Musée d’art africain aux Etats-Unis: l’or des femmes sénégalaises à l’honneurVendredi 7 Juin 2019 - 11:32 Une robe volumineuse de fil d’or, une coiffure et des couches de bijoux en or scintillants sont les pièces maîtresses de l’exposition "Good as gold" au musée d’art africain Smithsonian, une interprétation moderne d’une « signare », une femme connue pour sa richesse et son pouvoir au Sénégal aux XVIIIe et XIXe siècles. Le mot "signare" vient du portugais et veut tout simplement dire "femme" en français. «D’un côté, cela signifie faire bonne figure, s’habiller, mais cela traduit aussi le sens de la valeur morale, de montrer le meilleur de soi-même, d’être non seulement belle et élégante, mais aussi d’être bien dans sa peau, de dégager cette confiance en soi, cette dignité, ce genre de capacité à se tenir droit dans ses bottes », a détaillé Kevin Dumouchelle, curateur au Musée d’art africain Smithsonian. La plupart des pièces d’exposition ne sont pas vraiment anciennes ; les femmes les choisissent souvent pour les faire fondre et les redéfinir au lieu de les adapter à la mode actuelle. Une coquetterie qui montre à quel point les Africaines, en général, et les Sénégalaises, en particulier, étaient respectées. « Je trouve cela charmant de voir que dans une culture donnée, les femmes ont été parées, vénérées et agréablement traitées, et c’est ce que je ressens », affirme Katie King une visiteuse. Par contre, selon le curateur au Musée national d’art africain Smithsonian, il y a un côté sombre associé aux signares. Ces femmes qui ont épousé des Européens ont souvent acquis leur richesse grâce à la traite négrière transatlantique et beaucoup d’entre elles possédaient elles-mêmes des esclaves. « Ces femmes étaient complices en ayant ces mariages arrangés avec les Français de ces forces et puissances qui ont amené les Français au Sénégal, et qui incluaient notamment le commerce d’êtres humains et esclaves », s’indigne Kevin Dumouchelle. Ainsi ajoute-t-il: « Nous travaillons vraiment pour que cette histoire soit aussi claire que possible auprès de nos visiteurs. Nous n’avons pas peur de confronter ces histoires difficiles ». L’exposition présente plus de deux cent cinquante bijoux sénégalais en plaqué, offerts par l’historienne de l’art, Marian Ashby Johnson, qui a commencé à les collectionner dans les années 1960. Cette exposition continue jusqu’au 29 Septembre.
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