Musique : Jean Goubald redécouvert dans le registre de l’humour

Le public présent au concert de Jean Goubald, il y a une semaine, a tout juste adoré et réclamé que l’expérience se poursuive. Si le 31octobre, l’Hôtel de la Gombe a fait salle comble sur proposition du cadre, maintenant qu’il s’agit d’une demande expresse, l’on s’attend à plus de monde encore ce 7 novembre. Il y a fort à parier que son intervention au concert de Lokua Kanza livré début juin au Théâtre de Verdure pour célébrer ses vingt-ans de carrière solo y est pour quelque chose, même pour beaucoup à vrai dire. En effet, l’une des blagues de Goubald servie lors de ce show spécial auquel avait également pris part Fally Ipupa et le Camerounais Richard Bona fait le tour de la ville depuis quelques semaines. Les Kinois se passent la vidéo à travers leurs téléphones. Pourtant, si elle a fait l’effet d’une révélation, l'artiste ne la racontait pas pour la première fois. Du reste, l’on se souviendra qu’entre deux éclats de rire, l’interprète de Plus vivant avait alors avoué au public en présence : « Il ne se trouve personne qui me fasse autant rire que Jean Goubald à chacun de ses passages à Kinshasa ».

Ce n’est pourtant pas nouveau que Goubald verse dans l’humour

Le talentueux chanteur a toujours au moins une plaisanterie en réserve qu’il s’amuse, on le voit bien à son air, à raconter à chacun de ses concerts. Du reste, dans son milieu mais aussi auprès de ses indéfectibles fans, du moins les plus proches, il a la réputation d’un fin blagueur. Mais le grand public, lui, n’en savait rien ou pas vraiment grand-chose. Et pour cause, le chanteur dont le fameux répertoire révélé au public à la faveur de son album Bombe anatomique, resté unique sur le marché pendant presque dix ans, n’est pas coutumier des concerts grands publics. Les productions en plein air par exemple, que les vedettes locales tiendraient pour de la routine, n’est pas vraiment son lot.

D’ordinaire, Goubald se produit en salle ou alors livre plus de concerts dans des cadres privés assez select ou tout le moins pour un public restreint, même en cité, que dans les lieux à grande fréquentation publique tels les terrains municipaux. Il y a encore trois ans, les habitués du Centre Wallonie-Bruxelles par exemple avaient le privilège de l’y rencontrer au moins une fois l’an. La salle Brel souvent comble, même les marches étaient prises d’assaut et le centre culturel belge se retrouvait presque toujours à refuser du monde. C’est dire combien l’artiste est apprécié !

Jouer avec et sur les mots

Impossible de ne pas rester suspendu aux lèvres du musicien quand il passe de la chanson à ses blagues. L’on ne peut pas à proprement parler de métamorphose parce que, à y regarder de près, ses airs sont empreints d’un brin d’humour. Mais il y a aussi qu’au-delà des blagues populaires qu’il arrive à retravailler et à rendre à sa façon, très imaginatif, Goubald prolonge ses chansons avec de drôles d’histoires. Les anecdotes qu’il crée autour venues d’on ne sait où servent à compléter le tableau qui part d’un fond musical pour revenir à sa substance originelle, le texte. Et, il faut l’avouer, le chanteur sait jouer avec et sur les mots.

Au reste, il faut avouer que Jean Goubald est un musicien un peu à part. Non point que sa musique ne plaise pas, bien au contraire, il a un doigté exceptionnel à la guitare qu’il a du reste toujours en bandoulière. Mais il a aussi un sens artistique poussé incontestable et ne se garde pas de mettre en exergue cette qualité rarement aussi exercée dans la sphère musicale congolaise. À côté de cela la délicatesse de ses textes, une poésie pure qui allie français et lingala de manière si habile, a apprivoisé le public. Ce, au point que les mélomanes de tout bord prennent un sacré plaisir à lui prêter oreille. Avec Goubald l’on sent toute la différence d’avec les banalités offertes au quotidien, sa musique n’a pas son pareil.