Processus électoral : les dessous de la rencontre de l’île de Gorée

Mercredi 16 Décembre 2015 - 18:45

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Du 12 au 15 décembre sur l’île de Gorée au Sénégal,  des membres de la société civile et de l’opposition congolaise ont échangé avec des leaders de la sous-région sur la problématique des élections en Afrique avec un focus spécial en RDC. 

C’est depuis le16 décembre que le groupe d’opposants congolais et des membres de la société civile ayant effectué le déplacement du Sénégal ont regagné Kinshasa. Leur participation à la rencontre de l’île de Gorée du 12 au 15 décembre à l’invitation des mouvements citoyens Filimbi et Lucha aura soulevé des vagues au pays sur fond d’interprétations diverses sur les réelles mobiles de ce forum. En attendant que les participants à cette rencontre ne livrent la quintessence des pourparlers ayant émaillé leurs discussions, il nous revient que rien n’a filtré de cette rencontre tenue à huis clos. Les journalistes n’ont pas été associés à son organisation. Toutefois, des indiscrétions font état d’un rapport de trois pages intitulé « Les élections et les processus démocratiques en Afrique subsaharienne » qui aurait sanctionné ces assises avec une emphase particulière sur la situation en RDC.

Là-dessus, quelques postulats ont été posés sur le plan général et spécifique à la RDC. Concernant la modification des lois électorales devenue monnaie courante dans plusieurs États subsahariens, les participants ont noté qu’elle pose des sérieux problèmes pour la réalisation d’élections transparentes et crédibles avec, en toile de fond, des velléités de prolongation des mandats présidentiels. Pour le cas spécifique de la RDC, il a été stigmatisé notamment l’absence de volonté politique pour financer les entités de gestion du processus électoral réputées trop politisées pour assurer la transparence des scrutins. Les participants ont également dénoncé l’absence d’un cadre légal pour le financement des partis politiques tout en exhortant les acteurs politiques et ceux de la société civile à œuvrer en synergie pour la réalisation « d’un scrutin crédible ».

De ce qui est présenté comme une ébauche du rapport final, on n’y perçoit aucune considération d’ordre subversive. Mais pour le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, le groupe d’opposants et les acteurs de la société civile invités à Dakar avaient bel et bien participé à un séminaire d’endoctrinement. C’est dans cette optique qu’il faudrait intégrer le désaveu qui leur a été  infligé par le chef de l’État dans son récent discours devant le congrès qualifiant cette rencontre de « complot contre la République ». S’appuyant sur un rapport des services de renseignement, Aubin Minaku estime que les vrais objectifs de ce forum sont ailleurs. La rencontre visait, d’après lui, à réfléchir sur les meilleures voies et moyens pour un soulèvement populaire en RDC, à constituer un front anti-dialogue et à mettre sur pied des structures subversives. Portée jusqu’en plénière de l‘Assemblée nationale du 15 décembre, les députés n’ont pu se mettre d’accord sur le sort à réserver à leurs collègues ayant participé à la rencontre de Dakar, les mouvements d’un élu national garantis par la Constitution ne pouvant aucunement être restreints.

Les accusations des officiels ont été rejetées en bloc par les incriminés pour qui cette rencontre était axée sur les élections en Afrique subsaharienne. Il s’est agi d’un échange citoyen pour développer des voies et moyens en vue d’une alternance pacifique en RDC en mettant sur pied un « Front citoyen 2016 » censé jouer le rôle d’arbitre du processus électoral. Une trentaine des participants de huit pays, notamment le Burkina, le Togo, l’Angola, le Mozambique, la Namibie, le Sénégal et la RDC ont échangé durant deux jours sous forme d’ateliers. Accusées par Kinshasa de complicité à la tenue de ce forum pour avoir accueilli sur leur sol des opposants congolais, les autorités sénégalaises ont indiqué qu’elles n’avaient rien à voir avec cette « réunion privée ».

Alain Diasso

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