Processus électoral : le blocage persiste

Jeudi 7 Janvier 2016 - 16:55

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Faute d’obtenir un consensus autour d’un calendrier électoral réaménagé, la centrale électorale préfère s’en remettre à la classe politique qui, à son tour, semble ne pas faire des élections une priorité.

Le processus électoral en RDC est au point mort. C’est le moins qu’on puisse dire au regard du dysfonctionnement qui caractérise aujourd’hui la Céni par rapport à sa mission. Incapable de produire un calendrier électoral réaménagé pour se mettre en phase avec la donne électorale, la centrale électorale n’entrevoit l’issue que dans la tenue du dialogue censé forger un consensus politique autour des questions essentielles en rapport direct avec les élections (financement et sécurisation des élections, enrôlement des nouveaux majeurs, etc). Cet organe technique du gouvernement n’est visiblement pas prêt à assumer seul la responsabilité du blocage actuel. D’où l’option qu’elle a prise de s’en remettre aux parties prenantes afin que chacune, à son niveau, puisse jouer sa partition comme il faut conformément aux objectifs qui lui sont assignés. Ce qui est loin d’être le cas.

Le gouvernement n’arrive toujours pas à mobiliser les fonds nécessaires censés permettre à la Céni d’organiser les élections évaluées à plus d’un milliard de dollars. Au niveau du Parlement, l’on attend à ce que le verrou fixé par la loi de 2004 excluant les Congolais de l’étranger du jeu électoral soit sauté à la faveur d’une loi amendée de sorte à permettre l’enrôlement de ces compatriotes. Au-delà de ces considérations plutôt d’ordre politique, il y a des détails techniques qui continuent d’obstruer le travail de la Céni. C’est ainsi que pour se dédouaner d’une opinion de plus en plus critique envers son action, les animateurs de la Céni ont résolu d’initier une campagne d’explication auprès des leaders religieux sur les enjeux du processus électoral en RDC. Les consultations initiées à cet effet par le président de l’institution électorale Corneille Naanga ont finalement donné lieu à un état de lieux sur le processus électoral en RDC depuis les premières élections véritablement démocratiques de 2006.

Depuis ces scrutins, a fait savoir Corneille Naanga, le fichier électoral élaboré par la Céni connaît un dysfonctionnement qui s’est davantage corsé à la suite des scrutins manqués pourtant inscrits sur le chronogramme avec, à la clé, des calendriers électoraux toujours non exécutés. Après le rejet par l’opposition du calendrier global de février 2015 jugé irréaliste, la Céni tient cette fois-ci à publier un chronogramme qui soit consensuel, c’est-à-dire qui impliquerait toutes les parties prenantes (gouvernement, acteurs politiques, communauté internationale, société civile, etc.) de sorte à minimiser les éventuelles contestations. Mais vis-à-vis d’une classe politique qui ne semble pas faire des élections une priorité, la Céni est quelque peu désemparée, réduite dans l’expectative. Face aux échéances attendues en 2016, elle ne sait véritablement pas où donner de la tête même si elle certifie être en mesure d’organiser, avec un budget d’un milliard de dollars, tous les onze scrutins dans les délais.

Même si on peut lui concéder une telle performance, la réalité est que l’équation de la révision du fichier électoral avec l’enrôlement des nouveaux majeurs reste entière. Et pourtant, c’est l’un des préalables majeurs à la tenue de bonnes élections crédibles et apaisées. Par ailleurs, cette opération pose un autre problème, celui de la répartition des sièges par circonscription électorale à travers le pays au regard du récent découpage des provinces. Et par rapport au timing restant et aux impératifs qu’impose la révision du fichier électoral, la Céni se trouve devant un sérieux dilemme : faudra-t-il réviser le fichier électoral partiellement ou dans sa globalité ? D’où, pense-t-on, la nécessité de dégager un consensus au travers d’un dialogue censé mettre autour d’une table toutes les parties prenantes. Sans quoi, l’impasse actuelle persistera pour longtemps encore.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Corneille Naanga

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