Moeurs : les Congolaises, addicted au buttfie !

Jeudi 19 Janvier 2023 - 18:44

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Il fallait bien un article « vieux jeu » pour s’étonner des dérives de la représentation féminine dans la société congolaise d’aujourd’hui. Si vous préférez l’éclat d’un sourire et le mystère d’un regard, passez votre chemin. Ici, on ne vous parle que de « derrière » et rien d’autre pour vous souffler le show et l’effroi ! 

C’est la fâcheuse tendance d’aujourd’hui !  Qu’elles soient artistes de rap ou de RnB, ou bien encore influenceuses, elles dévoilent leurs charmes supposés de la plus légère façon qui soit pour attirer l’attention. Et ça buzz ! Cette façon de se montrer, abandonnée de retenue et de moindre pudeur, devient la norme marketing pour faire passer son message, vide ou presque pour la plupart du temps,  sur les réseaux sociaux.   Sexy ou vulgaire, la frontière est parfois fragile. Le récent post de la rappeuse Lady Do faisant la promotion de son single « Vortex » illustre à lui seul l’inflation des standards de communication de la musique urbaine féminine qui a cours sur le Net.  Un buttfie (contraction de «butt», pour «derrière» et «selfie», pour «autoportrait») et une invitation à liker et à partager  pour accroùitre le nombre de vues de son nouveau titre : voilà tout pour Lady Do la fabuleuse. On ne blâmera pas l’artiste congolaise qui est loin d’être la seule dans ce registre car pour nombre de ses pairs, le refrain est le même, le corps plus ou moins dénudé valant pour promesse de talent où soufflent le show et l’effroi.

Loin de rester perplexe quant à la lecture des lyrics, aussi pauvres soient-ils, l’œil teinté de voyeurisme y trouvera son compte, l’oreille aussi pour peu qu’elle entende un bruit suffisant à faire bouger les épaules et les hanches. A ceux qui s’en étonnent, on opposera la liberté d’expression, la liberté d’être soi et de s’affirmer sans complexe. Ces libertés sont indéniables et  elles le sont d’autant plus dès que l’on parle d’art qui aime à s’affranchir de la morale et de la censure. Cependant, ces artistes et influenceuses peuvent-elles s’ériger en modèles de notre société et d’une génération sacrifiée par la classe politique ?  On ne peut hélas que faire le constat  d’une représentation de la femme présentée comme objet de désirs et presque soumise à devenir marchandise à travers son image ainsi exhibée.  D’accord, le discours est sans doute « vieux jeu », on s’attristera malgré tout que ces femmes ainsi médiatisées puissent être les repères de cette génération pour laquelle le « selfie » a laissé le champ libre au « buttfie »  à longueur de directs ou de stories sur les réseaux sociaux.

Ainsi va le monde, ses influences, la soif de reconnaissance. Quand bien même n’est pas Beyoncé qui veut, prendre les stars américaines ou européennes en référence sera sans doute un argument artistique suffisant pour nos artistes congolaises si peu vêtues. A croire peut-être qu’un large décolleté, qu’un petit bikini ou qu’une ficelle de string soient les signes les plus distinctifs de la personnalité d’une certaine gente féminine. A ce rythme il ne faudra pas un jour s’offusquer que les photos de profil sur les réseaux sociaux ne deviennent ni plus ni moins que des photos de derrière.  Quant à l’art en lui même, vous l’aurez compris, ici n’est pas le sujet.

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

La fâcheuse tendance d’aujourd’hui

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