Religion : le rôle de la musique dans la déportation des Matsouanistes

Vendredi 23 Juin 2023 - 14:55

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Lors de la déportation des ancêtres de l’église Ngunza matsouaniste, la musique a été de beaucoup pour requinquer le moral des opprimés. Elle a permis d’oublier la souffrance, la douleur et toute sorte de peines endurées pendant cette épreuve difficile. En souvenir de cela, l’église de Brazzaville a organisé une journée culturelle pour montrer la place du chant et de la musique pendant la traversée de ce désert destinée à mettre fin à la religion de Matsoua.

L’église Ngunza a organisé une soirée culturelle, le 17 juin, à son quartier général de Brazzaville, sous la houlette d'Anicet Ngudi Nganga Massengo. Plusieurs chorales sont montées sur le plancher, à savoir Kimpa Vita de Brazzaville et de Pointe-Noire y compris d’autres pour appeler l’esprit des ancêtres à prendre le contrôle des lieux par le chant.

Consacrant le début des activités prévues pour la célébration de la déportation des Matsouanistes avant les indépendances, cette journée culturelle a révélé l’importance de l’instrument de musique dans cette marche vers les horizons inconnus.

« L’instrument de musique a permis aux déportés de se réjouir, d’oublier les peines et les souffrances rencontrées au quotidien. Car la musique procure la joie et symbolise un message », a indiqué l’apôtre Jean-Blaise Manounou qui rappelait que « chaque chanson a une signification, un sens et une profondeur cachée ».

Aussi, a-t-il signifié: « Nous avons également notre culte qu’on appelle le Kimoko [un culte d’action de grâce], et à cette occasion le chant annonce chaque étape de notre culte ».

De la déportation des Matsouanistes, le public devra retenir à travers cette célébration qu'ils ont longuement souffert pour que l’église atteigne le niveau actuel. Et si les fondateurs n’avaient pas bataillé fort, l’église n’existerait plus.

« C’est pour nous un grand honneur que cette façon de prier pour nos ancêtres soit pérennisée jusqu’à aujourd’hui », a confié l’apôtre Jean Blaise Manounou.

Pour les Matsouanistes, la musique et le chant sont l’un des passages possibles et cela se fait pour chacun dans un cadre collectif. Et chaque individu est en relation avec la communauté, elle-même régie par l’énergie divine qui s’exprime à travers les actions pendant le Kimoko.

Le chant, la musique comme tout symbole est destiné à unir, et il n’est pas porteur de sens, il en est le vecteur. La musique est un art immatériel, un langage spirituel, la clef solennelle de ce qui ne peut être cerné par les mots et invoquer l’incommunicable.

Pour Osdet Vadim Mvouba, député de la deuxième circonscription électorale de Bacongo, présent à cette journée culturelle, c’était un moment riche en symboles.

« Il s’agit là de célébrer la musique. Mais la musique qui a une dimension sacrée. La musique permet de véhiculer un message, de défendre une opinion; la musique permet aussi de véhiculer les valeurs d’autodétermination, de dignité,  d’émancipation », a-t-il souligné, poursuivant qu'« André Grenard Matsoua était un homme engagé, son combat avait un caractère engagé, et on est toujours passé par la musique pour finalement célébrer la dignité du peuple noir ».

Il est rentré chez lui marqué par une forte émotion car le peuple noir a quelque à proposer, une alternative.

« Si l’on s’en tient aux valeurs prônées par André Grenard Matsoua, on pourra sortir l’humanité de la barbarie planétaire et de la névrose collective », a-t-il conclu.

Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Un groupe de musique Ngunza

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