One Planet Summit : la finance « verte » au chevet du climat ?

Samedi 23 Décembre 2017 - 11:27

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Le One Planet Summit, occasion de célébrer les deux ans de l’Accord de Paris (COP21), a été dédié à la mobilisation autour d’engagements et de projets concrets. Le fil conducteur de cette rencontre au sommet se résume par trois mots clefs : adaptation, atténuation, mobilisation.

Deux ans, jour pour jour après l'Accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron, président de la République française, Jim Yong Kim, président du Groupe Banque mondiale et Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, ont réuni à Paris les décideurs financiers pour répondre à l'urgence climatique.

« Le One Planet Summit est l'alliance de centaines de leaders internationaux, tous secteurs confondus, déterminés à montrer la force du collectif face à un enjeu aussi global que la lutte contre le changement climatique. Il s'agit de trouver de nouveaux moyens de financer l'adaptation de nos modes de vie aux transformations inéluctables, d'accélérer encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d'ancrer les problématiques climat au cœur de la finance », indiquait l'Elysée.

Les engagements internationaux pour sauver la planète terre

Les Etats insulaires

La création de la « Caribbean climate smart coalition » est l'expression d'une nouvelle vision partagée entre les leaders de la région pour faire des Caraïbes la première « Climate Smart Zone ». La vulnérabilité de la région aux cyclones impose, en effet, de nouvelles approches en rupture avec les pratiques actuelles. Pour mettre en œuvre cette démarche sur les cinq prochaines années, onze pays de la Communauté caribéenne (Caricom) ont décidé de former un partenariat avec les organisations régionales et internationales, des entreprises et des fondations, afin de catalyser les investissements bas carbone dans les domaines prioritaires des réseaux énergétiques et des infrastructures. De nouveaux instruments et véhicules financiers seront déployés pour soutenir cette ambition : plus de trois milliards de dollars sont d'ores et déjà mobilisés.

Préserver les ressources

La France, le Canada et d'autres partenaires ont annoncé trois cents millions de dollars pour enclencher l'action du Land dégradation Neutrality Fund destiné à lutter contre la dégradation des terres. L'objectif est d'accélérer la mobilisation et les actions concrètes pour atteindre la neutralité de dégradation des terres d'ici à 2030. L’agriculture n’est pas en reste. Six cent cinquante millions de dollars vont lui être consacrés par la Fondation Gates, la Commission européenne et d'autres pays à travers un programme de financement pour accélérer le transfert de l'innovation agronomique sur le terrain, notamment dans les pays en développement.

Les jeunes engagés

La Fondation Gates et la Fondation BNP Paribas unissent leurs efforts à hauteur de quinze millions de dollars sur cinq ans pour financer, grâce au One planet laureates program, des bourses universitaires qui permettront l'accueil de jeunes chercheurs des pays émergents ou en développement dans des laboratoires internationaux. La Commission européenne pour sa part financera un programme « Service solidarité européen » pour encourager de jeunes volontaires européens à participer à des projets liés à l'action climatique en Europe et à l'international.

Les villes au cœur de l’action climatique

Sous l'impulsion de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le Global Covenant of Mayors, la Commission européenne et la Banque européenne d'investissement, le programme « Global Urbis » permettra aux villes et aux régions européennes et du bassin méditerranéen d'accéder plus facilement à des fonds publics et privés pour mettre en œuvre leur plan Climat et accélérer ainsi leur transformation vers des villes durables.

Le C40, réseau des quatre-vingt-dix métropoles, le Global Covenant of Mayors, CGLU et ICLEI, s'allient pour lancer des commandes publiques vertes (infrastructures durables, mobilité verte, logement zéro émission, efficacité énergétique, etc.) dans un cadre concerté.

Objectif zéro émission

Amplification de la Coalition neutralité carbone annoncée lors de la COP23. Menée par les Iles Marshall et la Nouvelle Zélande, la coalition Towards Carbon Neutrality s'élargit aujourd'hui à trente-trois nouveaux acteurs – pays, régions et entreprises. L'ensemble de ces acteurs s'engage à publier, dès 2018 et au plus tard en 2020, une trajectoire « neutralité carbone » à l'horizon 2050.

Dans un souci de transparence et de pilotage efficace des politiques publiques pour l'environnement, la présentation des budgets de l'ensemble des pays de l'OCDE (et associés à l'OCDE) fera désormais apparaître clairement la dimension écologique et climatique sous toutes ses formes (dépenses publiques orientées vers la transition écologique, fiscalité propre, obligations vertes, etc.).

A l'initiative du CNES, un Observatoire spatial du climat est créé afin de mettre à disposition des Etats et de la communauté scientifique toutes les données spatiales utiles à la surveillance de l'état de santé de notre planète.

Une économie décarbonée

Lancée par le Royaume-Uni et le Canada lors de la COP23, la coalition Powering past coal rassemble un large éventail d'entreprises, d'organisations et de gouvernements, unis pour accélérer la transition de l'énergie carbonée vers les énergies renouvelables. La coalition s'engage à accélérer l'élimination des centrales au charbon traditionnelles, de façon durable et économiquement inclusive, et à imposer un moratoire à toute nouvelle centrale au charbon traditionnelle sans dispositif de captage et de stockage du carbone. La France s'est engagée à cesser toute production d'électricité à partir du charbon d'ici à 2022.

Soulignons que mille six cents nouvelles centrales à charbon sont en projet, en partie financées par de grandes banques françaises...

Des transports sans pollution

Les transports représentent environ 15% des émissions anthropiques mondiales de CO2. Face à l'urgence de s'engager pour une transformation profonde de la mobilité, huit pays avec l'appui des acteurs de la plateforme PPMC (Paris Process on Mobility and Climate) créent une alliance pour travailler ensemble à des feuilles de route de décarbonation des transports et pour accroître les investissements dans les transports propres. Trente-cinq pays appellent le secteur maritime, non visé par l'accord de Paris, à plafonner ses émissions de CO2. Du côté des voitures électriques, huit régions de l’ouest américain se sont engagées à les développer sur leur territoire

Vers un prix du carbone

Engagements de plusieurs pays pour un prix du carbone européen plus significatif. Les ministres de l'Environnement et du climat de France, Allemagne, Royaume-Uni, Suède, Pays-Bas saluent le récent accord au niveau du Conseil sur la réforme du marché d'échange de permis d'émission européen, qui devrait entraîner un relèvement du prix du carbone, mais jugent néanmoins que des réformes supplémentaires seraient nécessaires au niveau européen pour inciter les investisseurs et les entreprises à développer des modèles économiques compatibles avec un scenario de limitation à deux degrés du réchauffement climatique. En conséquence, ils s'engagent à examiner la mise en place d'un prix du carbone significatif, voire, pour certains, à le mettre en place, dans les secteurs pertinents.

Les banques de développement se mobilisent

Un accord est signé dans le cadre du One Planet Summit entre vingt-trois banques de développement nationales et régionales, issues du réseau IDFC (Chine, Allemagne, Brésil, Suède, Canada, France, etc.) – et les banques multilatérales de développement pour augmenter les financements dédiés à la mise en œuvre de l'Accord de Paris. Ces montants s'élèveront à plus de deux cents milliards de dollars de prêts destinés aux pays émergents et en développement.

Engagement des fonds souverains

Les fonds souverains détiennent des actifs dont l'encours pourrait atteindre plus de quinze mille milliards de dollars d'ici à 2020. À l'initiative du président de la République française, la Norvège, les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït et la Nouvelle- Zélande lancent une coalition inédite de grands fonds souverains pour flécher des financements vers l'action climatique. Ce groupe sera rejoint par d'autres fonds souverains dans les semaines qui viennent. L'initiative sera pilotée par la France et la Norvège.

Les investisseurs institutionnels à l’affût

Lancée à l'occasion du One Planet Summit, la coalition « Climate Action 100+ » rassemble deux cent vingt-cinq grands investisseurs institutionnels représentant plus de 26 300 milliards de dollars d'actifs sous gestion pour coordonner leurs actions vis-à-vis des cent entreprises cotées les plus émettrices de gaz à effet de serre. Cet effort collectif permettra d'inciter ces entreprises à mettre en œuvre les recommandations de TCFD et de présenter une stratégie de réduction de leurs émissions conformes aux objectifs fixés par l'Accord de Paris.

Energy breakthrough Coalition : investir dans les technologies de rupture

Créée lors de la COP21, l'Energy breakthrough coalition qui regroupait initialement dix investisseurs en capital pour investir deux cents millions de dollars dans les technologies de rupture, monte en puissance à l'occasion du One Planet Summit, pour passer à un milliard de dollars à investir en capital risque. Grâce à l'effet de levier, ce sont plus de trente milliards de dollars qui seront investis par vingt-huit investisseurs en capital d'ici à 2021, dans les technologies pour la planète (énergies renouvelables, stockage d'énergie, efficacité énergétique, etc.).

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo1 et 2: Illustrations (DR)

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