Portrait d’Africajarc : le collectif L’Afrique dessinéeSamedi 5 Octobre 2013 - 10:00 Chaque semaine, découvrez le portrait de personnalités croisées au festival Africajarc. Cette semaine, il s’agit du collectif de dessinateurs L’Afrique dessinée représenté par Christophe Ngalle-Édimo, Simon-Pierre Mbumbo, Adjim Danngar et Didier Mada C’est au Grin littéraire, sous une tonnelle, que l’on pouvait les rencontrer et s’essayer au dessin : ils donnaient en effet des ateliers pendant les quatre jours que comptait le festival. Comme la plupart des artistes présents, ce sont des habitués de longue date d’Africajarc ! L’aventure de L’Afrique dessinée démarre en 2001 avec la rencontre de Christophe Ngalle-Édimo et Simon-Pierre Mbumbo dans le cadre d’un projet mené par l’ONG Équilibres & Populations qui aboutit à la publication d’À l’ombre du baobab, un album collectif de dessinateurs africains sur le thème de la santé et de l’éducation. Depuis, ils collaborent régulièrement et décident de poursuivre cette aventure collective en créant l’association L’Afrique dessinée qui fédère un réseau de dessinateurs et de scénaristes africains. Le but de cette association est de témoigner des réalités de l’Afrique par le dessin, de faire connaître la bande dessinée africaine, de favoriser les échanges entre les artistes mais aussi de monter des projets communs et de dépasser les limites imposées par les éditeurs français. L’association compte entre dix et quatorze membres actifs. La résidence de trois ans, entre 2005 et 2008, à Mains d’Œuvres, un espace de production et d’accompagnement artistique situé à Saint-Ouen, a véritablement forgé le collectif. L’association y a développé son champ d’action (ateliers pédagogiques, expositions, échanges artistiques) et a bénéficié d’un accompagnement personnalisé pour se structurer et avoir une vision pérenne de ses activités. Depuis sa création, le collectif a participé à de nombreux festivals. Plusieurs dessinateurs de l’association ont participé à l’exposition Vues d’Afrique au festival d’Angoulême en 2006 ; certains étaient invités en 2009 au Festival international de la bande dessinée africaine à Alger et ont participé à l'album collectif La Bande dessinée conte l'Afrique publié aux Éditions Dalimen ; et l’association est régulièrement invitée à Cajarc, mais aussi à Cholet pour le festival de la BD engagée ou aux Rencontres internationales du dessin de presse à Carquefou. Sans oublier le continent africain puisqu’ils participent régulièrement au festival Coco Bulles en Côte d’Ivoire ou Bulles d’encre en Guinée. De nombreuses publications ont également jalonné le parcours du collectif : la résidence à Mains d’Œuvres a permis l’aboutissement de l’album collectif Une journée dans la vie d’un Africain d’Afrique paru en 2007. Le scénario de Christophe Ngalle-Édimo raconte l’histoire d’un homme qui a une journée pour faire soigner sa petite fille victime d’une crise de paludisme et qui est confronté aux réalités sociales du continent. De la rencontre avec Christophe Cassiau-Haurie en 2008 naîtront plusieurs projets d’albums pour la nouvelle collection de L’Harmattan BD : Le Retour au pays d’Alphonse Madiba dit Daudet d’Al’Mata et Christophe Ngalle-Édimo en 2010 puis l’album collectif Thembi et Jetje, tisseuses de l’arc-en-ciel en 2011, l’histoire de deux familles sud-africaines, l’une afrikaner, l’autre ndébélé, depuis la libération de Nelson Mandela jusqu’à aujourd’hui et la difficile cohabitation des deux communautés.
Le collectif est actuellement en résidence à Anis Gras, une association de la ville d’Arcueil qui leur fournit un espace de création et accompagne leurs différents projets. Adjim Danngar travaille sur une exposition autour de la musique à travers le dessin et part en quête de la fameuse note bleue ; il travaille également avec Christophe Ngalle-Édimo sur le projet de Mamie Denis, une bande dessinée sur une grand-mère qui fait tout pour s’échapper de sa maison de retraite (une exposition est prévue aux Aubrais) ; Zou, dessinateur français, planche quant à lui sur le dernier numéro du fanzine camerounais Waka Waka et les moyens pour développer ce projet. Sont également au programme des ateliers avec des établissements scolaires et des centres éducatifs fermés et une formation à la bande dessinée pour l’artiste togolais Adjé Attikossi qui reçoit le soutien d’Anis Gras. Vous pourrez retrouver les travaux d’Al’Mata, Simon Pierre Mbumbo et Titi Faustin à la Cité de l’immigration – Palais de la Porte dorée à partir du 16 octobre dans le cadre de l’exposition Bande dessinée & Immigration. Christophe Ngalle-Édimo, scénariste franco-camerounais, est le pilier de L’Afrique dessinée. Sa famille ne l’encourage pas à aller vers le dessin, il entame donc des études de biologie puis de géologie en France. Il se lance dans l’écriture de scénarii pour des concours, à l’image du prix Fnac qu’il obtient pour « Marcel et Léa » en collaboration avec la dessinatrice Sandrine Martin. Il fonde l’association puis devient le principal scénariste du vaste projet « Valeurs communes » financé par la Commission européenne. Depuis il signe les scénarii de nombreux projets pour le collectif. Il est secondé par le dessinateur camerounais Simon-Pierre Mbumbo. Celui-ci collabore tout d’abord à des fanzines et journaux satyriques à Douala, co-fonde l’association MAC BD puis participe au festival de BD africaine de Libreville en 1998 où il rencontre Yves Poinot, directeur du festival d’Angoulême de l’époque, qui lui propose de l’aider à se former. Simon-Pierre Mbumbo arrive en France en 1999, étudie aux Beaux-Arts et commence à publier des séries pour « Okapi » ou « Planète Jeunes ». Il est aujourd’hui graphiste et infographiste. Sa bande dessinée « Malamine, un Africain à Paris » publiée par Les Enfants rouges en 2009 traite de l’immigration, de la honte de l’échec de l’immigré et des pressions subies. Simon-Pierre Mbumbo a aujourd’hui le projet de créer un studio de BD au Cameroun afin de professionnaliser les jeunes dessinateurs. Adjim Danngar est membre de l’Afrique dessinée depuis 2005. Le dessinateur tchadien se forme à l’atelier Bulles du Chari à partir de 1999 à N’Djamena. Il publie ses premiers dessins dans le mensuel pour la jeunesse « Rafigui » avant de collaborer au journal satyrique « Le Miroir ». Il est contraint de quitter le Tchad en 2004 après avoir reçu menaces et intimidations pour avoir abordé des sujets sensibles tels que la guerre du Darfour dans ses publications. Il demande l’asile politique en France et obtient le statut de réfugié grâce à l’aide de Reporters sans frontières, de la Maison des journalistes, de Mains d’Œuvres et de L’Afrique dessinée. Outre les différents projets collectifs abordés, il a participé à l’album « Sommets d’Afrique » publié cette année chez L’Harmattan ainsi qu’aux ouvrages « Dégage ! » de Cartooning for peace sur les révolutions arabes et « I have a dream » sur Martin Luther King (publié en août). Plus d’info sur son blog, http://adjimdanngar.wordpress.com Didier Mada (ou Randriamanantena) est un grand nom de la bande dessinée malgache. Il appartient à L’Afrique dessinée depuis de longues années. Il est lauréat de nombreux concours, a publié une dizaine d’albums personnels (tels que « Nampoina » ou « Imboa ») et a fondé l’association Mada BD. Pauline Pétesch Légendes et crédits photo :Photo 1 : Atelier de dessin à Africajarc. (© Adiac) ; Photo 2 : Couverture de "La Bande dessinée conte l'Afrique" (© DR) ; Photo 3 : Couverture de « Thembi et Jetje ». (© DR) ; Photo 4 : Résidence à Anis Gras. (© Adiac) |