Mode : être mannequin au CongoSamedi 17 Novembre 2018 - 14:21 Coulisses d’un défilé d’espoir et de désillusion, entre profil Facebook et podiums internationaux : la face cachée des mannequins sous les feux des projecteurs !
Certaines filles n’y voient parfois qu’un simple amusement, une façon de faire exploser les « like » sous leurs publications ou une manière de faire valider leur beauté sur les réseaux sociaux. Fanny, du quartier Mpaka, à Pointe Noire, confie : « C’est un faible investissement qui aide aussi à ce que les garçons aient un regard sur nous. On se prétend mannequin comme les garçons se prétendent rappeurs ou DJ. A chacun ses armes. C’est un monde virtuel, on se ment un peu à soi même et beaucoup aux autres. Moi, j’ai eu la chance de faire un podium mais pour défiler, je n’ai touché que 15 000 FCFA, même pas de quoi payer mon transport pour les répétitions et mes talons hauts ». D’autres défilent parfois en échange de simples promesses ou pour le seul désir d’exister en échange de rien. La réalité est que peu de ces jeunes femmes embrasseront le destin de Théresa Bouams, 21 ans, 1,84 mètre, étudiante en communication à Brazzaville, qui après avoir vécu les arnaques du Net en la matière, est devenue Top model international, que ce soit en France ou en Afrique du Sud, au Nigeria, au Bénin ou au Burkina Faso. Pour Pascaline Kabré, ex-mannequin et fondatrice du très célèbre Carrousel de la mode qui vient de vivre sa cinquième édition, les possibles mannequins du Congo pouvant s’élever au plus haut rang se comptent presque sur les doigts d’une seule main . « Il y a d’abord des critères d’éligibilité quant à la taille qui sont généralement une règle d’or demandée par les stylistes : 1,75 mètre pour les femmes, 1,80 mètre pour les hommes. La mode n’est pas un divertissement, à la passion il faut joindre l’assiduité et la ponctualité aux répétitions, la patience également car si former un mannequin peut se faire en quelques mois, cela peut prendre aussi jusqu’à deux années », conseille-t-elle. Serge Tremblier, un Français qui vient tout juste d’ouvrir à Pointe-Noire son agence Jam Congo Agency, précise : « Les agences de mannequinat ont un déficit d’image, elles sont victimes de jugements hâtifs laissant à penser que les mannequins vendent en quelque sorte leurs corps. J’essaie de combattre ce genre de clichés, donner une autre image de la profession ». Des propos que confirme Pascaline Kabré pour qui la mode est avant tout un métier. « Il faut imposer une certaine discipline, tant sur l’alimentation que sur l’éthique. Ici au Congo existe un amalgame entre mannequins et filles faciles. Je n’aime pas voir les filles traîner en boîte le week-end, je suis stricte sur ce point, il faut savoir tenir un certain standing », renchérit-elle. Figure incontournable de la mode en Afrique centrale, Pascaline via l’agence African model agency s’attache également à la promotion des créateurs dans les soirées « La découverte d’un styliste » qu’elle organise. « La mode c’est ma vie, ma passion, mon métier, je prends un temps fou à préparer avec rigueur chaque événement et je combats les frontières pour ouvrir ce marché hors de nos murs. On voit les Fashion Week se multiplier un peu partout sur notre continent, c’est une résonnance qui s’étend jusqu’en Europe car depuis quelques années, c’est tout simplement l’Afrique qui est à la mode », assure-t-elle.
Philippe Edouard Légendes et crédits photo :1- Pascaline Kabré, ex-mannequin et fondatrice du très célèbre Carrousel de la mode
2- Théresa Bouams Notification:Non |