Mérite : la stèle Luambo Makiadi crée l'attraction à la Place Victoire

Date mémorable que ce 12 octobre 2015 ! Vingt-six ans après sa disparition, Franco Luambo Makiadi (décédé à Namur en Belgique le 12 octobre 1989 à l’âge de 51 ans) a eu droit à un hommage mérité. Messe de requiem à l’église St Joseph de Matonge, prestation à la Cité de l’Union africaine de l’Opéra-Ballet « Franco Immortel » et, cerise sur le gâteau, le dévoilement du monument érigé à son honneur. Tout le gotha politique s’était donné rendez-vous ce jour-là pour célébrer l’artiste, celui-là même qui a bercé les cœurs, des années durant, avec sa rumba Odemba. Érigé sur la « Place des artistes », le monument en bronze de 2,97 mètres de haut pesant 400 kilos sollicite depuis lors les regards en plein cœur du quartier Matonge dans la commune de Kalamu.

Adjacent à la stèle grand format représentant les deux mains jointes symbolisant la ville de Kinshasa, le monument de Franco fait sensation. Un grillage en métal encercle les deux œuvres d’art qui portent toutes une même signature, celle de Me Alfred Liyolo, un de grands sculpteurs congolais de la dernière décennie. Après avoir orné le jardin de la Primature avec la statue imposante de Patrice-Emery Lumumba, le sculpteur vient donc de récidiver avec cette récente trouvaille qui met en relief son style pur et affilé. On y voit le défunt Luambo Makiadi grattant les cordes de la guitare, son instrument de prédilection. Si pour certains, la réplique du personnage n’est pas une réussite à cent pour cent, d’autres se gardent cependant de la vile critique préférant saluer la beauté du geste qui témoigne l’intérêt que le gouvernement porte à la promotion des arts et de ceux qui les font. À quelques encablures, un montage d’affiches géantes donnent un bref aperçu sur la biographie de l’artiste.

Du coup, la physionomie de la « Place des artistes » a changé

Plus de petits commerces aux alentours du site. La propreté des lieux reste tributaire de l’entretien dont bénéficie, depuis quelques temps, cette aire touristique longtemps livrée à la merci des enfants de rue. Les photographes y ont trouvé une aubaine face au nombre, toujours ascendant, des personnes désireuses d’immortaliser leur passage sur le site. Avec l’affluence qui caractérise ce coin de la ville d’où transitent de nombreux Kinois avant de gagner leurs habitations, l’on craint que l’espace nouvellement aménagé ne soit violé par des intrus en mal de sensation.

Le monument de Franco Luambo Makiadi ne serait que le début d’une longue série dans la nouvelle approche gouvernementale qui tient à perpétuer la mémoire des grands noms de la musique congolaise moderne. D’autant plus que les Kallé Jeef, Nico Kassanda, Tabu Ley, Pépé Kallé, Ntesa Daliens et tant d’autres ont aussi des arguments artistiques à faire valoir pour mériter une telle reconnaissance nationale. Jamais un sans deux, dit-on.