Présidentielle gabonaise : la communauté internationale « prend acte » de la réélection d’Ali Bongo sans le féliciter

Lundi 26 Septembre 2016 - 11:07

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La Cour constitutionnelle gabonaise a validé et confirmé  dans la nuit du 23 au 24 septembre, la réélection du président Ali Bongo, et rejeté le recours de Jean Ping, son rival qui demandait le recomptage des voix dans la province du Haut-Ogooué. Son adversaire Ali Bongo y avait obtenu 95% des voix pour 99% de participation, selon les résultats de la Commission électorale (Cénap).

Dans son avis, la Cour constitutionnelle avait « jugé irrecevables les feuilles démargement fournies comme preuves de la fraude » présumée présentées par Jean Ping. Du coup, elle a procédé à l’annulation des résultats de 21 bureaux de vote de Libreville pour « irrégularités », accentuant  la victoire d’Ali Bongo désormais déclaré élu avec  50,66% des voix contre 49,85% précédemment.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault a dit « respecter les institutions gabonaises [et] attaché aux liens profonds qui l’unissent au Gabon. C’est dans cet esprit qu’elle avait appelé à un examen transparent et impartial des résultats dans le but de lever toutes les interrogations, exprimées notamment par la mission d’observation de l’Union européenne ».

La France demande toutefois aux contestataires, notamment Jean Ping, de récuser l’action violente, de poursuivre leur revendication dans la paix, et au gouvernement de « prendre des initiatives [en vue de] restaurer la confiance des Gabonais en leurs institutions ». Elle observe que l'examen des recours n'a pas permis de lever tous les doutes.

Dans un communiqué, le président en exercice de l’Union africaine (UA), Idriss Deby a déclaré avoir « pris acte » de la décision de la Cour constitutionnelle. Il invite « le président réélu [Ali Bongo} à créer les conditions nécessaires et propices à un dialogue politique regroupant tous les fils du Gabon, gage de paix et de stabilité, exhorte l’opposition politique à plus de responsabilités ».

Même son de cloche de la délégation américaine au Gabon. Par ailleurs, elle invite le gagnant, Ali Bongo à « publier les détails de ses procédures, par souci de transparence », tout en louant les deux parties au dialogue en vue de « panser les blessures d’un pays divisé ». Toutefois elle se dit inquiète des arrestations dans les rangs de l’opposition, et la perturbation du réseau Internet. Au Maroc, on dit  également avoir « pris acte » de la réélection de ce « fidèle allié » qu’est le Gabon, invitant  l’opposition et le gouvernement au dialogue pour résoudre la crise post-électorale.  

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon avait déjà lancé un appel aux autorités gabonaises « à respecter les droits de l’Homme et libertés fondamentales invitant le candidat victorieux [Ali Bongo] à s’engager dans un véritable dialogue national inclusif en vue de promouvoir une gouvernance démocratique et l’État de droit ». Il exhortait tous les acteurs, en particulier les leaders politiques et leurs partisans, « à faire preuve de la plus grande retenue, à s’abstenir de toute forme de violence et à rester calmes avant et après l’annonce des résultats par la Cour constitutionnelle ».

La main tendue d’Ali Bongo refusée par Jean Ping

Avant l’annonce des résultats de la Cour constitutionnelle, le président Ali Bongo avait tendu la main à son « Très Cher Frère » Jean Ping,  sans doute pour ouvrir le futur gouvernement à des figures de l’opposition. Rejetant en revanche l’idée d’une médiation internationale. Répondant en juste titre : « nous n’avons pas besoin d’une médiation internationale. Entre Gabonais, nous savons nous parler ».

Jean Ping avait à son tour « fermé la porte à toute proposition de dialogue ». « Comment envisager une telle rencontre, alors que la vérité des urnes n’est pas rétablie ? […] Jean Ping est une personnalité rompue au dialogue et convaincue de sa pertinence », affirmait son porte-parole Jean-Gaspard Ntoutoume.  Pour Jean Ping «  2016 ne sera par 2009 ».

En effet, Jean Ping avait demandé l’ « ouverture d’une enquête internationale pour faire toute la lumière sur les nombreux morts enregistrés depuis le 31 août », et le recomptage des voix dans la province du Haut Ogooué. Il considère la validation des résultats comme « un déni de droit », fustigeant « le parti-pris » de la Cour constitutionnelle.     « Président clairement élu des Gabonais, je demeure à votre côté pour défendre votre vote et votre souveraineté », a-t-il asséné.

Libreville, la capitale gabonaise est quadrillée par des forces de sécurité. Dans la crainte d’une nouvelle vague de violence après la confirmation d’Ali Bongo à la tête du pays par la Cour constitutionnelle, les Gabonais et Gabonaises se sont calfeutrés chez eux ce week-end, en attendant une éventuelle paix des braves ou une nouvelle escalade à la violence. Si la communauté  internationale déclare avoir « pris acte » de la réélection d’Ali Bongo, elle ne l’a pas félicité. Pourquoi cette ambiguïté ? Entre-temps, l’Union européenne (UE) n’a pas cessé de critiquer les travaux de la Cour constitutionnelle.

Ce qui laisse augurer la poursuite de la crise.

Noël Ndong

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