Roga-Roga : « Le concert de l’Olympia n’est pas annulé, mais reporté »

Mardi 21 Avril 2015 - 16:00

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Le patron du groupe Extra musica, Roga-Roga, a représenté musicalement son pays le Congo-Brazzaville aux trois concerts d’affilée (17, 18 et 19 avril 2015) organisé par l’artiste musicien Werrason , au grand hôtel Pullman de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC). De retour au pays, Roga-Roga a dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, parlé de ce grand événement musical ; de son produit sur le marché du disque et surtout de son concert de l’Olympia de Paris initialement prévu pour le 8 Mai 2015. Il a invité également les Congolais à cultiver les valeurs de paix et d’unité nationale.  

Dépêches de Brazzaville. Vous revenez de Kinshasa en RDC, qu’y avait-t-il dans cette ville ?

Roga-Roga. J’ai répondu à l’invitation de mon frère Werrason qui a organisé un grand événement au cours duquel, il a réuni pendant trois jours, les artistes musiciens de la trompe de JB Mpiana (vendredi 17 avril), Papa Wemba (samedi 18 avril) et votre humble serviteur que je suis (dimanche 19 avril) au grand hôtel Pullman de Kinshasa. Je le remercie infiniment de m’avoir invité, parce qu’il pouvait aussi inviter Youssou Ndour, Celine Dion… Cela veut dire qu’il a de la considération pour moi. D’où, j’ai non seulement répondu à son invitation, mais aussi satisfait les fans des orchestres Maison mère et Extra Musica de Kinshasa. JB Mpiana par exemple est un grand musicien, quand il peut répondre à l’invite de son frère Werrason, cela veut dire que l’Afrique peut aller de l’avant. Car, ce n'est que dans l’unité que l’on peut aller de l’avant. Il faut reconnaître que notre musique est menacée, et c’est dans l’unité, la symbiose que nous pouvons la remettre sur les rails. Je ne pouvais pas être absent à ce grand rendez-vous.

DB. Vous avez annoncé la tenue de votre prestation scénique dans la mythique salle de l’Olympia de Paris, le 8 Mai 2015. Où en êtes-vous ?

RR. Il ne faut pas se voiler la face. Même les Etats-Unis qui sont une grande puissance ont besoin toujours d'alliés pour aller au combat, à plus forte raison, nous qui sommes un groupe musical. Certes nous avions décidé de jouer à l’Olympia et avions fixé la date à l’époque au 8 Mai 2015. La salle a été payée déjà, mais ce qui nous bloque ce sont les sponsors qui devaient nous accompagner. Faute des sponsors, nous sommes obligés de décaler ce concert. Parce que jouer à l’Olympia, ce n’est pas jouer à Bacongo, ni à Talangaï ou à Mfilou. L’Olympia c’est une salle mythique, et lorsque vous décidez d'y jouer, c’est le pays que vous représentez en face d'un public multinational. Voilà pourquoi il faut être prêt en tout et pour tout. Il n’est pas question d’aller seulement avec Azur comme unique sponsor. Nous avons besoin d'autres. Ça peut être des sociétés, des personnalités qui s’intéressent à la bonne musique et même l’Etat, surtout qu’il s’agit d’un concert dont le thème central est l'unité des Congolais.

DB. Le concert n’est donc pas annulé ?

RR. Pas du tout ! Le concert n’est pas annulé, il est juste reporté. Nous avons présenté nos excuses à l’administration de l’Olympia. Certes nous avions payé la salle, mais nous n’avions pas tout ficelé, parce qu’il y a aussi des aspects logistiques qu’il fallait mettre au point. C’est là que devaient intervenir les sponsors. Nous sollicitons leur apport, parce que nous tenons à réussir ce concert que nous intitulons « Concert d’unité des Congolais » autour d’Extra Musica.

DB. Et pourtant ce concert qui porte sur un bon concept, subit des menaces de la part des Congolais de la diaspora appelés communément « Combattants ». Que se passe-t-il exactement et pourquoi s’opposent-ils ?

RR. Je respecte leur point de vue sinon leur idéologie d’œuvrer dans la violence, mais je pense qu’en plein 21è siècle, la violence ne devrait plus avoir sa place sur terre. Même s’il y a un problème, autant mieux s’asseoir autour d’une table et trouver des solutions pour que nous jouions ce concert d’unité des Congolais de la diaspora (France, Belgique, Allemagne, Angleterre, Espagne...). Car ces combattants sont nos frères. Quant à la raison qui les pousse à le boycotter, je ne peux rien dire parce que je n’ai pas eu le temps de les rencontrer, mais puisque je vais aller bientôt en France, on va se voir et la solution sera trouvée.

DB. Quel est le comportement de l’album « Contentieux » sur le marché du disque et combien d’exemplaires ont-ils été déjà vendus à ce jour ?

RR. L’album se comporte très bien. Les gens continuent à le savourer convenablement. Les chansons sont fredonnées par les mélomanes. C’est le cas par exemple de la chanson « Congolais tika » qui est acceptée par tout le monde. Cela nous fait réjouir. Quant aux exemplaires vendus, je ne peux te répondre avec exactitude. Parce que nous avons fabriqué 15.000 exemplaires, il y en a qui sont vendus en France, en Côte-d’Ivoire, en Angola, au Cameroun, ici au Congo… Nous ferons le point en juin prochain, avant de répondre à cette question. Ce qui est vrai, c’est que l’album marche bien.

DB. A quand les spectacles ?

RR. Nous sommes en train de nous préparer conséquemment. Nous allons commencer avec la population de Mfilou dans le septième arrondissement. Mais juste après, nous allons présenter l’album officiellement au palais des Congrès au mois de Mai. Ce n’est qu’après que nous allons descendre dans les différents arrondissements de Brazzaville, dans d’autres villes et puis à l’intérieur du pays. Par contre, le concert de Mfilou est un clin d’œil que nous allons faire aux populations de cet arrondissement dans le cadre de la journée internationale de lutte contre le paludisme. Comme nous sommes partisans des gens qui véhiculent le message au peuple, nous serions là-bas pour véhiculer ce message.

DB. Tous ceux qui s’intéressent à votre musique attendent les clips de l’album « Contentieux ». A quand leur disponibilité ?

RR. Nous sommes en train de les finaliser parce que j’ai toujours voulu valoriser l’image de mon pays. Faisant partie des gens qui doivent faire la promotion de leur pays, j’ai voulu toujours associer à mes clips l’image de mon pays le Congo. Cela fait partie de mes devoirs. Nous avons tourné des clips au Maroc, à Paris, mais nous devons tourner le maximum ici chez nous et continuerons de les tourner. Si tout va bien, avant la fin du mois de mai, la maison Ibroks, va mettre sur le marché tous les clips de l’album « Contentieux ».

DB. Comment vous sentez-vous après votre désignation comme meilleur artiste d’Afrique centrale par Canal d’Or ?  

RR. Très ému, parce que c’est moi qui détiens le prix du meilleur musicien d’Afrique centrale, et cela grâce à tous nos fanatiques. Je respecte ce prix que j’ai reçu hors du pays, parce que, dans ce contexte, je le suppose mérité. Je serai ravi davantage lorsque nous allons finir la construction du siège d’Ibroks production qui est mon label. C’est un immeuble de trois niveaux. Pour l’instant, nous avons déjà achevé les deux premiers niveaux, ainsi que le studio d’enregistrement. Il reste les salles de l'audiovisuel et les pièces administratives. C’est une structure qui va aider les artistes dans la production phonographique.

DB. Un message à tous les Congolais…

RR. Mon message est que le Congo est notre pays. Il appartient à tous les Congolais sans exclusion. Quel que soit ce qu’on pense, on doit militer pour la paix et l’unité nationale. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, j’ai inscrit ma candidature d’ambassadeur de bonne volonté de la paix auprès de l’Unesco. Je veux que règnent sans cesse la paix et l’unité nationale dans ce pays, afin qu'il puisse aller toujours de l’avant. Ce n’est pas la peine de nous entretuer, parce que même ceux qui sont aux affaires aujourd’hui partiront un jour, ceux qui viendront après partiront aussi un jour et le Congo demeurera. C’est pour cela que je demande à tous les Congolais du nord au sud et de l’est à l’ouest de cultiver les valeurs de paix et d’unité nationale.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photos 1&2 : Roga-Roga Suprême, président du groupe Extra Musica