Téléphonie mobile : « La qualité de services est une obligation et non une option », précise Thierry Moungalla

Lundi 9 Mars 2015 - 19:15

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Devant la mauvaise qualité des réseaux de télécommunications, depuis près de deux ans maintenant, les opérateurs de téléphonie mobile se sont engagés à améliorer la qualité de leurs services. Après un premier délai échu en décembre 2014, il ne semble pas que les choses se soient arrangées de manière significative car les plaintes des consommateurs se multiplient. La décision prise par l’Arpce et l’État de leur concéder un délai jusqu’en juin est le dernier, à en croire le ministre des Postes et Télécommunications qui évoque des sanctions administratives si les réseaux ne s’amélioraient pas à la date du 30 juin 2015. 

Les Dépêches de Brazzaville : La mauvaise qualité des réseaux persiste et les plaintes des consommateurs ne trouvent toujours pas de dénouement. Que se passe-t-il au fond monsieur le ministre ?

Thierry Moungalla : Nous avons tous le sentiment et la sensation qu’aujourd’hui les réseaux sont largement dégradés, tous opérateurs confondus d’ailleurs. Si ce n’est pas la difficulté pour avoir son correspondant au bout du fil, ce sont des problèmes de Sms, de réseaux, de coupures intempestives, et de ponction de crédit alors que vous n’avez pas passé d’appels. D’autre part, il est constaté des problèmes sur Internet, notamment l’Internet mobile. Cette somme de facteurs est d’ailleurs traitée par l’Arpce. À cet égard, nous avons tous appris, il y a quelques jours, que le régulateur avait acquis des équipements qui devraient renforcer le contrôle de la qualité des communications. Tout cela est très bien. Cela étant, ces problèmes durent depuis près de 18 mois au point où l’image des opérateurs auprès des Congolais s’est largement dégradée et que nos compatriotes doutent à présent fortement de la qualité des réseaux et de la téléphonie nationale. Dans ce contexte, il est clair que le gouvernement se doit de monter au créneau afin de s’assurer que les choses se redressent et ce, dans des délais qui soient raisonnables.

L’Arpce a justement placé ce délai pour le mois de juin 2015, après celui de décembre 2014, le temps que les opérateurs améliorent leur réseau. Pour les consommateurs, c’est un délai de trop. Qu’en pensez-vous ?

 Juin, c’est dans trois mois. Ce n’est pas si loin que ça. Pour ma part, je considère qu’il s’agira de l’ultime délai que l’État accordera aux opérateurs pour se ressaisir. Il y a un an, comme vous le savez, l’État, à travers le régulateur a infligé une amende aux deux principaux opérateurs que sont Airtel et MTN. Il s’agissait-là de l’application des dispositions de l’article 171 de la loi du 25 novembre 2009 sur les communications électroniques. Dans le cas où malheureusement les choses ne s’amélioraient pas, je serais amené, après avis du régulateur, à proposer la prise des sanctions administratives prévues par l’article 172 de la loi précitée.

Quelles sont ces sanctions ?

 Ces sanctions, je le rappelle, consistent au minimum à la suspension de la licence et peuvent aller jusqu’à son retrait pure et simple.

Comment gérerez-vous ce vide de moyens de communication si les licences venaient à être retirées ?

Non ! Il ne s’agit pas d’un retrait physique, brutal et matériel du jour au lendemain. C’est-à-dire que si nous prenons une décision le 30 juin, ça ne veut pas dire que le 1er juillet les opérateurs fermeraient. Cela veut tout simplement dire que nous prendrons l’ultime sanction administrative qui va déclencher le dernier délai qui devra amener le ou les opérateurs concernés à se ressaisir définitivement. C’est donc une sanction conservatoire. Si par exemple la licence était suspendue, on donnerait, dans le cadre de l’arrêté que je prendrais dans cette hypothèse, le temps nécessaire aux concertations entre le gouvernement et les maisons mères de ces sociétés pour que nous réglions le problème. C’est au terme de ce nouveau délai, si les choses ne s’amélioraient pas, que nous serions amenés, hélas, à confirmer cette sanction administrative.

À quoi est due réellement la perturbation des réseaux ?

 Il y a probablement toute une série de facteurs dont principalement la modernisation des réseaux. Il faut aussi, à la décharge des opérateurs, relever que parfois, dans certaines zones reculées, ils rencontrent des problèmes causés par le manque d’énergie pérenne. Ce qui peut  impacter sur le fonctionnement de leurs équipements. Tout cela nous l’admettons. Mais comme vous le savez, les opérateurs ont une obligation contractuelle contenue dans leurs cahiers de charges : il s’agit de la qualité de services et de la satisfaction des clients. La qualité de services est une obligation et non une option. Donc nous serons amenés à observer les choses froidement au terme du délai qui a été fixé par le régulateur et rappelé par moi-même à l’instant.

Les consommateurs accusent l’État et l’Arpce d’être trop cléments vis-à-vis de ces opérateurs. Comment répondez-vous à ces critiques ?

Un gouvernement, un régulateur se doivent d’être responsables. Ce sont les opérateurs qui nous permettent de communiquer à travers le territoire national. Ensuite, il faut constater d’importants investissements dans notre pays en termes d’infrastructures de télécommunications. Enfin, ces opérateurs ont créé de nombreux emplois notamment pour les plus jeunes. Donc, on ne doit pas jeter tous les acquis à la poubelle, sous prétexte qu’ils auraient momentanément des problèmes de réseaux.

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Le ministre Thierry Moungalla/adiac