Pointe-Noire : constructions verticales et marécages ne font pas bon ménage

Mardi 15 Juillet 2014 - 16:52

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La ville océane connaît ces dernières années une montée exponentielle de sa démographie due au fait que, par ses activités économiques et pétrolières, la ville ne cesse d’attirer des habitants. Or certaines individualités et des sociétés de toute nature abusent avec des constructions verticales, des maisons en étage sur des terrains marécageux, ce qui ne peut se faire sans conséquences, déclarent de nombreux spécialistes en génie civil et des maçons

Située au centre-ouest de l’Afrique, sur la façade atlantique, la ville de Pointe-Noire est le débouché naturel d’un axe de communication prépondérant pour l’Afrique centrale. Géographie et climat, la ville bénéficie d’un climat tropical de savane, assez doux le jour (de 21,4° de température moyenne en juillet - à 26,8° en mars) et d’une température encore plus douce le soir (environ 22° à 26°). La ville est située à près de 510 km à l’ouest de la capitale politique, Brazzaville, sur un plateau entrecoupé de vallons marécageux. Et si hier, la caractéristique essentielle en matière de l’évolution urbaine était l’occupation incontrôlée de l’espace en longitudinale voire en extension, aujourd’hui, affirment de nombreux observateurs, un aspect inquiétant prend corps dans les diverses constructions : c’est la construction à la verticale, c’est-à-dire, des maisons en étages allant jusqu’à 15 voire plus, sur des terrains marécageux.

Est-ce que cela peut se faire sans risque, lorsque l’on sait que Pointe-Noire, ville côtière, est bâtie sur du sable, des marécages et de nombreuses rivières qui traversent de part en part la ville. Dans les nouveaux arrondissements, Mongo-Mpoukou et Ngoyo, on assiste à la fois à la construction horizontale anarchique et aussi verticale démesurée. Tandis qu’au niveau du centre-ville, l’extension en surface s’est brutalement arrêtée au profit des bâtis à étages. Cela va-t-il de pair avec l’étude préalable de terrain ? Bref en moins de 50 ans, la ville a grandi de façon exponentielle, les constructions ont consommé tous les terrains de parcelle et sont sorties des limites originelles, car la ville a englobé aujourd’hui de nombreuses localités auparavant autonomes, comme Ngoya, Siafoumou, avec une partie de Loango visiblement liée naturellement à la ville.

Construire des étages sur une zone marécageuse exige des précautions       

De nombreuses personnes abordées, notamment maçons et experts en génie civil, donnent des avis pour la plupart qui vont dans le même sens. Il n’est pas impossible de construire sur un terrain marécageux, mais il faut à la fois des études préalables et un lourd investissement afin de dompter le terrain sur lequel doit être bâtie la maison en étages. « Nous ne faisons que notre travail, l’étude préalable du terrain à construire ne révèle pas véritablement de nous. Nous pouvons dire que plusieurs étapes préalables viennent avant le travail du maçon. Et si après deux ou trois ans, la maison présente des fissures, c’est qu’il a manqué quelque chose dans la fondation de la maison », a indiqué un jeune maçon abordé sur un chantier.

Et selon le point de vue d’un certain nombre d’experts en urbanisme et territoire, la construction des maisons à étages sur un terrain marécageux pose toujours quelques difficultés et conduit à un certain nombre de conséquences regrettables dont la plus grave est la perte brutale de la maison par effondrement dû aux eaux souterraines se situant à peine à quelques mètres de la surface. Cependant, sur ces terrains marécageux, les spécialistes conseillent de construire en profondeur, en créant des stratégies visant à ramener un sol de son état sablonneux-mouvant à un état solide et ferme.

Un maître maçon rencontré sur un chantier, qui a requis l’anonymat, s’est expliqué : « Nous savons que la ville de Pointe-Noire est une ville marécageuse. Donc il est judicieux que ceux qui souhaitent construire des maisons à la verticale sur des terrains marécageux prennent des précautions, car cela n’est pas impossible. Ainsi, outre les frais d’investissement pour des fondations et autres, il faudra prévoir des sur-frais pour la réalisation des évacuations qui ne peuvent pas être rejetées directement dans les marécages ». Les causeries que l’on écoute sur les places publiques au sujet des constructions verticales sur des terrains marécageux dans la ville de Pointe-Noire, poussent à penser que certaines de ces maisons à étages en construction à la va-vite dans la ville, ne respectent pas un certain nombre de précautions préalables.

« Construire une maison à 15 niveaux sur un terrain marécageux est bien sûr réalisable, mais avec un surcoût important surtout pour des fondations, soit par piliers en béton amenés au bon sol, soit par radier et cuvelage étanche, mais avant tout, il faut faire une étude de sol qui détermine le mode constructif ; ensuite il faut avoir l’autorisation de bâtir », a indiqué un passant curieux, à côté d’une maison à étages en construction.

Notons que, que l’on veuille ou non, la construction des maisons à étages sur certaines zones de la ville marécageuse comme celle de Pointe-Noire, exige un certain nombre d’obligations à respecter. Si l’eau est en surface, on peut l’assécher par drainage et si c’est le sous-sol, les fondations doivent reposer sur des colonnes de béton dont la profondeur dépend de l’étude de ce sous-sol. Urbaniser une cité marécageuse par des constructions verticales abusives, ce n’est pas toujours bon, mieux vaut envisager des maisons à hauteur moyenne.

 

 

 

Faustin Akono

Légendes et crédits photo : 

Photo Adiac : Exemple d'une construction verticale non achevée, mais sur un terrain marécageux à Pointe-Noire.