Musique: voyage dans l’univers de Boukaka et Loubelo

Tous deux nés en 1940 à Brazzaville, Franclin et Jacques auraient eu cette année 78 ans et si leur âme repose en paix au paradis des légendes de la chanson congolaise, la nouvelle scène musicale ne cesse de réveiller leur mémoire. Réalisé avec Manu Dibango "Le bûcheron" aura été l’un des plus grands succès de Franclin Boukaka. De son côté, Jacques Loubelo aura tout autant marqué son époque, avec le titre "Congo", alors qu'il n’a que 20 ans à sa sortie, que certains considèrent aujourd’hui comme le second hymne national de la République du Congo.

On se souvient que Gaël Manangou, avec Baurdier Deckerpel au piano, avaient livré un live intimiste "Loubelo Ya Beto", il y a deux ans, sur la scène de l’Institut français du Congo (IFC) et dans différents quartiers de Pointe-Noire. Plus récemment, c’est l’artiste Jackson Babingui qui sortait un LP quatorze titres "Tribute de Jacques Loubelo" pour immortaliser  une partie du répertoire du « Brassens congolais ».

Le 10 novembre, l’IFC à Pointe Noire proposait donc une performance live "Chansons Congo", un voyage gracieux dans l’univers de Franclin Boukaka et Jacques Loubelo sous la direction musicale de Baurdier Deckerpel. Copieusement garnie, la salle Tchicaya-U Tam’Si applaudissait l’arrivée des musiciens sur scène : Romaric Nzaou à la batterie, Jonathan Bakemba à la basse, Harold Nzaba au saxophone et Baurdier Deckerpel au clavier. Une introduction instrumentale à retenir son souffle comme un temps suspendu à l’arrivée de Berléa Bilem et Mixel Mavingui au chant. A peine s’est-elle emparée du micro que Berléa envoûte l’assistance par sa voix suave. Qu’elle reste presque immobile balançant légèrement ses hanches, qu’elle esquisse un sourire ou qu’elle danse, la jeune chanteuse fascine par sa prestance sur scène et l’émotion qui s’en dégage. Fabienne Fontanet, directrice de l’IFC,  en semble convaincue : «  Berléa est assurément la meilleure chanteuse de Pointe-Noire, peut-être même du Congo ».  S’il le fallait et pour s’en convaincre davantage, il suffit d’écouter, d’ailleurs, son dernier album "Bo Yoka lisese"  ou regarder ses clips "Wala"  et "Sala Kéba" sortis en février de cette année.

Entre les voix, parfois en duo, parfois séparées, de Berléa Bilem et Mixel Mavingui, par ailleurs membre du très talentueux et trop méconnu groupe Ekoma Gospel, le public sera entré en une quasi  communion avec ce live d’une grande intensité et parfaitement exécuté. Un concert, d’une heure durant, tout en élégance et émotion pour revisiter la mémoire de Frankin et Jacques, nos chers disparus.  Les musiciens auront tour à tour ambiancé le spectacle avec des solos de leurs instruments respectifs pour un final somptueux. Sans sombrer dans la nostalgie, il est plus qu’agréable de monter dans la machine à remonter le temps pour faire perdurer les chansons d’hier dans notre mémoire.