralisme d’opinions n’y est nullement garanti, préjudiciant, par ce fait, tout effort du développement qu’un média pluraliste est appelé à apporter à l’ensemble de la communauté », a noté cette ONG. Absence d’initiative de réforme Cette organisation a aussi noté l’absence d’initiative de réforme en faveur des médias et des journalistes. « Des projets et autres propositions de loi initiés n’ont, à ce jour, fait l’objet d’examen ni d’adoption au niveau du Parlement », a-t-elle noté. Il s’agit notamment, selon FFJ, de la proposition de loi portant accès à l’information publique, l’actuelle loi sur la liberté de la presse gardant tout son caractère liberticide alors qu’une version revue et corrigée portée par des organisations professionnelles moisit dans la chemise des arriérés législatifs. Pour cette ONG, en 2013, les journalistes ont été l’objet de toutes sortes de violations, allant de l’interpellation, des menaces à l’assassinat. Son rapport 2013 a enregistré deux cas d’assassinats. Dans l’ensemble, FFJ a documenté cent dix-neuf allégations d’atteinte à la liberté de la presse et du droit du public à l’information. Alors qu’à l’entrée de la nouvelle année 2014, l’organisation a déjà enregistré une trentaine de cas d’atteinte aux droits civils et politiques du journaliste dont un tué et une dizaine d’allégations du droit du public à l’information. Ces statistiques présageraient, selon FFJ, un nombre effroyable à la fin de l’année. « À la célébration de cette mémorable journée, l’étrange atteinte à la liberté de la presse a été l’enlèvement nocturne d’un journaliste de son lieu de reportage pour la prison centrale de Kinshasa puis l’agression, dans la même période, d’un défenseur de la liberté de la presse dans le pays », a souligné l’ONG. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Photo 1: Les membres du directoire de FFJ, le président de l'Omec et le secrétaire général de l'UNPC
Photo 2: Des professionnels des médias, lors d'une activité de FFJ |