Nigéria : Muhammadu Buhari promet une lutte active contre Boko Haram

Samedi 30 Mai 2015 - 14:00

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Élu en mars dernier à la tête de son pays, le nouveau président de la République fédérale du Nigeria, Muhammadu Buhari, a officiellement pris ses fonctions le 29 mai à Abuja, en présence de plusieurs invités de marque dont les présidents Denis Sassou N’Guesso du Congo, Jacob Zuma d’Afrique du Sud, les ministres français et américain des Affaires étrangères (Laurent Fabius et John Kerry), et des dignitaires d’autres pays venus assister à la cérémonie d’investiture.

Ancien militaire, le nouveau président est très attendu sur le terrain sécuritaire, car il a suscité de nombreux espoirs auprès des populations pour juguler la menace Boko Haram. Aussitôt investi, Muhammadu Buhari s’est engagé à relever les « énormes défis » qu’affronte le Nigeria, au premier rang desquels la rébellion islamiste de cette secte qui a fait des milliers de morts depuis 2009.

« Boko Haram est un groupe de gens fous et sans Dieu, qui sont aussi éloignés de l’islam qu’on peut l’imaginer », a lancé Muhammadu Buhari. Dans la foulé, il a aussi promis de faire tout son possible pour libérer les milliers d’otages enlevés par les insurgés de Boko Haram, parmi lesquels les 219 lycéennes kidnappées depuis l’an dernier. Sur le terrain, des sources diplomatiques à Abuja constatent une « réduction » des attaques terroristes de Boko Haram, malgré quelques résurgences.

Par ailleurs, Muhammadu Buhari a indiqué qu’il mettrait en place un nouveau centre de commandement militaire à Maiduguri, la grande ville du nord-est, jugeant que « la victoire ne peut pas être atteinte depuis un centre de commandement à Abuja », dans le centre du pays.

De nombreux défis à relever

La délicate situation économique du Nigeria, qui a ravi le titre de première puissance économique de l’Afrique, figure également parmi les défis à relever pour le nouveau président. Dans son discours, il a même qualifié de « honte nationale » le niveau de production d’électricité dans son pays (premier producteur du pétrole en Afrique), dont les habitants subissent des coupures de courant récurrentes pouvant durer plusieurs jours. Il a assuré mettre fin à cette situation.

Pour l’heure, le pays s’appuie sur ses richesses en hydrocarbures (pétrole et gaz) qui représentent 95% de ses exportations et sur son agriculture. Membre de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) depuis 1971, le Nigéria est le 11e producteur mondial de pétrole.

Bien que le Nigeria soit le premier producteur de pétrole du continent, avec 70% de ses recettes provenant des ventes de brut, la chute des cours et une pénurie de carburant sans précédent ont quasiment paralysé le pays. Avec la chute des prix des cours du pétrole (70 % des recettes de l’État), la tâche ne sera pas facile.

L’économie nigériane est aussi stimulée dans une large mesure par les secteurs non pétroliers : l’électricité, les télécommunications, le bâtiment, les travaux publics et les transports. Un autre secteur prospère de l’économie nigériane est son industrie cinématographique. Plus connue sous le nom de « Nollywood », elle place le pays en deuxième position derrière l’Inde en ce qui concerne le nombre de production par année.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en décembre 1983, Muhammadu Buhari en avait été chassé vingt mois plus tard par un autre coup d’Etat. Après des années de retraite politique, il avait essuyé trois échecs électoraux avant de finalement l’emporter en mars dernier.

Pour les analystes, sa première tâche pourrait être plutôt de répondre aux attentes d’une population qui se bat depuis des décennies avec des infrastructures pitoyables, un chômage écrasant et des violences endémiques.

Du reste, le succès du mandat du nouveau président nigérian est étroitement lié à sa détermination à relever les défis auxquels il va faire face.

Yvette Reine Nzaba

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