Réélection du Congo au Conseil des droits de l'homme : l'ambassadeur du Congo à Genève s'exprimeDimanche 2 Novembre 2014 - 10:45 Le mandat du Congo au Conseil de droits de l'homme a été renouvelé pour trois ans au cours d'un vote qui s'est déroulé le 21 octobre au siège des Nations unies à New-York. L'ambassadeur et représentant permanent du Congo auprès de l'Office des Nations unies à Genève revient pour Les Dépêches de Brazzaville sur cette réélection. Entretien. Le Congo vient d’être réélu au Conseil des droits de l’homme quelle est l’importance de ce mandat pour notre pays ? Bien que n'ayant pas le statut d'organe principal du système des nations unies, le Conseil des droits de l’homme qui relève de l'Assemblée générale, est malgré tout, l’un des organes le plus en vue au sein de ce système, après le Conseil de sécurité. En effet, depuis sa création en mars 2006, il a gagné en influence, car, en raison de l'inexistence d'un droit de véto, c’est en son sein que se développent de plus en plus les luttes d’influences entre puissances anciennes d'une part voire entre ces dernières et les puissances émergentes d'autre part. De ce fait, être élu parmi les 47 membres du Conseil des droits de l’homme offre de nombreuses opportunités. La première est de saisir les implications de la politique internationale en matière de promotion et de protection des droits de l'homme et leur impact sur les jeunes Etats comme le nôtre. La seconde est de participer à l'élaboration de nouvelles normes internationales en la matière. La troisième est de porter la voix du Congo dans cette enceinte, et d'y promouvoir nos politiques nationales. C'est donc un honneur et une chance pour le Congo que d'y être. Qu’a pu apporter au Congo son précédent mandat au sein du Conseil des droits de l’homme ? L'enrichissement résultant de l'expérience et des bonnes pratiques des autres Etats membres nous a permis de nous rendre compte de nos propres faiblesses. Nous avons par exemple appris que nous devrions renforcer les capacités de notre force publique, de la justice et des services pénitentiaires. Après les passages à l'examen périodique universel (EPU) en mai 2010 et en octobre 2013, le Congo a renforcé sa coopération avec les mécanismes du Conseil et a entrepris une vaste réforme de son système judiciaire. Des textes de lois spécifiques ont été pris pour garantir les droits des enfants, des personnes handicapées, ou des minorités et autres populations vulnérables. Le Congo s'est doté d'une loi protectrice des droits des populations autochtones. En outre, le Congo a adhéré à nombre d'instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. Grâce aux nombreux échanges au sein du Conseil, les politiques du Congo sont présentées et mieux connues. Comment s’est gagnée l’élection ? Une élection ne se gagne pas le jour où elle se fait. Certes, l’élection s’est passée le 21 octobre 2014 à New York, mais c'est en amont qu'elle s'est construite. C'est d'abord le résultat d'une politique: celle du Président de la République, et de son engagement personnel sur la scène internationale. L'annonce qu'il a faite de notre candidature ainsi que la réaffirmation de la volonté du Congo d’aller de l’avant en matière de protection et de promotion des droits de l’homme, à l'occasion du débat général de la 69ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, ont contribué à la mobilisation de nos amis et partenaires en faveur de notre élection. C'est ensuite l'accomplissement du pragmatisme de nos actes de tous les jours au sein du Conseil, depuis le début de l'exercice de notre premier mandat en 2011. C'est enfin l'aboutissement d'une campagne active menée par nos représentations diplomatiques à Genève et à New York où chaque Etat membre a été contacté ; nos engagements édités sous forme de brochure ont été distribués et commentés. Quels sont les objectifs pour le prochain mandat ? En termes d'objectifs pour les trois prochaines années, on pourrait entre autres retenir: une contribution soutenue aux travaux des différents mécanismes du Conseil, la consolidation des fondements d'une société fondée sur le respect du droit, l'accélération du processus de réformes sur les plans normatifs et institutionnels visant à renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme au Congo, la mise en œuvre effective des recommandations acceptées lors des deux examens périodiques universels (EPU) des premier et deuxième cycles, la préparation du prochain EPU qui aura lieu en 2016, l'implication de la société civile du Congo aux actions liées à la protection et à la promotion des droits de l’homme au Congo, Assurer davantage de visibilité du Congo au sein du Conseil et sur la place de Genève par des actions diversifiées. Un dernier mot ? La mission permanente du Congo à Genève devrait être mieux appuyée et soutenue par les services centraux, y compris à travers une participation plus active des délégués de la capitale aux sessions du conseil. Le Congo devrait profiter de sa présence au sein du Conseil pour présenter régulièrement les évolutions législatives administratives et pratiques enregistrées dans le cadre de la promotion et la protection des droits humains. Enfin, pour mieux préparer la jeunesse à prendre le relai, je forme le vœu de voir plus de jeunes diplomates y compris les étudiants en cycle supérieur à l’école nationale d’administration et de magistrature participer aux sessions du conseil. Propos recueillis à Genève par Rose-Marie Bouboutou Légendes et crédits photo :Luc Joseph Okio, Ambassadeur, Représentant Permanent, Mission permanente de la République du Congo auprès de l'Office des Nations Unies et des autres Organisations Internationales à Genève (©ADIAC) |