Première : le pape et le patriarche de Moscou se rencontreront… à Cuba !Samedi 6 Février 2016 - 11:45 Catholiques et orthodoxes entretiennent des relations conflictuelles : le pape François et le patriarche Kyrill semblent désireux d’enterrer la hache de guerre. C’est la première rencontre de l’histoire entre le chef de l’Eglise catholique romaine et le chef de l’Eglise orthodoxe de Moscou et de toute la Russie. Les deux primats d’Eglise vont se retrouver le 12 février prochain à Cuba et signer une déclaration conjointe dont les vaticanistes attendent beaucoup. L’occasion de cette rencontre, peaufinée « depuis longtemps » selon le Vatican, ce sera le voyage apostolique des deux « papes », l’un en route vers le Mexique, et l’autre en visite apostolique à Cuba. Les experts des deux pays se sont mis d’accord pour que les deux leaders se rencontrent « en terrain neutre », parlent et signent une déclaration qui est déjà présentée comme historique. L’annonce faite vendredi à une heure concordée d’avance à Rome et à Moscou, a été accompagnée d’un communiqué dans lequel il est indiqué qu’« un entretien personnel à l’aéroport international José Martí de La Havane, et se conclura par la signature d’une déclaration commune. Cette rencontre (…) préparée depuis longtemps, sera la première dans l’histoire et marquera une étape importante dans les relations entre les deux Eglises. Le Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou espèrent qu’elle sera également un signe d'espérance pour tous les hommes de bonne volonté. Ils invitent tous les chrétiens à prier avec ferveur pour que Dieu bénisse cette rencontre et qu’elle porte de bons fruits ». L’annonce et le lieu de cette rencontre ont suscité des commentaires en Italie vendredi. Mais c’est oublier, d’abord, que le pape actuel est latino-américain (argentin) et qu’il jouit d’une estime redoublée à Cuba, depuis qu’il a aidé à un rapprochement entre Cuba et les USA pouvant déboucher à terme sur la levée de l’embargo américain, vieux de plus de 52 ans ! En outre, le pape François a fait du thème de l’œcuménisme (le dialogue entre chrétiens) un autre de ses thèmes de prédilection, à côté de la défense commune de l’environnement et des pauvres. C’est ainsi qu’il a annoncé, il y a quelques jours qu’il participerait – là aussi une première mondiale – au 500è anniversaire de la Réforme de Martin Luther qui « fonda » l’Eglise protestante. Le pape fera pour cela le déplacement de Lund, en Suède, le 31 octobre ; c’est là que les protestants du monde célèbreront cet anniversaire et que le pape se rendra comme signe de sa volonté de se rapprocher des frères et sœurs séparés par cinq siècles d’incompréhensions, malentendus et suspicions. Le rapprochement avec les orthodoxes suit la même logique. Alors que l’Eglise catholique entretient de très bonnes relations avec les orthodoxes de Constantinople (Turquie), elle peine à dialoguer avec ceux de Moscou (1ère Eglise orthodoxe en importance numérique). Dites « autocéphales » car n’obéissant pas au pape de Rome, les Eglises orthodoxes fonctionnent en mode autonome. Elles sont au nombre de 14 et obéissent à des patriarches établis en Ethiopie, en Egypte ou encore en Grèce où ils sont très influents. L’Eglise orthodoxe de Moscou et de toute la Russie s’opposait vigoureusement à tout projet de voyage du pape en Russie, qui « n’est pas une terre de mission ». La rencontre de vendredi prochain à Cuba amorce donc un tournant historique. Il a été indiqué que, pour permettre le déroulement de cette importante rencontre à La Havane sans perturber le programme du voyage du Pape au Mexique, l’avion papal quittera Rome à 7h45 du matin le vendredi 12 février, au lieu de 12h30, initialement prévu. Un détail d’importance dans la volonté des deux camps d’entrer dans le 21 è siècle sans se charger des apesanteurs du passé. Lucien Mpama Notification:Non |