Santé : la fausse couche, un phénomène à ne pas banaliser !Vendredi 16 Octobre 2020 - 14:06 Submergées par la douleur, la peur du regard des autres, beaucoup de femmes préfèrent enterrer sous le poids des tabous leur douleur et laisser leur enfant disparaitre derrière les murs des silences. L’épreuve de la fausse couche est certainement l’une des causes qui affecte le plus les femmes mais aussi leurs conjoints lorsque ceux-ci n’arrivent pas à faire le deuil. Témoignages.
Sujet délicat à aborder dans nos coutumes ou tout est tabou car cela rélève de la vie intime du couple et pourrait selon les coutumes apporter de nouveau la malchance d'en parler à son entourage. « Ma mère me répétait fréquemment de ne pas en parler, même pas à mes sœurs car, disait-elle, on ne connait pas le cœur de l’homme. Mais ce silence me tuait à petit feu, et mentalement je me sentais vidé, je n’étais pas bien, vu que je ne savais pas vers qui me tourner et mon mari aussi essayait tant bien que mal de faire son deuil dans son coin ». Des grossesses qui se termineraient par des fausses couches, c’est un phénomène relativement fréquent que même le corps médical, comme les proches, ont souvent tendance à banaliser. On peut donc entendre de nos proches des phrases telles que "Tu en auras un autre !", "Cela arrive à tout le monde"…. C'est pourquoi il est toujours important de vider son sac comme l’a suggéré Fidelia Sangha la trentaine qui s’est sentie apaisée après avoir consulté un psychologue « même si au départ mon mari me disait que c'était des trucs de blancs mais c’est grâce à ces séances que je me sens mieux et que notre couple a eu un second souffle. Je n'ai pas encore tenté d'avoir de nouveau un enfant parce que je voudrais avant tout faire le deuil de mon fils, et puis quand je me sens mal je vais dans sa chambre et lui parle et cela me fait un bien fou », informe Fidelia. Un choc émotionnel que l'on n'oublie pas facilement et laisse une marque indélébile puisque les larmes ne sont pas très loin lorsque les femmes racontent leur fausse couche, confie Prosperianne Peko, infirmière CSI de Kinsoudi. « Quand on est enceinte, on pense tout de suite à un bébé. Faire une fausse couche ou une grossesse extra-utérine est un évènement violent sur le mental mais aussi le physique », a indiqué la sage-femme qui pense qu’il est important de sortir la femme de l’isolement et de la mettre en confiance en la présentant des femmes qui sont passées par là, car, a ajouté l’infirmière, « la fausse couche n’est pas un drame intime, tabou et banal dont il ne faut pas parler. Au contraire il faut que la femme extériorise cette douleur, qu’elle fasse le deuil de cet enfant pour pouvoir avancer parce que si la souffrance est enfouie, refoulée, la blessure risque de se réveiller même des années plus tard et pourrait par la suite chambouler sa vie de couple ». A longuement expliqué l’infirmière. Enfin, Fidelia Sangha qui a vu les fruits de ses séances auprès d’un psychologue insiste sur l’importance de l’écoute pour accompagner les couples en deuil, mais aussi sur celle de la parole salvatrice pour aider notamment la femme à faire son deuil et lui redonner de nouveau envie de concevoir encore.
Berna Marty Légendes et crédits photo :Image illustrative Notification:Non |